Pas de triomphe sans gloire

par | 08 octobre 2015

Rappelez-vous. Au cours des semaines passées, dans ces pages, je vous ai parlé d’un gouvernement incapable d’opter pour une politique d’accueil des réfugiés, malgré son positionnement de gauche, avant que le peuple ne l’y oblige. D’un gouvernement qui n’arrive pas à choisir entre une économie encadrée avec sa liste d’obligations et de professions réglementées, et une économie de marché où priment la concurrence débridée et la rentabilité. Un gouvernement souvent paralysé à l’idée de prendre une décision qui ne ferait pas l’unanimité, chose pourtant bien rare en politique.

C’est donc sans surprise que nos ministres ont, une fois encore, fait le choix de l’eau tiède au moment d’établir le prévisionnel budgétaire du pays, avec un projet de loi de finances 2016 qui ne se positionne ni en faveur de la relance, ni réellement sur le chemin de la rigueur.

Dans le détail, le PLF2016 prévoit différentes coupes franches dans les dépenses publiques, censées ramener le déficit de la France à 3,3% du PIB et « seulement » 72 milliards d’euros (contre 74 en 2015). Une prévision qui ne fait donc pas état d’une rigueur extrême de la part du gouvernement, puisque celui-ci continuera à vivre largement au dessus de ses moyens et restera encore au delà des seuils maximum d’endettement imposés par l’Europe. Pour autant, malgré une baisse annoncée de l’impôt sur le revenu pour les classes moyennes, l’Etat ne semble toujours pas disposé à jouer véritablement le jeu de la croissance, à en croire la baisse de dotations aux collectivités qui pèsera lourdement sur les investissements, la révision de certaines prestations sociales et aides à la pierre qui grèvera le revenu de certains ménages, et bien sûr le report des allègements de charges promis aux entreprises qui pénalisera l’embauche. Le gouvernement base pourtant ce budget sur une prévision de croissance de 1,5% obtenu grâce à la reprise de la consommation des ménages et à un investissement soutenu de la part des professionnels. Un résultat pour le moins hypothétique…

Sachant que ce budget 2016 sera le dernier du mandat en cours de François Hollande, celui-ci aurait sans doute mérité une prise de risque plus importante pour espérer, sur le fil, terminer sur un bilan positif. Mais à toujours vouloir ménager la chèvre et le chou, à refuser tout engagement, le président et ses ministres ne peuvent que continuer à perdre des électeurs, lassés de la politique électoraliste qui domine depuis de nombreuses années en France et empêche le pays de retrouver une gouvernance moderne, une ambition, et une direction. La gauche qui pense et qui s’engage serait-elle le seul apanage de l’intègre Martine Aubry qui semble vouloir s’imposer comme la gardienne du Temple, ou encore du fougueux Emmanuel Macron, tout prêt à rompre avec le dogme pour s’engager fièrement sur la voie du social (très) libéral ? Ce nouveau projet de loi de finances tend en tout cas à rester aussi éloigné des idées de l’un que de l’autre.

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