Pisciculture : première pêche de la saison pour la Dombes

par | 26 septembre 2024

Le pays aux mille étangs a organisé l’événement pour remercier le Conseil départemental et la Région de leur soutien.

« L’an passé la situation était catastrophique. Nous avons perdu à cause de la sécheresse environ 70 % de la surface de production. L’année a donc été très compliquée car nous n’avions pas d’eau. Les poissons mourraient d’asphyxie. Et ces complications s’étalent sur deux ans, puisque cette année, nous n’avions pas de poissons à remettre dans nos étangs. Nous avons pu bénéficier du soutien de la Région pour le réempoissonnage à hauteur de 250 000 €. C’est extrêmement important pour relancer la filière et qu’elle ne s’arrête pas. L’aide du Département, de 250 000 € également, a permis de stabiliser les collecteurs qui n’avaient pas de poissons à acheter, donc pas de poissons à vendre », explique Pierre de La Rocca, président de l’Apped (Association de promotion du poisson des étangs de la Dombes), le 19 septembre, à l’occasion de la première pêche de la saison, à l’étang de la Tuile à Marlieux.

Celle-ci était organisée par la maison de la pisciculture et ses trois associations, l’Apped, le syndicat des étangs et l’Adapra (l’Association pour le développement de l’aquaculture et de la pêche professionnelle en Auvergne-Rhône-Alpes), pour remercier les élus du Département et de la Région de leur soutien.

Après ces difficultés, le président de l’Apped espère que les pisciculteurs pourront retrouver les volumes classiques auxquels ils sont habitués, soit environ 1 000 tonnes pour l’ensemble de la Dombes.

« Ce sera difficile pour cette saison car nous avions peu de poissons pour réempoissonner, mais la météo nous a été relativement favorable, avec peu de chaleur pendant l’été. Aussi, nous espérons atteindre au moins les 800 tonnes et retrouver 1 000 à 1 200 tonnes en 2025. »

Un territoire d’expérimentation

Pour faire face au changement climatique, les pisciculteurs ne restent pas inactifs et expérimentent de nombreux procédés.

« Nous testons de nouvelles techniques comme la pêche en pleine eau. On s’adapte également aux conditions climatiques avec des aérateurs autonomes solaires, mais aussi avec de nouvelles espèces, comme les crevettes dans les bassins d’élevage (lire ci-dessous), ou d’autres types de poissons, comme le black-bass, un carnassier que nous n’élevions pas avant. La Dombes est très en avance sur ces points par rapport aux autres régions. Cette production est très singulière, locale, avec un poisson d’une extrême qualité, le tout dans des sites assez exceptionnels. Donc dès qu’il est possible de relancer la production ou d’en faire sa promotion, il faut le faire », conclut-il.

Les poissons sont triés directement au bord de l'étang.
Les poissons sont triés directement au bord de l’étang.

Le Département a voté un soutien de 800 000 € à la pisciculture, dans le cadre du livre blanc de la filière. En place depuis 13 ans, ce dernier aide à la remise en exploitation d’étangs qui ne l’étaient plus, à restaurer des ouvrages et à entretenir l’ensemble. Il sert également à l’expérimentation pour permettre aux pisciculteurs de se renouveler et de faire face aux défis qu’ils rencontrent, mais aussi à promouvoir le poisson de Dombes et défendre cette production locale.

Succès pour les crevettes dombistes

Pour les crevettes dombistes, l’heure de la pêche est venue. La température de l’eau a chuté à 15,6° et l’espèce ne survit pas dans une eau à moins de 14°. La machrobrachium rosenbergii a été implantée cette année dans quelques bassins de la Dombes pour réaliser un test et les résultats sont prometteurs.

« Nous avons pêché ce 17 septembre, 44 kg de crevettes. Leur poids définitif était de 31 grammes en moyenne, contre 0,5 gr lors de la mise en bassin. Nous nous attendions à ce qu’elles soient moins grosses et s’approchent plutôt de 20-25 grammes. C’était parfait pour un premier essai », se réjouit Samuel Convert, technicien aquacole pour la SCEA du Charpenet, implantée au Montellier.

Machrobrachium rosenbergii © Éric Zanetti

Élus comme restaurateurs étaient présents et ont pu profiter d’une dégustation. « Tout le monde était emballé et les restaurateurs étaient fortement intéressés, précise-t-il. Nous espérons avoir des autorisations de production pour les années à venir. Si nous produisons des crevettes en 2025, nous devrions essayer d’en vendre aux restaurateurs locaux, mais également aux particuliers sur la chaussée. »


Joséphine Jossermoz

2 Commentaires

  1. Magnifixcarp

    C’est encourageant de voir les efforts déployés par les pisciculteurs de la Dombes pour surmonter les défis liés au changement climatique et à la sécheresse. L’innovation, notamment avec l’introduction de nouvelles espèces comme les crevettes et le black-bass, montre que la filière ne cesse de s’adapter pour se renouveler. L’implication des autorités locales est cruciale, et les aides financières permettent non seulement de maintenir la production, mais aussi de protéger ce patrimoine local unique. La première pêche de crevettes semble très prometteuse, un bel exemple de réussite dans l’aquaculture régionale !

    Réponse
  2. Thomas Iglésis

    Merci au conseiller régional de l’Ain Maxime Meyer d’avoir secoué le cocotier. Son soutien à la filière et sa passion pour notre territoire sont essentiels.

    Réponse

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