Patrick Richiero (CPME 73) : «optimiste mais inquiet pour le recrutement»

par | 01 février 2019


Pour le président de la CPME Savoie les perspectives économiques sont plutôt bonnes. Problème : les entreprises peinent à trouver les compétences pour y faire face.

Cette interview est un complément au zoom sur la rentrée sociale
paru dans Eco Savoie Mont Blanc 25 janvier 2019
et accessible dans notre liseuse en ligne.

Quel bilan tirez-vous de 2018 ?

Les entreprises ont regarni leurs carnets de commandes. Le taux chômage est retombé en dessous de 7% (NDLR : 6,7% en Savoie et 6,6% en Haute-Savoie au troisième trimestre 2018 selon l’Insee). Mais les prix demeurent bas et il y a encore beaucoup de retards de paiement – et je ne parle pas que du BTP. Du coup même les entreprises qui tournent bien sont pénalisées.

Et quelles perspectives pour 2019 ?

Je suis plutôt optimiste. Les tensions internationales, tant que ce ne sont pas des crises graves, ont peu d’influence. Même ce qui se passe en Italie au niveau politique n’a que peu d’impact sur nos relations économiques. J’espère que la situation intérieure va se calmer. Au niveau des entreprises, les trésoreries restent fragiles mais l’activité est bonne. De plus, nous sommes en année pré-élections municipales, ce qui a traditionnellement un effet dynamisant pour l’économie. Mais du coup le problème va être le recrutement.

Pourquoi ?

Beaucoup de chefs d’entreprise sont inquiets car ils ne parviennent pas à recruter. Il faut revoir la technicité des apprentissages : ce que les jeunes apprennent à l’école ne correspond plus aux besoins des entreprises. Le savoir-être aussi pose problème car tous les cadres ont disparu ou profondément évolué : la famille, l’école, l’armée… Au final, la relation au travail est différente et c’est compliqué à gérer.

Que faudrait-il faire ?

En Savoie, la CCI et la CPME aident les entreprises à mieux utiliser les dispositifs de recrutement, qui ont bien évolué. A la fois au niveau de la sélection des bons profils et dans la manière de se présenter pour séduire davantage les jeunes. Plus globalement, je pense qu’il faut davantage favoriser l’apprentissage, qui ne séduit que 7% des jeunes en France contre 15% en Allemagne et près de 70% en Suisse. J’espère que la loi pour la Liberté de choisir son avenir professionnel, qui vient d’entrer en vigueur, va y contribuer.

Que pensez-vous du mouvement des Gilets jaunes ?

Au fil du temps, le mouvement devient moins lisible. Du refus du matraquage fiscal via la hausse du carburant – sur lequel tout le monde est d’accord ! – on en arrive à un ras-le-bol général moins compréhensible. Il y a un vrai malaise social et un rejet de l’Etat. Mais il faut rappeler que le premier outil d’expression c’est le bulletin de vote.

Patrick Richiero est président de la CPME 73 et de la Fédération BTP Savoie – FFB.

Il y a des répercussions dans les entreprises ?

Non. Cela n’affecte pas les relations sociales. Mais il faut dire que chez les dirigeants comme chez les salariés tout le monde n’a pas la même vision de ce mouvement, qui est très atypique.

Les mesures annoncées en décembre vous semblent-elles positives ?

En ce qui concerne la prime exceptionnelle, l’idée de base est plutôt bonne mais les modalités d’application freinent parfois les dirigeants. Par exemple, certains ne veulent pas d’une prime identique pour tout le monde et auraient préféré des modulations individuelles mais le texte ne le permet pas.

Que pensez-vous du Grand débat ?

C’est une bonne initiative car on sent un besoin d’expression dans la population, porté par les Gilets jaunes. Je mets tout même en garde : il va y avoir beaucoup de revendications et, à la fin, il y aura forcément des déçus, car l’Etat providence à ses limites.

La CPME va participer ?

L’opération me semble plutôt tournée vers le grand public. Je ne sais pas encore dans quelle mesure la CPME 73 va y prendre part. Mais nous n’avons pas attendu le Grand débat pour échanger avec les autres partenaires sociaux et les pouvoirs publics ni pour faire avancer nos propositions en matière économique, comme par exemple la défiscalisation des heures supplémentaires.

Des vœux à souhaiter ?

Sérénité et fraternité ! Que la France retrouve ses esprits. Nous avons des atouts, des entreprises dynamiques, des services publics de qualité. N’oublions pas ce qui va bien !


Crédit photos : DR.

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