Pierre Pelouzet: «Retrouver l'intelligence économique»

par | 31 janvier 2014

Comment retrouver un équilibre dans les relations entre donneurs d’ordres et sous-traitants ?

Les 22 et 23 janvier derniers, La Cité des entreprises de Lyon accueillait les deuxièmes rencontres nationales de la sous-traitance. L’occasion de faire le point sur les relations inter-entreprises avec le spécialiste de la question, Pierre Pelouzet, médiateur de la sous-traitance auprès du ministère du Redressement productif. Il revient sur l’absolue nécessité d’une bonne entente et d’une réelle réciprocité.

Vous êtes médiateur de la sous-traitance depuis un an, quel premier bilan pouvez-vous retirer de cette année écoulée ?
L’année 2013 a connu 50% de médiation de plus qu’en 2012, ce qui traduit deux phénomènes : les relations inter-entreprises ne se sont pas améliorées et les sociétés commencent à mieux connaître le dispositif qui apporte une issue positive dans 80% des cas. La médiation collective monte en puissance. Traditionnellement, le médiateur est saisi par une TPE ou une PME, lorsqu’elle rencontre des difficultés avec des donneurs d’ordres. Aujourd’hui, certaines se regroupent et des fédérations, des associations nous saisissent collectivement. En revanche, beaucoup d’entreprises aujourd’hui craignent encore de faire le pas, en se demandant si la médiation ne va pas conduire à se fâcher avec un client, notamment. Ce à quoi l’on oppose que dans 70% des cas, on a plus de business après la médiation.

Quels sont les principaux motifs de saisine?
Les retards de paiements tout d’abord, cela reste un vrai problème. Et là, on comprend bien tout l’intérêt de la médiation, lorsque l’on sait que les retards de paiements sont à l’origine de 25% des faillites d’entreprises… L’impact est direct ! Tout comme les ruptures brutales de contrats : l’effet crise fait que l’on n’hésite pas à arrêter un contrat en cours d’année… On voit également des sujets liés aux variations des prix des matières premières. Sans oublier le racket au CICE ! Certains grands groupes se sont permis d’écrire à leurs fournisseurs, en leur réclamant des remises, prévoyant que celles-ci bénéficiant du CICE. Cela prenait en général la forme d’une phrase de type : « Le gouvernement vient de mettre en place le CICE, voici comment il se calcule, nous vous demandons ainsi une réduction de 2% sur les tarifs en vigueur ». Parmi les secteurs d’activité, l’industrie traditionnelle et l’aéronautique sont plutôt bons élèves, même s’il arrive d’avoir des médiations dans ces domaines là. Dans la grande distribution et l’automobile, les choses bougent plus lentement.

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