Solidarité : Bazar sans frontières vise le réemploi

par | 16 novembre 2023

À Seynod, l’association Bazar sans frontières remet en état mobilier, livres et jouets donnés pour pouvoir les revendre à petits prix et financer la réinsertion. En septembre, elle a ouvert une matériauthèque pour favoriser la récupération.

À Annecy, qui ne connaît pas Bazar sans frontières ? Située à Seynod, sur un site de 3 000 m2 mis à disposition par la ville d’Annecy, cette association, créée en 1989, est le plus important chantier de réinsertion de Haute-Savoie. Aujourd’hui, 70 personnes en insertion y travaillent, encadrées par 20 permanents.

« Nous employons des personnes éloignées de l’emploi (SDF, personnes au RSA ou en situation de handicap, jeunes…) avec l’objectif de les amener à ­(ré)intégrer la vie active », explique Claire Dimpre, directrice de Bazar sans frontières.

Pour les y préparer, l’association organise ateliers et formations afin de travailler l’estime de soi, le savoir-être… « Globalement, la moitié d’entre elles retrouvent un emploi, tandis que les autres évoluent socialement. C’est toujours cela de pris », sourit la directrice. Elle se félicite que, dans le bassin annécien, vingt entreprises (NTN-SNR, Lidl, AFB, Carrefour…) jouent le jeu pour accueillir des stages en immersion.

L’association Bazar sans frontières est installée sur un site de 3 000 m3 au 3 avenue des Trois-Fontaines à Seynod – crédit photo Patricia Rey

Difficulté à recruter

Les personnes en CDD d’insertion – employées sur la base de 26 heures par semaine pendant deux ans – se répartissent dans les sept ateliers développés par l’association : réparation de l’électroménager, rénovation du mobilier, réception des dons, tri des objets (jouets, vêtements, livres…), vente… Et ce n’est pas le travail qui manque.

« Nous croulons sous les dons », reconnaît Claire Dimpre, qui estime le volume à 800 tonnes par an. « Mais nous n’acceptons que ce qui pourra être revendu ».

Tout le matériel, ici les TV et ordinateurs, sont remis en état – crédit Patricia Rey

Selon elle, les problématiques de l’association ne sont pas là, mais plutôt dans le recrutement, qui s’avère plus compliqué cette année : « Le plein-emploi à Annecy, ajouté à la difficulté des entreprises à recruter, sont des freins pour l’association. »

Une matériauthèque pour « recycler »

En 2022, Bazar sans frontières a affiché un budget de 2 M€, dont la moitié provient de la vente des livres, vêtements, appareils électroménagers… L’association perçoit, par ailleurs, des subventions à hauteur de 1 M€, de l’État, son plus gros financeur (75 % de l’enveloppe), de la Région et du Département, qui, lui, finance les personnes qui sortent du RSA.

Grâce à une gestion au cordeau, elle est parvenue à générer 116 000 € de bénéfices, aussitôt réinvestis dans des travaux, notamment de l’atelier et du magasin de linge.

« Une réserve a également été constituée, au cas où nous serions amenés à déménager, le quartier des Trois-Fontaines ayant été préempté par la Ville pour être requalifié dans le cadre d’Annecy 2050 », explique la directrice, qui a été assurée d’être relogée dans le même quartier.

À ce souci s’ajoutent les incertitudes qui planent sur l’insertion, avec une vraie interrogation sur le devenir des subventions. « Nous dépendons des politiques de l’emploi », note encore la directrice.

Le site où se situe la matériauthèque a été designé par une professionnelle – crédit Patricia Rey

Alors, l’association multiplie les projets. À l’exemple de cette nouvelle matériauthèque, Bozar, ouverte en septembre, sur 250 m2, avec la collaboration de l’École supérieure d’art Annecy Alpes (ESAAA) et Grand Annecy. Ce bâtiment, qui jouxte Bazar sans frontières, renferme un magasin de matériaux, petit bricolage, papiers peints, peintures, carrelages, parquets… « Un agent de Grand Annecy récupère les matériaux dans les déchetteries de l’agglo ; et les magasins de bricolage et d’aménagement (Leroy Merlin, Bricorama, L’Entrepôt du bricolage, Fournier…) nous font cadeau de leurs invendus », se réjouit Claire Dimpre. De quoi atteindre la rentabilité très vite, pense-t-elle.

Dans ce bâtiment, un espace est même dédié aux étudiants de l’ESAAA pour qu’ils puissent donner cours à leur créativité à partir de matériaux recyclés.


Patricia Rey

photo Une Claire Dimpre, directrice de Bazar sans frontières dans la nouvelle matériauthèque – crédit P.Rey


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