En Savoie, l’installation d’antennes de téléphonie mobile dans deux clochers réactive des interrogations sur leur dangerosité et l’absence de débat public sur le sujet.
Cet article est paru dans Eco Savoie Mont-Blanc du 6 avril. Il vous est exceptionnellement proposé à titre gratuit. Pour retrouver l’intégralité des articles de notre hebdomadaire mais aussi de nos suppléments et hors-séries, c’est ICI
En février dernier, des habitants de Saint-Baldoph lancent une pétition pour protester contre l’installation d’une antenne de téléphonie mobile, un projet voté en fait depuis juin 2017. Quelques jours plus tard, une grogne similaire prend corps à Tresserve. Dans les deux cas, les opposants invoquent une mauvaise qualité du débat public, l’exposition aux ondes électromagnétiques et l’utilisation d’un lieu de culte pour une activité commerciale.
«Rien n’a été fait pour informer le public», assurent les riverains de l’église de Tresserve, citant des «permis de travaux apposés de nuit, avec la plus mauvaise visibilité possible…». Sur ce point, les deux mairies annoncent pourtant avoir respecté les règles en vigueur : une délibération en bonne et due forme du conseil municipal (à l’unanimité à Saint-Baldoph) pour la convention d’occupation du domaine public, la négociation d’une redevance (3000 euros annuels à Saint-Baldoph, le double à Tresserve) avec les opérateurs (Orange d’un côté, Free de l’autre). Les deux édiles se disent en fait surpris par la polémique. «700 clochers abritent en France des antennes, soupire celui de Saint-Baldoph Christophe Richel, dont cinq déjà dans le Grand Chambéry. »
« C’est juste impossible de répondre à l’appel du seigneur s’il n’y a pas de réseau. » Un internaute
Dialogue de sourd
L’exposition aux ondes électromagnétiques? C’est peu dire que le sujet fait toujours débat, entre des administrations (dont l’Agence française de sécurité sanitaire et environnementale) très rassurantes – «il n’existe pas d’argument démontrant l’existence d’un risque objectif » – et des opposants très remontés – «l’Organisation mondiale de la santé a classé les ondes électromagnétiques type GSM et Wi-Fi comme “possiblement cancérigène”, à l’instar de la laine de verre, le bisphénol-A ou les vapeurs d’essence», estime par exemple l’association Robin des toits.
Le choix d’un clocher pour implanter une antenne relais? La possibilité est bel et bien évoquée par l’association des maires de France dans un document en ligne. Localement, les opposants estiment au contraire qu’un lieu de culte ne devrait pas accueillir d’activité commerciale. L’évêque de Savoie Monseigneur Ballot semble plutôt leur donner raison dans un entretien à notre confrère Le Dauphiné Libéré : « Je ne suis pas favorable à ce que se développent ces installations», indique-t-il tout en soulignant que l’accord du curé de la paroisse, donc du diocèse, est obligatoire… mais que « si une redevance était versée, elle devait servir à l’entretien de l’église».
Entre impacts sanitaires et débats éthiques, difficile de prendre parti. Reste que, si les règles du débat démocratique ont été respectées sur le fond, le manque de transparence ne semble pas faciliter le dialogue. Nous n’avons ainsi réussi à joindre aucune autorité directement, chacune se contentant de nous renvoyer sur ses éléments de langage. De ce côté-là au moins, le réseau passe mal.
Commentaires
Sur Internet, les commentaires vont évidemment bon train sur ces dossiers, plutôt partagés entre opposants résolus et citoyens plutôt favorables, stigmatisant par exemple la contradiction entre une demande publique de plus de réseau… mais pas d’antenne. Le choix d’une église ? « Mieux vaut un bâtiment qui n’est pas habité.» D’autres préfèrent rire de ce débat : « C’est juste impossible de répondre à l’appel du seigneur s’il n’y a pas de réseau. » CQFD.
Philippe Claret
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