Comme toujours en France, lorsque lāon veut simplifier le sacro-saint carcan administratif, on y laisse des plumes. Cāest presque une loi dans notre paysĀ : tout doit ĆŖtre compliquĆ©. Prenez la retraite, par exemple. Le systĆØme devrait ĆŖtre tout simple, on cotise, on vieillit, on touche une pension et basta. Mais chez nous, comme dans une poignĆ©e de pays (Allemagne, CorĆ©e du Sud et Belgique), on fait dans la dentelle administrative, on distingue, on diffĆ©rencie, on sĆ©pare, on clive. LāOCDE sāest (une nouvelle fois) penchĆ©e sur la question.
LāOrganisation de coopĆ©ration et de dĆ©veloppement Ć©conomiques plaide en effet pour un alignement des rĆ©gimes public et privĆ©. Une convergence qui permettrait davantage dāĆ©quitĆ© pour tous, et de dĆ©gager quelques prĆ©cieuses Ć©conomies pour les Etats concernĆ©s, tout en ouvrant le champ des possibles en termes de carriĆØres. Oui mais voilĆ Ā : quelle est la faisabilitĆ© dāune telle idĆ©eĀ ? Jāimagine dĆ©jĆ un Gouvernement franƧais ā de droite ou de gauche, pas de distinguo ā se risquer dans pareille mesure. Mais Ƨa serait la guerre civile dans le paysĀ ! Les fonctionnaires fustigeraient un Etat injuste. VoilĆ qui relancerait le vieux dĆ©bat public-privĆ©, les premiers reprochant aux seconds de bĆ©nĆ©ficier de salaires plus Ć©levĆ©s, les seconds fantasmant sur les avantages Ć©hontĆ©s des premiersā¦
Mais une telle mesure serait-elle seulement souhaitableĀ ? LāOCDE, comme, peut-ĆŖtre, le bon sens, plaident pour une rĆ©ponse affirmative. La Cour des comptes serait (beaucoup) plus nuancĆ©e, affirmant que celle-ci ne serait pas pourvoyeuse dāĆ©conomies rĆ©elles avant deux dĆ©cennies.
Cet exemple illustre dāune faƧon parfaite la maniĆØre dont, en France, on sāattache Ć faire compliquĆ©. Une autre illustration : le prĆ©lĆØvement Ć la source de lāimpĆ“t sur le revenu. Le dispositif, adoptĆ© en novembre, fait dĆ©bat. Les responsables en ressources humaines de plusieurs entreprises sont dāores et dĆ©jĆ montĆ©s au crĆ©neau et fustigent la mesure, arguant quāils vont devenir les premiers interlocuteurs des salariĆ©s en mal dāinformations, en lieu et place du fisc. Sans oublier les Ć©ventuelles suspicions autour de lāutilisation des donnĆ©es perƧues par les employeurs, nourries de guerres entre salariat et patronat depuis (trop) longtemps. Mais heureusement, Bercy a prĆ©vu des garde-fous, des exceptions Ć la rĆØgle (paiement direct ou taux individualisĆ©).
Mais quelle perte de temps, dāargent et peut-ĆŖtre mĆŖme, de confiance, ce genre de rĆ©forme peut-elle induireĀ ! Le lĆ©gislateur a-t-il seulement imaginĆ© le dirigeant dāune TPE, voire PME, qui gĆØre lui-mĆŖme ses RH en interne, et qui devra sāĆ©chiner Ć trouver les bonnes formules de calculĀ ? Car si dāautres pays europĆ©ens utilisent dĆ©jĆ depuis longtemps le prĆ©lĆØvement Ć la source, ils pratiquent trĆØs certainement un mode de calcul plus simple⦠Sachez enfin quāen cas dāerreur, lāemployeur est bien Ć©videmment tenu responsable devant le salariĆ© et la justice. De quoi encourager encore lāentrepreneuriatĀ !
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