Sur les rives du Rhône fleurit un vignoble original pour un vin qui ne l’est pas moins.
D’un point de vue œnologique, l’Ain est souvent associé au Bugey. C’est oublier un peu vite qu’il existe une autre appellation sur notre département : Seyssel. Certes, notre territoire la partage avec la Savoie, mais la grande majorité du vignoble se trouve chez nous, sur les communes de Seyssel et Corbonod.
C’est une toute petite appellation : 75 ha. A titre de comparaison, le Bugey compte 500 ha. Mais, elle est beaucoup plus ancienne. L’une des plus ancienne de la zone Savoie, même ! Elle date en effet de 1942. «C’est un vignoble original, planté au bord du Rhône avec des vignes en amphithéâtre et des villages au cœur de la vigne», décrit Michel Bouche, directeur de la Maison de la vigne et du vin de Savoie.
On y produit deux types de vins : du mousseux, assemblage de cépages Molette et Altesse, avec un minimum de 10 % d’Altesse, et surtout, du blanc, obligatoirement à partir de cépage Altesse, exception faite du Seyssel Molette, élaboré exclusivement, lui, à partir de ce second cépage.
Ce cahier des charges donne «des vins blancs pâles, avec des arômes assez floraux et fruités qui rappellent souvent les odeurs de miel. En bouche, ils associent vivacité et douceur, décrit Michel Bouche. Les effervescents, eux, sont caractérisés par la finesse de la bulle, la fraîcheur et la vivacité.» Le reste dépend du travail des différents producteurs. Une douzaine de viticulteurs et deux petites maisons de négoce font vivre aujourd’hui l’appellation.
Mais pourquoi, alors qu’elle est majoritairement située dans notre département, celle-ci est-elle intégrée aux vins de Savoie ? «En 1942, il n’y avait pas d’appellation dans l’Ain, explique Michel Bouche. Cela a permis aux viticulteurs de se regrouper en interprofession. Et puis, cela les autorise à produire un peu de vin rouge ou rosé en appellation Savoie, tandis que l’appellation Seyssel se limite au blanc.»
Pour Caroline Daeshler, sommelière-conseil, Seyssel et Bugey sont issus de deux traditions différentes qui rendent la comparaison des vins difficiles. «L’assemblage de molette et d’altesse, ainsi que la présence plus marquée de sucres résiduels donnent des mousseux plus aromatiques, au profil plus rond, qui tirent plus vers le demi-sec. Les usages ne sont pas les mêmes. Les bruts de Seyssel se boiront plus naturellement en accompagnement de mets alors que les bruts du Bugey, majoritairement à base de chardonnay, se suffisent davantage à eux-mêmes. Idem pour les blancs 100 % altesse. Ils présentent une belle générosité que l’on peut retrouver en Bugey, mais dans des vins généralement plus complexes. Quant au 100 % molette, c’est un vin fin, très délicat, une tradition que l’on ne retrouve pratiquement pas dans le Bugey. A découvrir.»
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