Qualité de l’air : de nouvelles cibles apparaissent

par | 09 juin 2020

La qualité de l’air s’améliore progressivement dans l’Ain et les pays de Savoie, assure le comité territorial d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes en présentant le bilan 2019 de la qualité de l’air. Mais il reste du travail, comme le montrent les analyses menées pendant le confinement.

C’est confirmé : les deux principales causes de pollution de l’air restent les transports et le chauffage domestique. Du 17 mars au 11 mai il n’y avait quasiment plus de transport, et les concentrations en dioxyde d’azote ont chuté, du jour au lendemain, de 50 à 70 %, atteignant des niveaux de zones rurales. Depuis, la pollution repart à la hausse, sans atteindre toutefois les niveaux des mois de mai et juin précédents. En revanche, il y avait toujours du chauffage, et les taux de particules fines, notamment inférieures à 2,5 microns, n’ont pas baissé, voire ont augmenté pendant la période.

Des résultats sans surprise pour les techniciens d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, qui attendent maintenant les résultats des analyses faites pendant cette période pour d’autres enseignements. Atmo Auvergne Rhône-Alpes a été auditionné en tant qu’expert par Santé publique France et l’office parlementaire des choix scientifiques et techniques sur les liens entre confinement, déconfinement et qualité de l’air.

L’expertise est au cœur du métier de l’organisme, tant l’analyse de la qualité de l’air est un domaine en constante mutation. Car au fur et à mesure que la qualité de l’air s’améliore, la recherche s’affine.

Entre 2007 et 2019, les concentrations de trois des quatre polluants observés sont en baisse : – 31 % pour le dioxyde d’azote, – 46 % pour les particules fines de moins de 10 microns (PM10), – 63 % pour les particules fines de moins de 2,5 microns (PM2,5). Seule l’ozone, marqueur du réchauffement climatique puisque sa formation dépend notamment de l’ensoleillement, est en hausse, de 22 % sur la période. Le benzo(a)pyrène, suivi avec attention à Passy, en Haute-Savoie, n’est toujours pas entré dans le rang, même s’il se rapproche de la norme européenne de 1 microgramme par mètre cube.

« Globalement, les valeurs réglementaires sont respectées », assure le directeur territorial Didier Chapuis. Aucun dépassement n’est observé pour les particules fines. Les populations exposées à des doses trop fortes de dioxyde d’azote, le plus souvent parce qu’elles habitent au bord d’axes routiers, sont en diminution. Atmo Auvergne-Rhône-Alpes recense 800 personnes en Haute-Savoie, 300 en Savoie, 200 dans l’Ain (contre 15 500 dans le Rhône). Les chiffres sont tout autres pour l’ozone, en dépassement sur tout les territoires : 720 800 personnes en Haute-Savoie, 360 500 en Savoie, 517 000 dans l’Ain…

Mais si les valeurs réglementaires sont peu ou prou respectées, les valeurs sanitaires édictées par l’OMS, elles, ne sont pas atteintes. Pour les PM2,5, la valeur guide de 10 microgrammes par mètre cube est dépassée pour 110 200 habitants de Haute-Savoie, 4500 de Savoie, 2400 de l’Ain, par exemple.

Il faut donc poursuivre les efforts, et les cibles sont donc maintenant bien identifiées : le résidentiel, et notamment le chauffage individuel au bois ; et le transport routier. Ce dernier est responsable de 67 % de la pollution au dioxyde d’azote dans l’Ain, 59 % en Savoie (où l’industrei pèse 28 %) et 68 % en Haute-Savoie. Quant au chauffage au bois, il représenterait 44 % de la pollution aux composés organiques volatils non méthaniques (COVNM) dans l’Ain, 53 % en Savoie, 45 % en Haute-Savoie ; 47 % de la pollution aux particules fines inférieures à 10 microns dans l’Ain, 53 % en Savoie, 62 % en Haute-Savoie ; 67 % de la pollution aux particules fines de moins de 2,5 microns dans l’Ain, 63 % en Savoie, 72 % en Haute-Savoie.

Le problème, c’est que le jour où les normes seront respectées, on ne pourra toujours pas dire que l’air respiré est de bonne qualité. La surveillance obligatoire ne concerne que 67 polluants, tandis que 144 sont non réglementés et que l’état des connaissances ne cesse de s’améliorer. « On va commencer à s’intéresser aux nanoparticules », explique ainsi Didier Chapuis. Atmo Auvergne-Rhône-Alpes suit également avec attention le dossier de l’ammoniac et du méthane, suspecté d’intervenir dans la formation du smog urbain (lire « le Cern lève le voile sur les brouillards urbains » sur Ecomédia.com). Un ammoniac qui pourrait notamment provenir de l’urée utilisée dans les véhicules… pour piéger le dioxyde d’azote. Le combat pour la qualité de l’air n’est pas terminé.

copyright – Shutterstock – Svetlana Bondareva

Atmo Auvergne-Rhône-Alpes en chiffres

  • 67 polluants réglementés suivis, dont 13 soumis à des valeurs réglementaires, 54 à une obligation de surveillance.
  • 144 polluants non réglementés en surveillance complémentaire et d’anticipation, dont 87 polluants d’intérêt national (pesticides, espèces chimiques majeures) et 57 composés émergents et suivis spécifiques (particules très fines, métaux lourds, dioxines et furanes, méthane, ammoniac, pollens…
  • Dix ans de mesure des particules ultra fines
  • 800 prélèvements pour la mesure des phytosanitaires dans l’air en 15 ans de mesure des particules ultra fines
  • 2 prélèvements pour la mesure de l’ammoniac
  • 1 prélèvement pour la mesure de méthane
  • 10 molécules de hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) suivies

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