Retenues d’eau d’altitude : quel impact ?

par | 19 décembre 2018

De plus en plus de retenues d’altitude voient le jour dans les stations françaises. Quid de l’impact de ces réservoirs sur la ressource en eau et l’environnement ? Tentatives de réponses.

C’est un sujet aussi sensible qu’un écosystème montagnard. En ces temps de sécheresse, la question de l’eau, et de la production de neige de culture, revient sur le devant de la scène. Creuser des retenues d’altitude, y stocker la ressource, la projeter ensuite sous forme de flocons sur les pistes… tout cela a-t-il un impact sur l’environnement et notamment sur les réserves d’eau potable, les nappes phréatiques et le débit des ruisseaux ? La réponse n’est pas simple, car d’une vallée à une autre, d’une station à une autre, la problématique s’avère différente.

Quand les pistes sont surplombées de glaciers, que l’eau ruisselle naturellement de toute part, les choses n’ont rien à voir avec les massifs calcaires, par exemple, où le précieux liquide s’insinue et disparaît sous terre. On peut aussi se demander si des stations où l’eau est abondante aujourd’hui ne seront pas confrontées demain à une pénurie. On estime en effet que d’ici 2100, les besoins en eau pour la production de neige de culture en France seront multipliés par quatre.

On estime en effet que d’ici 2100, les besoins en eau pour la production de neige de culture en France seront multipliés par quatre.

La moitié des piscines privées

Actuellement, la production de neige de culture représente moins de 20 millions de mètres cubes pour toutes les stations de l’Hexagone. C’est la moitié de ce que l’on consomme pour le remplissage des piscines privées. Mais la France, qui est beaucoup moins équipée en enneigement artificiel que ses voisins européens (34 % du total des pistes, contre 85 % pour l’Italie ou 65 % pour la Suisse) veut combler ce retard. En 2020, elle est censée avoir atteint 40 % de taux d’enneigement. L’eau qui est utilisée pour produire de la neige a plusieurs origines. 60 % des stations n’utilisent que leurs retenues (qui se remplissent par ruissellement et par des apports extérieurs), 40 % combinent le trop plein d’eau potable, les rivières ou les barrages.

En la matière, on ne puise heureusement pas dans les rivières comme on veut. Des volumes maximums précis sont définis pour chaque cours d’eau où les exploitants pompent hors période d’étiage. Ainsi, l’approvisionnement en hiver devrait rester une exception. La construction même des retenues d’altitude constitue une atteinte à l’environnement. Elle génère la modification des paysages et entraîne l’émission de polluants par le biais des engins de travaux publics. C’est sans doute une des raisons pour laquelle un dossier met cinq ans en moyenne pour obtenir toutes ses autorisations administratives. Une fois en place, la réserve alimente principalement les canons qui dispensent la neige sur les pistes.

Mais que devient cette neige au printemps ? Retourne-t-elle entièrement dans son milieu d’origine ? La réponse varie suivant les interlocuteurs. Oui pour certains, non pour d’autres. Pour ces derniers, seuls 80 % des volumes repartent vers les bassins versants par fonte et ruissellement. Les 20 % restants s’évaporent dans l’atmosphère. En prime, la neige de culture, plus dense et plus durable que sa soeur naturelle, met plus de temps à disparaître au printemps. Conséquence : elle peut retarder les cycles naturels de certaines espèces.


Sylvie Bollard


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