Les DCF de l’Ain et Jean-François Hadida, directeur de l’université d’entreprise Orange Campus Management, ont initié un voyage au pays de l’intelligence collective.
C’était le 21 mars dernier, à l’espace Kennedy du Crédit Agricole, à Bourg. Ce soir-là, une centaine de personnes avait répondu à l’appel des DCF de l’Ain, pour assister à une conférence aussi instructive que ludique, portant sur les nouveaux modes de fonctionnement du collectif, avec leurs conséquences sur le management. Et ce soir-là, le voyage fut pour le moins décoiffant, tant par la profondeur des idées que par la forme employée par Jean-François Hadida, directeur de l’université d’entreprise Orange Campus et par ailleurs, dirigeant de la société TocTalk.
Le postulat de départ réside dans cette phrase : comment fait-on fonctionner un collectif aujourd’hui, quelle que soit la taille de son entreprise ? « Le monde dans lequel on vit a tellement évolué qu’il est impossible de continuer à fonctionner comme on le faisait jusqu’à présent », affirme Jean-François Hadida. Pour lui, il est nécessaire de s’appuyer sur l’intelligence collective. Une organisation classique, lente et rigide sera rapidement obsolète. Lui propose de ne fonctionner en entreprise, ni sur un système managérial vertical, ni horizontal, mais diagonal, « un modèle hybride ». Une solution adaptable aux TPE/PME. « Tout d’abord, il vous faut identifier votre BOS, c’est-à-dire votre but d’ordre supérieur, recommande-t-il. C’est toute la question du sens : pourquoi se lève-t-on le matin ? À quoi contribue-t-on, qu’est-ce qui est plus grand que nous ? Tout découle de la raison d’être. De nombreux dirigeants restent encore sur le schéma : “Si je vous réunis aujourd’hui, c’est pour vous parler du CA qui se casse la figure, du contexte économique difficile et si on ne change pas, on va tous y passer”. Mettez de l’enthousiasme ! »
Décider autrement
Ensuite, il conseille de poser des rôles devant les personnes et non l’inverse. « Il s’agit là de mettre en place une organisation autorégulée, adaptative, où l’on va chercher les rôles dont on a besoin pour atteindre sa raison d’être. On ne raisonne plus en fonction de la fiche de poste, ou du métier historique d’une personne, mais selon le rôle que l’on peut tenir pour atteindre cette fameuse raison d’être. Et l’on peut occuper plusieurs rôles ! Ils vont naître et mourir, s’autoréguler. On confie aux gens ce qui les motive, ce qui les intéresse, avec une pleine autonomie pour exercer : la personne entre alors dans une liberté d’action. Et lorsque des difficultés surviennent, la problématique est posée sur la table : il ne s’agit plus de la difficulté de la personne nommément, mais du rôle. Avec bienveillance, on cherche comment on peut traiter la problématique liée à ce rôle. Ce n’est donc plus du tout le même rapport à la personnalisation ou à la pression. » Enfin, dans un monde complexe et incertain, comment fonctionner et décider différemment ? « Il faut wazer votre management ! Vous connaissez l’application Waze ? Tous les vingt mètres vous vous repositionnez. Ce n’est pas que vous ne savez pas où vous allez : c’est simplement que l’incertitude est telle que vous changez de direction régulièrement. C’est pareil en entreprise pour vos prises de décisions, qui se font à petits pas, humbles, raisonnables, “step by step”. Et cela permet de rester dans l’action, en mouvement. » La conséquence de tout cela ? « Aujourd’hui, le manager est un croisement entre Indiana Jones et Mère Teresa. Un croisement entre un super chef de projet, qui a une quête indéfectible, son Graal, une capacité à prendre des risques… Assorti d’humilité. On n’est plus le moteur ni le pilote, non ! Nous sommes l’huile sans qui le moteur explose. C’est ça, le management du futur. Ce management est implicite, et ce rôle est difficile : il faudra créer les conditions favorables à la réussite. » Ceci, pour sortir d’un monde “appsurd”… Et redonner du sens.
Les DCF en actions
Visites d’entreprises, ateliers ou conférences émaillent l’année sous l’impulsion des Dirigeants commerciaux de France, section de l’Ain, particulièrement actifs. À noter : congrès régional des DCF le 13 juin prochain, à Saint-Étienne. Plus d’infos sur www.dcf01.fr.
Par Myriam Denis
Cet article provient du magazine ECO de l’Ain du 28 mars 2019. Il vous est exceptionnellement proposé à titre GRATUIT. Pour retrouver l’intégralité des articles de notre hebdomadaire, mais aussi de nos suppléments et hors-séries, c’est ICI.
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