Quand on dit non…

par | 13 mai 2016

Ça paraît simple, formulé ainsi, mais c’est pourtant si vrai. Lorsqu’une femme dit non, en général, elle pense ce qu’elle affirme. L’écologiste Denis Baupin aurait peut-être bien fait de garder cette assertion en tête. Le député de Paris vient de démissionner de la vice-présidence de l’Assemblée nationale, alors que plusieurs députées écologistes l’accusent de harcèlement et / ou d’agression sexuelle. Tout a débuté le 8 mars dernier, à l’occasion de la journée de la femme. Ironie du sort… Ces femmes qu’il semble aimer plus que de raison ont, semble-t-il, brisé l’omerta qui régnait depuis des années. Il apparaît à cette occasion dans un cliché, aux côtés d’autres députés, toutes tendances politiques confondues, la bouche maquillée de rouge à lèvres flashy. Histoire de dénoncer aux yeux du monde les violences faites au beau sexe. La fameuse photo a fait réagir huit femmes, élues, militantes ou salariées. Qui accusent, mais, à l’heure où nous publions, ne portent pas plainte, certains faits étant d’ores et déjà prescrits.

L’affaire, révélée par France Inter et Médiapart, fait largement jaser dans les différentes sphères politiques, et bien au-delà, naturellement. Car Denis Baupin n’est pas « seulement » député et dorénavant ex vice-président de l’Assemblée nationale. Il est également le conjoint d’Emmanuelle Cosse, actuelle ministre du Logement. Certains tentent d’avancer ce lien pour justifier des « calomnies », un an avant la présidentielle. Pour d’autres, L’homme a vraisemblablement la réputation d’être un « cavaleur un peu pénible ». Entre ce qui se dit dans le microcosme politique, et la réalité des faits, il peut certes exister un delta. Denis Baupin semble néanmoins connu comme le loup blanc pour ce travers.

En tant que femme, en tant que citoyenne, pareil comportement ne peut pas me laisser de marbre. Certaines députées semblent avoir subi, pendant des mois, un véritable harcèlement de la part de l’élu. Du SMS plus que déplacé à l’élue plaquée contre un mur… Et surtout, certains savaient. Je crois que c’est encore ça le pire ! Les femmes concernées ont mis longtemps, très longtemps à parler. Par peur d’être montrées du doigt, peur d’être « celle par qui le scandale arrive », comme l’expliquait l’une d’elle.

Aucune leçon n’a donc été tirée de l’affaire DSK ? Dominique Strauss-Kahn, ancien patron du FMI, donné favori dans la course à la présidentielle de 2012, avait vu ses rêves se briser en mai 2011, après l’accusation de viol d’une femme de chambre. La classe politique dans son ensemble était alors montée au créneau pour dénoncer « la double peine des femmes en politique ».

Les femmes se heurtent déjà régulièrement au fameux plafond de verre qui freine encore et toujours leur progression au sein des plus hautes instances, et la politique n’est pas en reste. Encore faudrait-il composer avec le machisme de certains, qui, poussé à son paroxysme, s’exerce presque caricaturalement ?

J’attends avec impatience, le jour où une véritable égalité entre les sexes existera. Le jour où le 8 mars n’aura plus lieu d’être. Le jour où les femmes ne seront plus réduites à leur conditions et ne connaitront plus ce frein dans leur parcours.

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