En 2017, la justice avait sermonné la Région pour avoir exposé une crèche religieuse dans ses locaux, à Noël. Cette fois, elle autorise a posteriori… l’exposition de santons. Si les voies du seigneur sont impénétrables, celles de la justice méritent souvent d’être bien lues pour être comprises.
Le tribunal administratif (TA) de Lyon, saisi pour la deuxième année consécutive par la Ligue des droits de l’Homme, a cette fois rejeté le recours déposé contre la Région Auvergne-Rhône-Alpes, qui avait installé, en décembre 2017, des crèches de Noël dans les locaux de son siège lyonnais. En octobre 2017, le même tribunal avait tranché dans le sens inverse (à propos des crèches exposées en décembre 2016; mis à part en référé, il y a forcément un décalage entre les faits et les décisions de justice).
Pourquoi ce revirement ?
Sur son site, où la décision est téléchargeable, le tribunal explique que « l’installation en litige consist[ait] en l’exposition temporaire de deux grands décors de crèches présentant les métiers d’art et les traditions santonnières régionales dans des scènes pittoresques de la vie quotidienne. » Auxquelles s’ajoutaient « quatre vitrines de crèches réalisées par des maîtres artisans et créateurs de santons » (une haut-savoyarde, dont le portrait est à lire dans Eco du 7 décembre 2018, un altiligérien, un ardéchois et un cantalien).
De plus, l’exposition comprenait « des panneaux illustrant le travail du santonnier à travers les étapes de la fabrication d’un santon ». Enfin « plusieurs ateliers ont été organisés pour la découverte des métiers d’art, à destination, en particulier, des enfants », a relevé le TA.
Conclusion : « l’exposition litigieuse présent[ait] un caractère culturel alors même qu’il ne ressort pas des pièces du dossier qu’un usage consistant en l’exposition de crèches à la période de Noël existe en Auvergne-Rhône-Alpes. »
Coup de com’ réussi
En clair, il n’y a pas de tradition d’exposition de crèche purement religieuse dans la région. Mais en l’occurrence il ne s’agit pas d’une crèche purement religieuse puisqu’elle présente « un caractère culturel ». Nuance, nuance…
Le coup de com’ de Laurent Wauquiez, président (LR) de la Région, a donc fonctionné à plein (avec un an de retard, quand même). A l’occasion du vernissage, le 4 décembre 2017, le président d’Auvergne-Rhône-Alpes avait indiqué que l’objet de l’exposition consistait « à rendre hommage au savoir-faire et aux traditions des maîtres-santonniers régionaux, en venant enrichir le plan régional lancé en 2016 en faveur des métiers d’art », rappelle le tribunal dans ses considérants. Habillement, la Région en avait même remis une dose sur le caractère culturel dans son communiqué du 5 décembre où elle évoquait une « exposition vitrine du savoir-faire régional des métiers d’art et traditions populaires ».
Condamné à plusieurs reprises (clause Molière, budget primitif 2016 et crèche 2016), le médiatique président d’Aura tient sa revanche judiciaire. Un cadeau de Noël en avance.
Photo : A l’intérieur du siège de la Région Auvergne Rhône-Alpes. Crédit : DR.
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