Pollution de l’air : peut mieux faire…

par | 27 juin 2025

Le rapport d’activité 2024 de l’observatoire de la qualité de l’air en Auvergne-Rhône-Alpes, Atmo, a été publié le 19 juin. Mitigé, il brosse un bilan avec mention « peut mieux faire »…

L’adoption imminente d’une directive européenne plus contraignante sur la qualité de l’air va abaisser les seuils réglementaires pour les polluants clés tels que les particules fines (PM 2,5) et le dioxyde d’azote (NO2). Ce nouveau cap législatif à lui seul traduit une appréhension peu concluante du phénomène de pollution atmosphérique qui n’épargne pas la région Aura, même si, selon l’observatoire Atmo, la situation s’y est améliorée au cours des vingt dernières années.

Les résultats sont donc meilleurs, y compris pour le dioxyde d’azote, polluant essentiellement émis par les véhicules : les habitants les plus exposés sont concentrés essentiellement dans l’agglomération lyonnaise et sur les grands axes routiers. Quant à l’ozone, produit par les activités industrielles, agricoles et résidentielles notamment, il reste difficile à contenir. Ce gaz demeure trop concentré dans l’atmosphère en été, non seulement pour la santé de l’homme mais aussi pour les végétaux.

Ce phénomène semble n’épargner ni les agglomérations, ni les zones plus rurales, d’après le rapport annuel 2024, qui stipule, en outre, que la baisse des niveaux de pollution atmosphérique montre des signes d’essoufflement. Les valeurs recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sont encore dépassées sur l’ensemble de la région Aura.

De futures normes plus strictes

C’est donc dans ce contexte que le cadre réglementaire se durcit devant un défi sanitaire qui concerne encore près d’un habitant sur deux, exposé à des niveaux supérieurs aux recommandations de l’OMS. La nouvelle directive européenne sur la qualité de l’air ambiant, parue en novembre 2024, est en cours de transposition en droit français. Elle prévoit une baisse significative des seuils actuels. Elle s’appliquera de manière progressive, par paliers d’ici fin 2026, suivis d’ajustements jusqu’au 1er janvier 2030.

Entre-temps, l’année 2027 marquera une étape test pour les valeurs limites de l’OMS. Cette nouvelle donne fixe un cadre plus restrictif : à situation identique, les marqueurs vont se détériorer en l’absence de mesures plus drastiques mises en oeuvre par les territoires. Depuis le début de 2025, plus d’une vingtaine de journées en épisode de pollution ont été observées en Aura.

Le ralentissement de la baisse des polluants depuis 2019

Le bilan 2024 confirme une amélioration globale de la qualité de l’air en Auvergne-Rhône-Alpes, en partie grâce à des conditions météorologiques plutôt favorables ayant limité la formation et l’accumulation des polluants. La tendance à la baisse des concentrations de dioxyde d’azote (NO₂) et de particules (PM10 et PM2,5) se poursuit sur le long terme, mais cette diminution ralentit depuis 2019.

Dans les zones alpines, les conditions météorologiques et la configuration du relief jouent un rôle particulier. Le dioxyde d’azote (NO₂) reste problématique dans les secteurs très exposés, principalement en raison du trafic routier, notamment à proximité des grands axes. Malgré une baisse continue et le respect des normes réglementaires dans les stations de mesure, près de la moitié des habitants de la région restent exposés à des niveaux de NO₂ supérieurs aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. Dans les vallées alpines, la topographie en « cuvette » peut piéger les polluants, ce qui accentue localement les concentrations, même si les conditions de dispersion de l’année 2024 ont été plutôt favorables.

L’ozone (O₃) constitue un autre point de vigilance pour la région. Ce polluant secondaire se forme par réaction chimique entre d’autres substances sous l’effet du soleil et de la chaleur. Il atteint des concentrations élevées en été, provoquant des dépassements des valeurs cibles fixées pour protéger la santé humaine et la végétation. L’ozone affecte aussi bien les zones urbaines que les zones rurales, y compris les vallées alpines, où l’ensoleillement est important.

Concernant les particules fines (PM10 et PM2,5), les niveaux ont nettement baissé au cours des quinze dernières années, mais cette tendance s’est interrompue depuis 2019. Si les seuils réglementaires sont aujourd’hui respectés dans l’ensemble de la région, la quasi-totalité de la population reste exposée à des niveaux de PM2,5 supérieurs aux recommandations de l’OMS. Le chauffage domestique au bois, très répandu dans les zones de montagne, demeure l’une des principales sources d’émissions de particules.

Surveillance accrue des polluants émergents

Pour inverser cette tendance et atteindre les objectifs fixés par la nouvelle directive européenne sur la qualité de l’air, des actions ciblées s’imposent. Les principales sources à maîtriser sont identifiées : le trafic routier et le chauffage domestique (principalement au bois) pour les oxydes d’azote (NOx) et les particules. En milieu montagnard, cela suppose une révision des modes de mobilité et une amélioration de la performance énergétique des bâtiments.

Pour l’ozone (O₃), il est essentiel d’agir sur ses polluants précurseurs, en particulier les composés organiques volatils (COV) et les oxydes d’azote (NOx), issus notamment de l’industrie, de l’agriculture et du secteur résidentiel.

Parallèlement, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes poursuit la surveillance de nouveaux polluants non encore réglementés, mais dont les effets sur la santé sont préoccupants. Cela concerne notamment les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), certains pesticides, le potentiel oxydant et divers composés organiques volatils. L’objectif est de disposer de données fiables pour éclairer les futures décisions politiques et réglementaires.


Leïla Oufkir et Groupe Ecomedia, avec ATMO

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