Stress des patrons: la face cachée du management

par | 18 juin 2010

Oui, le stress des patrons existe. Et s’il commence à se voir, on en parle aussi plus volontiers qu’avant. Ainsi, la première étude sur ce thème de la TNS Sofrès met en lumière la face cachée de la vie de chef d’entreprise.
Et si on entend régulièrement parler du stress des salariés, il ne faut donc pas oublier celui des patrons de PME et TPE, qui sont des hommes de terrain, proches de leurs collaborateurs. « Dans de nombreuses entreprises, le patron pratique, ou a pratiqué le même métier que ses salariés, explique Olivier Torrès, chercheur associé à l’EM Lyon. Il existe une culture du métier. De plus, dans les petites structures, on voit le patron tous les jours, les salariés peuvent parler de leurs idées à leur chef : c’est une relation de proximité, à l’inverse de grands groupes où le leadership est beaucoup plus dilué ». Avec la crise, le nombre d’entreprises en difficulté a explosé, et avec, les licenciements. « Le traumatisme des salariés est souvent dénoncé, confie Olivier Torrès. Ceux-ci sont alors considérés comme des victimes, avec, en face, un bourreau : le patron ». A la différence d’une grande structure, « où l’on est responsable mais jamais coupable », la PME et la TPE présentent une relation directe. On est loin du management abstrait et à distance. Et lorsqu’un licenciement est envisagé, « le patron est seul face à la décision. C’est un meurtre à l’arme blanche : on regarde l’autre dans les yeux, explicite Olivier Torrès. C’est un face-à-face avec celui qui recrute, vire, forme, et paie ». A l’inverse, lorsqu’un salarié quitte l’entreprise, « le patron peut ressentir une sentiment de trahison ». Ce départ est d’autant plus mal vécu « que le patron donne de lui-même dans la structure ».
Or, selon la toute première étude TNS Sofres portant sur le stress des patrons, la gestion du personnel est source de stress pour 67% des patrons. Alors que la charge de travail, si elle est conséquente (50 heures hebdo, ça commence à faire), ne pèse que pour 48% de ces dirigeants. Pourquoi ? « Cet effet de proximité présente des avantages, comme une grande réactivité, un management souvent plus humain et plus direct, détaille Olivier Torrès. Le patron parle de « ses » salariés. A contrario, le patron va avoir le nez le guidon, il aura du mal à sortir de l’urgence ». Et selon lui, le chef de PME ou TPE, s’il valorise le court terme, ne fonctionne plus que dans l’urgence, ce qui, naturellement, crée du stress. Una angoisse révélée par l’étude de la TNS Sofres, mais dont les chefs d’entreprises parlent peu. « Le patron n’a pas tendance à se plaindre, confirme Olivier Torrès. Ils essayent de ne pas manifester leur état de stress, qui est inhérent à leur fonction. Ils veulent être capables d’affronter le stress et l’incertitude ». Et pourtant, le stress et ses effets négatifs conduisent certains patrons à ressentir des angoisses (pour 58% d’entre eux), des problèmes de santé divers (56%) et des insomnies (pour la moitié).
Autres facteurs d’inquiétudes selon l’étude de la TNS Sofres, la situation économique et sociale actuelle, qui leur inspire, à 72%, un profond pessimisme. On est encore loin de la reprise espérée, attendue et parfois annoncée. L’évolution du carnet de commandes stresse 69% des chefs d’entreprise interrogés. En effet, plus encore que la charge importante de travail, c’est « la sous-charge de travail qui angoisse les patrons », affirme encore Olivier Torrès.
Ainsi, ne vous étonnez pas de tomber malade pendant vos vacances : les chefs d’entreprises sont coutumiers du fait. « Ils n’ont pas le temps d’être malades au travail ! » ironie Olivier Torrès.
Mais « si la vie d’un patron n’est pas un long fleuve tranquille », poursuit-il, il faut rester positif. « L’optimisme est bon pour la santé ! affirme-t-il. Le patron maîtrise son destin, ses contraintes ont été choisies, et c’est un phénomène compensateur. Le stress positif, le moteur, est le sel de la vie ! ». Point trop n’en faut, c’est tout.

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