Prospective / Les Millenials et la montagne : vers un retour aux sources ?

par | 12 janvier 2018

Étudiants en master 1 ou 2 du département Tourisme, hôtellerie et événementiel (Citheme) à l’IAE Universite Savoie Mont Blanc, ces millenials rêvent, pour demain, d’une montagne authentique, porteuse de valeurs… échanges.

On aurait pu s’attendre à ce qu’ils rêvent d’une montagne ultra-connectée, où le digital règne en maître, d’une montagne couverte de neige en hiver coûte que coûte, quelle que soit la météo, de stations équipées de grands centres ludiques, de modernité… et bien non.

Erwan, 24 ans, Tasyana, 21 ans, Tiphaine, 22 ans, Anthony, 26 ans et Marie, 24 ans sont beaucoup plus conventionnels et n’imaginent pas ainsi leur montagne de demain. Ces étudiants en master 1 ou 2 du Département tourisme, hôtellerie et du management des événements (Citheme) à l’IAE-Université Savoie Mont Blanc la veulent au contraire authentique, soucieuse de son environnement, porteuse de valeurs, de rencontres… Pour eux, il faut la (re) penser autrement.

« Les millennials oscillent entre un attachement très fort à des valeurs intemporelles et une furieuse envie de façonner le monde de demain à leur image. »

Une des conclusions de l’enquête réalisée par BVA en association avec l’agence La Chose auprès de 2 114 jeunes, âgés de 18 à 30 ans, en mai 2017.

Besoin d’authentique

« Je crois en l’ancrage territorial, au fait de nous faire vivre la montagne comme les locaux la vivent, d’ancrer les touristes dans la destination », explique Tiphaine, approuvée en cela par Tasyana. « Il faut vraiment jouer cette carte. » Marie, également monitrice de ski à Val Thorens comme son père et son grand-père, abonde dans le même sens : « les touristes veulent venir à la montagne pour vivre une expérience, retrouver des racines, de l’authentique. Il faut développer davantage les échanges avec les habitants ».

« Avant, on venait à la montagne uniquement pour faire du ski », complète Erwan. « Aujourd’hui, on vient aussi pour chercher et voir autre chose. L’offre bouge d’elle-même. Nous, on est né avec le monde et le smartphone dans notre poche. On est insatiable, on a besoin de diversité… »

Avec supplément d’âme

De diversité certes mais avec un vrai “supplément d’âme” et du contact humain. Côté hébergement d’ailleurs, c’est clair : ils le veulent authentique, convivial et souhaitent se sentir comme chez eux. Pour eux, l’hôtel doit par exemple devenir un lieu de vie à l’image de Jo&Jo, le concept d’AccorHotels destiné aux millennials qu’ils ont testé en avant-première, à Hossegor.

Ce mix entre hôtellerie, auberge de jeunesse et location privée se positionne aussi comme un lieu de rencontres et de partage entre voyageurs et habitants. La valeur ajoutée n’est plus dans l’hébergement proprement dit mais dans ce petit plus qui apporte de la chaleur, de l’émotion positive. Dans l’aspect collaboratif aussi. Il y a incontestablement là un véritable enjeu pour demain.

Penser le ski autrement

Mais quid du ski ? « J’ai peur que la pratique devienne élitiste en raison du manque de neige », reconnaît Tiphaine. D’où une nécessaire diversification des activités pour « une expérience de la montagne qui ne passe pas forcément par la glisse ». Voire le développement d’un tourisme qui, en cours de séjour, descend aussi vers les vallées.

Pour Marie, qui relève la montée en puissance du ski de randonnée en phase avec le besoin de nature et d’efforts physiques, « il faut penser la pratique du ski autrement, parvenir notamment à réguler les flux en période d’affluence pour préserver la sécurité ». Quelques pistes sont évoquées comme la vente de forfaits à géométrie variable pour mieux dispatcher le trafic ou le paiement au nombre de pistes descendues… mais aussi le digital, « avec par exemple des informations en temps réel sur le domaine skiable sur son smartphone et des suggestions faites par un algorithme pour dispatcher au mieux le flux de visiteurs », ajoute Erwan.

Vendre globalement le territoire

Quant à la promotion du territoire, il faut, pour eux, raisonner global « promouvoir un territoire avec une identité qui soit moteur et ne plus vendre une destination station par station », relève Anthony, en phase avec la loi NOTRe. Une entité moteur, à l’image de Savoie Mont Blanc, qui soit leader et que chaque station (tous les acteurs réunis) fasse ensuite valoir ses atouts, ses spécificités pour que les touristes puissent choisir en fonction de leurs envies, qu’elle valorise aussi ses démarches en matière d’écologie pour en faire un vrai marketing.

Et dans ce cadre, indispensable pour eux de responsabiliser, en amont de leur séjour, les vacanciers aux pratiques responsables en montagne à l’image de ce que fait l’Islande par exemple.

Interview de Béatrice Galey, Directrice du Citheme, Centre International du Tourisme de l’Hôtellerie et du Management des Evénements

Qu’est-ce qui caractérise les formations tourisme à l’IAE Savoie Mont Blanc ?

Ces formations initiale et continue (niveaux licence et master) disposent d’une expertise reconnue dans l’enseignement du management du tourisme à travers le département Citheme. Elles se structurent autour de trois spécialités : “management du tourisme”, “management de l’hôtellerie” et “management et ingénierie des événements”, en phase avec les besoins du territoire et des professionnels. Elles sont fortement internationalisées : elles bénéficient de nombreux partenariats avec des universités étrangères et représentent ainsi 20 % des mobilités entrantes à l’Université Savoie Mont Blanc dans le cadre des accords internationaux. Le secteur du tourisme en montagne évolue rapidement.

Comment répondez-vous aux nouvelles attentes des professionnels ?

Le Citheme a par exemple créé une nouvelle licence professionnelle “métiers du tourisme et des loisirs – conception, commercialisation et management de l’offre touristique de montagne” en septembre 2017. Cette licence forme des jeunes aux métiers de la commercialisation et de la communication d’offre touristique et de loisirs en montagne. Elle s’appuie sur les compétences et l’expérience de son territoire pour insuffler un état d’esprit et des savoir-faire opérationnels essentiels. Le département consolide aussi ses formations en “maillant” de manière croissante la pédagogie aux acteurs locaux. Ces derniers sont très souvent impliqués dans les missions confiées aux étudiants. Nous misons également sur l’internationalisation en proposant de nouveaux parcours en anglais, en partie à l’étranger.


Hélène Vermare


Source

Ce dossier est issu de notre hors-série Panorama des domaines skiables 2017-2018 :

1 Commentaire

  1. contact@alexandre-gros.com

    Bonjour et merci pour cet article ! Dans cette mouvance du retour aux sources, je me permets de partager avec vous l’initiative récente d’une nouvelle marque savoyarde créée en décembre (Nature Explora) et qui s’inscrit parfaitement dans cette dynamique de partage, d’échange. Peut-être l’objet d’un prochain article ou d’une interview à venir. Voici le lien vers le communiqué de presse : https://goo.gl/R5BzQy
    Bonne journée !

    Réponse

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