La région et le département sont bien placés pour participer à la naissance de cette filière gaz, entre projets d’infrastructures et incitations à l’équipement en véhicules.
«Fabricants d’électrolyseurs, entreprises de stockage de gaz, industriels consommateurs… La région possède énormément d’atouts pour le déploiement d’une filière hydrogène », affirme Ameziane Roubache, key account manager chez Hympulsion, bras armé du projet Zero Emission Valley fondé par Michelin, Engie, le Conseil régional, la Banque des Territoires et le Crédit Agricole. « Auvergne Rhône-Alpes est très dynamique en termes de consommation d’hydrogène. L’environnement lui est favorable, y compris dans l’Ain où l’on peut envisager sa production à partir d’énergies renouvelables, où des collectivités souhaitent investir dans des transports publics propres et où des industriels cherchent à verdir leur consommation énergétique », confirme Anil Kalyanpur, chargé d’affaires chez Storengy. L’un et l’autre intervenaient le 21 janvier, lors d’un webinaire organisé par la CCI de l’Ain, sur les opportunités offertes aux entreprises locales, par l’hydrogène renouvelable.
Territoire d’innovation
Storengy, qui exploite à Étrez, depuis 40 ans, le plus important site de stockage de gaz naturel en cavités salines d’Europe, équivalent à la consommation de 11 millions de personnes, expérimente depuis quelques mois, le stockage d’hydrogène. « Ce serait une première en France, alors qu’il existe très peu de projets dans le monde, essentiellement en Grande Bretagne et aux États-Unis. Outre le stockage, l’idée serait de développer tout un écosystème, de compléter la chaîne de valeur entre la production d’hydrogène décarboné et sa consommation finale, d’avoir un projet pilote que nous pourrions répliquer en Europe. À cette fin, nous travaillons avec des partenaires français, britanniques et allemands. Nous avons répondu à un appel à projets européen. Et nous avons obtenu 5 M€ de subventions pour un projet de 13,2 M€. Nous envisageons de produire de l’hydrogène à partir d’énergies renouvelables pour le stocker en cavité saline. Des camions transporteraient ensuite ce gaz sous une pression de 300 bars, pour alimenter les clients finaux, en utilisation industrielle ou pour la mobilité. Nous pensons passer commandes des matériels à partir du 3e ou du 4e trimestre de cette année, lancer les appels d’offres en 2022 et passer en production en 2023. »
Hympulsion, pour sa part, bénéficie de 10,1 M€ de financements pour déployer dans le cadre du projet Zero Emission Valley, 20 stations à hydrogène d’ici à la fin 2023. Proches des corridors autoroutiers, elles doivent permettre de traverser la région, en trouvant des solutions de ravitaillement à proximité. L’une est déjà opérationnelle à Chambéry. Cinq autres doivent être déployées fin 2021- début 2022, dont trois seront équipées d’électrolyseurs. « Nous sommes un peu confrontés au problème de savoir qui de l’oeuf ou de la poule est apparu en premier, s’il faut développer en premier les stations ou les flottes de véhicules. Nous avons besoin des deux, bien sûr, remarque Ameziane Roubache. C’est pourquoi des accompagnements sont proposés aux entreprises qui souhaitent investir dans la mobilité hydrogène. Et ces clients pionniers sont invités à signer notre lettre d’intention, pour nous permettre de quantifier la demande. »
L’œuf et la poule
Dans le cadre de son plan de relance, la France a mis 7 milliards d’euros pour développer une filière hydrogène, avec des fonds pour développer à la fois les infrastructures et les flottes de véhicules. Pour faciliter le déploiement de ces derniers, les surcoûts à l’achat sont pris en charge à hauteur de 35 à 45 %.
Offre et demande
Selon Nazim Laggoune, consultant hydrogène du cabinet grenoblois Enerka, plus la production sera importante, plus le coût du gaz sera faible. D’où la nécessité de développer une flotte de mobilité conséquente.
Par Sébastien Jacquart

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