Santé : le Ségur soigne l’hôpital public

par | 10 décembre 2021

Dans le cadre du Ségur de la santé, l’État injecte plus de 200 millions d’euros dans les structures sanitaires et médico-sociales de Savoie Mont Blanc. Un vrai plus, même s’il ne règle pas tout.


Retrouvez notre dossier complet dans la liseuse en ligne du magazine ECO Savoie Mont Blanc du 10 décembre 2021.


Le volet investissement du Ségur de la santé s’élève à 213,8 millions d’euros (M€) en Savoie Mont- Blanc. « C’est un effort colossal de la puissance publique », souligne Yves Grall, directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), en rappelant les 19 milliards d’euros (Md€) attribués au niveau national. Ces presque 214 M€ vont courir sur la période 2021-2029 pour 63 hôpitaux (pour 68 projets) ainsi que des Ehpad (29 dès cette année, mais d’autres pourront venir s’ajouter).

Ce “Ségur investissement”, représente 86,7 M€ en Savoie. Il se répartit en trois types d’interventions. D’abord, le désendettement. Cela concerne 55 % des fonds en Savoie, avec 35,2 M€ au centre hospitalier Métropole Savoie (CHMS ; Chambéry-Aix), 5,7 M€ à celui de la Vallée de la Maurienne (CHVM) et 5 M€ à celui de Bourg-Saint-Maurice. Ensuite, l’investissement immobilier (35,5 M€). Avec 14,9 M€ pour le CHVM (voir plus loin), 10 M€ pour Moûtiers, sur les 29 M€ investis dans l’Ehpad, les soins de longue durée (USLD) et les activités sanitaires. Et 4 M€ pour Albertville, sur les 16,5 M€ consacrés, là aussi, à l’Ehpad et à l’USLD.

Quelques “petites” aides viennent aussi soutenir Médipôle Savoie (0,6 M€ sur 1,8 M€ pour la construction d’un « hôtel hospitalier »), l’unité de soins de suite de Saint-Pierre-d’Albigny (4 M€ sur 4,2 M€) ou encore les Ehpad des Cordeliers à Moûtiers, d’Ugine et de Cognin (1,2 M€ en tout). Enfin, les « investissements du quotidien », pour du petit matériel médical, soignant ou hôtelier dans 13 établissements de santé et 51 Ehpad, atteignent 4 M€.

283 M€ : si Savoie Mont-Blanc reçoit plus de 200 M€ au total du “Ségur investissement”, le site nord du CHU de Grenoble (La Tronche) va, à lui seul, bénéficier de 283 M€ (dont 82 M€ en désendettement) pour, il est vrai, 457 M€ d’investissement total en rénovation et agrandissement, avec 35 000 m2 nouveaux pour des unités d’hospitalisation et des activités ambulatoires.

127 millions en Haute-Savoie

Même schéma en Haute- Savoie, où les fonds s’élèvent à 127,1 M€ au total. Sauf que le désendettement accapare 115,2 M€, soit… 90 % du total. Avec 55 M€ pour le CH Annecy- Genevois (Change), 37,2 M€ pour le CH Alpes Léman (Chal), 5,5 M€ pour les Hôpitaux du Léman (HDL) et 4,5 M€ pour l’unité de soins de suite de la MGEN à Evian (privé non lucratif).

Les investissements immobiliers plafonnent alors à 5,6 M€, entre l’extension du plateau technique du Chal (2 M€ sur 16 M€ au total), la modernisation de l’unité de pédopsychiatrie de Thonon (2,10 M€ sur 7 M€) et 0,3 M€ (sur 0,6 M€) pour le centre de dialyse de Sallanches. Les Ehpad de Thônes et Cruseilles vont, eux, percevoir 1,5 M€ à eux deux. Enfin, les investissements du quotidien s’établissent à 6 M€, pour 23 établissements de santé et 55 Ehpad.

Désendettement

« Nous avons ici plusieurs établissements qui ont été récemment construits, agrandis ou rénovés en profondeur [ndlr : sur le cas de Chambéry, lire Éco du 29 octobre 2021) », explique le directeur de l’ARS pour justifier la part prépondérante du soutien au désendettement. Grâce au Ségur, les établissements qui ont beaucoup investi – et donc beaucoup emprunté – ces dernières années vont retrouver un peu de marge de manoeuvre en trésorerie et en capacité d’endettement.

Ainsi, le Change va voir son endettement fondre de 55 M€, soit environ 30 % de sa dette totale (183,3 M€) au 1er janvier 2021 : une prise en charge qui se situe dans la moyenne des interventions du Ségur sur ce plan. Sachant que l’établissement – qui est le premier employeur du département avec près de 4 700 professionnels – affiche un budget total (2020) de 436 M€. Cette aide, de 9,50 M€ cette année, puis 5,7 M€ de 2022 à 2029, « va permettre de mener à bien le plan pluriannuel d’investissement en limitant le recours à l’emprunt nouveau, donc en gardant des ratios d’endettement soutenables », souligne l’établissement.

Plus de 20 M€ en Maurienne

Le CHVM, lui, va être aidé à la fois sur le volet désendettement (5,7 M€) et en termes d’investissement (14,9 M€). De quoi effacer une partie de la dette, qui remonte à la construction de l’hôpital-Ehpad de Modane (qui a fusionné avec Saint-Jean-de-Maurienne au 1er janvier de cette année) et de l’Ehpad de Saint-Jean, il y a près d’une dizaine d’années. Mais aussi permettre les nouveaux investissements de l’établissement, qui compte 685 professionnels pour 50 M€ de budget.

Ces annonces constituent une étape marquante pour l’établissement de Maurienne, qui cultive les spécificités : il est à la fois très marqué par la saisonnalité touristique (traumatologie liée aux sports d’hiver notamment) et par la géographie, puisque c’est le seul hôpital avec maternité et urgences 24 h/24 pour toute la vallée, qui s’étend sur 120 kilomètres.

« La modernisation est devenue nécessaire, compte tenu de l’ancienneté des locaux actuels et des besoins. Mais sans le Ségur, nous aurions eu beaucoup plus de mal à la mener », se réjouit le CHVM. Le bloc opératoire va être reconstruit (9,2 M€ au total ; 47 mois de travaux prévus), tout comme le service de médecine et l’unité de surveillance continue (7,1 M€ ; 41 mois). Les études vont être menées en même temps mais les chantiers, eux, seront échelonnés : impossible de tout faire simultanément tout en maintenant l’activité. Un troisième chantier, mais hors-Ségur, celui-là, devrait être également lancé sous peu : la construction d’un IRM (2,7 M€). « Nous avons eu le feu vert de l’ARS mi-novembre », se félicite le CHVM, qui cherche toujours des partenaires pour boucler l’opération.

Ces annonces constituent une étape marquante pour l’établissement de Maurienne, qui cultive les spécificités : il est à la fois très marqué par la saisonnalité touristique (traumatologie liée aux sports d’hiver notamment) et par la géographie, puisque c’est le seul hôpital avec maternité et urgences 24 h/24 pour toute la vallée, qui s’étend sur 120 kilomètres. Pourtant, « à deux minutes près » (temps de trajet jusqu’à l’hôpital le plus proche), il ne rentre pas dans la catégorie « hôpital isolé » qui donne droit à un soutien spécifique. Mais ça, le Ségur ne va pas le soigner.


Éric Renevier

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