Pourquoi autant de supermarchés de proximité ?

par | 14 septembre 2017

Les moyennes surfaces poussent comme des champignons. À quelles stratégies cela répond-t-il ?

Dans un communiqué, la Frapna s’émeut d’un projet de création d’une nouvelle zone commerciale à Crottet, porté par la société Immo Mousquetaires. Elle dénonce le mitage des terres agricoles et relève, entre autres arguments, qu’il existe déjà, sur la commune voisine de Replonges, un magasin Intermarché. Il est vrai que la multiplication des moyennes surfaces interroge. Et pas seulement sur le morcèlement des terres agricoles. Sur le seul axe Bourg-Mâcon, on a vu fleurir en quelques années, un magasin Casino à Confrançon et un Intermarché à Polliat, tandis que le magasin Netto de Vonnas — où se trouve déjà un Carrefour Market — est passé sous enseigne Intermarché et que le magasin Super U de Laiz a déjà été agrandi deux fois. Sont par ailleurs déjà implantés sur le secteur, un magasin Colruyt à Bagé-la-Ville et un Intermarché à Feillens. Où est le modèle économique ?

A l’appui de ces interrogations, la CCI relève que de nombreux projets obtiennent des autorisations en commission départementale d’aménagement commercial (CDAC), sans toujours voir le jour, comme à Villars, où un projet de 4 850 m2 a été autorisé en 2012 et jamais concrétisé. « Se pourrait-il que les promoteurs aient des difficultés à trouver des commerçants à implanter dans ces nouveaux espaces ? » Et la chambre d’observer que si ces projets sont importants, symboles d’une certaine dynamique, leur trop grand nombre est susceptible de geler des ambitions plus modestes, d’artisans ou de commerçants indépendants.

Renseignements pris, il s’avère que le magasin de Crottet n’est pas une création, mais un transfert… Celui du magasin de Replonges qui en profite pour pratiquement doubler sa surface et créer une zone avec un Bricomarché, un garage Roady et une galerie marchande. « En 2010, la CCPV avait missionné un cabinet pour faire une étude économique du secteur, indique Yves Zancanaro, vice-président de la communauté de communes de la Veyle en charge de l’aménagement du territoire. Celle-ci a démontré que nous étions autosuffisants à 80 % en alimentaire, mais seulement à 20 % sur les biens à la personne et l’équipement de la maison. En se délocalisant, Intermarché attire d’autres commerces qui répondent à ces besoins et permettront de ralentir l’évasion commerciale. »

Des besoins identifiés

Benjamin Guilbert, chargé du développement du groupe Intermarché sur sept départements, dont l’Ain, souligne d’ailleurs que le projet est mené par l’intercommunalité. « De même, le magasin de Polliat apparaissait sur les outils du Schéma de cohérence territoriale du bassin de Bourg. Les élus ont lancé un concours auquel nous avons candidaté, parce que nous avions nous aussi identifié un besoin. Nous étions déjà en train de travailler sur l’avenir du magasin de Replonges. Tout cela a été envisagé de manière macro-économique », précise-t-il. « Notre système de fonctionnement en groupement de magasins indépendants nous oblige à avoir une vision d’ensemble. A la différence des enseignes intégrées, nous ne pouvons pas créer pour créer, nous créons pour développer, ajoute Eric Poully, administrateur immobilier des Mousquetaires sur Centre-Est. Si le magasin de Replonges se déplace à Crottet, c’est pour maintenir sa clientèle. »

La CCI reconnaît la nécessité pour un magasin vieillissant comme celui-ci de se renouveler. Mais pour faire régulièrement des études sur le comportement des ménages, elle n’est pas convaincue de l’effet de la nouvelle zone sur l’évasion commerciale. « La part des actifs du Val de Saône qui travaillent de l’autre côté du fleuve est importante. Cela génère de fait, une évasion commerciale notable. Il n’est pas sûr que la création de commerces sur le lieu de résidence change les habitudes, commente-t-elle. Il ne faut pas oublier que les dépenses d’habillement stagnent et que les dépenses en équipements de la maison baissent, depuis plusieurs années. » Et de nouveaux magasins n’y changeront rien.


Aspects environnementaux

Pour compenser les impacts de son projet de zone commerciale à Crottet, Intermarché a signé deux conventions avec des agriculteurs pour la mise en place de fauches tardives sur 17 ha pendant 30 ans, une autre avec le syndicat des eaux de la Veyle et Natura 2000 pour la création de zones humides à Polliat et une dernière pour financer des actions destinées à favoriser la nidification du tarier des près.

Par ailleurs, les projets d’Intermarché intègrent la gestion des friches commerciales, soit directement quand l’enseigne est propriétaire, soit en accompagnant la reconversion. « Il n’est plus possible de laisser un magasin inoccupé trop longtemps. C’est trop négatif en termes d’image », argue Eric Poully.


Par Sébastien Jacquart

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