Ugitech toujours dans l’émotion

par | 20 janvier 2022

Plus de deux semaines après la mort accidentelle d’un salarié, Ugitech tente de construire un scénario de reprise.

Le 3 janvier à 10 h 40, un opérateur de 38 ans perdait la vie au sein de l’aciérie d’Ugitech, à la suite de l’effondrement d’un pont permettant le transport de poches de métal liquide. « Nous avons mis cinq longs jours à rendre le corps à la famille, commence Patrick Lamarque d’Arrouzat, directeur général d’Ugitech. Les obsèques ont eu lieu le 14 janvier : ces deux semaines ont été remplies d’une extrême émotion pour l’ensemble des salariés, mais aussi pour toute la communauté uginoise et au-delà. Nous avons reçu des centaines de messages de soutien de la part de clients, fournisseurs, responsables politiques, etc. »

Lundi 17, une partie des salariés a repris le chemin de l’usine. Tous ont eu un accueil personnalisé de la direction : « Pour leur expliquer les faits, poursuit le dirigeant, et pour leur dire ce que nous allons mettre en place ». Fermée par arrêté préfectoral depuis les faits, l’aciérie ne repartira pas avant un certain temps… « C’est le préfet qui décidera de la reprise, en fonction de l’enquête qui est toujours en cours. Il nous faut encore 15 jours pour y voir plus clair sur une date éventuelle de redémarrage. » Les opérateurs qui y travaillent sont au chômage partiel.

Patrick Lamarque d’Arrouzat. Crédit photo : Ugitech

Reprise progressive

L’activité se remet cependant doucement en route sur la partie aval du process. « Les autres ateliers vont pouvoir reprendre la semaine prochaine sur la base des stocks qui avaient été constitués en fin d’année. On a environ un mois d’activité devant nous. » Le directeur estime pouvoir livrer 30 000 tonnes de produits, sur les 90 000 tonnes enregistrées sur le carnet de commandes.

« Depuis le 3 janvier, nous ne prenons plus de nouvelle commande. Nous devons déjà honorer celles qui y figuraient. » Pour y parvenir, Ugitech s’est d’ores et déjà mise à la recherche d’approvisionnements externes en Europe et ailleurs dans le monde. Le groupe Swiss Steel, auquel elle appartient, lui fournira une partie de la matière dont elle a besoin, mais cela ne suffira pas.

Le groupe s’est aussi engagé à soutenir Ugitech financièrement. « Ugitech a participé de façon positive à la trésorerie de Swiss Steel Group ces dernières années, explique Patrick Lamarque d’Arrouzat. Maintenant, il est là pour nous aider. J’ai la garantie qu’on aura la trésorerie nécessaire pour pérenniser notre activité. »

L’entreprise s’est également mise à la recherche d’autres soutiens, bancaires notamment, pour financer les investissements à venir, dont le remplacement du pont écroulé (plusieurs millions d’euros) et l’automatisation de son voisin de l’aciérie. « On réfléchit à un changement de technologie pour que les pilotes de ces ponts ne soient plus situés en-dessous, mais qu’ils puissent les manœuvrer à distance. » Ces deux-là sont les plus urgents à modifier, mais huit engins équivalents devraient l’être aussi dans un avenir proche.

90 autres ponts, utilisant une technologie différente, sont actuellement contrôlés un par un, au-delà de l’aspect réglementaire « pour rassurer les salariés ». Un examen qui prendra du temps et qui induit une reprise de l’activité très progressive. « Il y aura de l’activité partielle pour tout le monde dans les semaines à venir car on n’aura pas du travail pour tous les ateliers tous les jours. Ce sera en outre fonction de nos approvisionnements extérieurs. »

La direction table, pour le premier semestre, sur une activité divisée par deux par rapport à ce qui avait été budgété. « Mais mon horizon se limitant à la semaine prochaine, de nombreux changements peuvent encore intervenir, conclut le directeur général. Il faut déjà qu’on comprenne ce qui s’est passé. »

Soutien psychologique

Dès la survenue de l’accident, des cellules psychologiques ont été mises en place au sein de l’entreprise. Les salariés qui le souhaitent peuvent se faire accompagner par des professionnels de la santé, soit en interne, soit en externe avec l’hôpital d’Albertville. Le site d’Ugine compte 1400 employés, sur les 1800 d’Ugitech.

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