La secrétaire d’État Bérangère Abba est venue prendre le pouls des mesures prises pour la biodiversité, dans les étangs de la Dombes.
Avant de se rendre sur la Communauté de communes de la Plaine de l’Ain pour lancer le Marathon de la biodiversité, une opération qui vise à planter 42 km de haies et restaurer 42 mares sur son territoire (lire notre édition du 18 mars), la secrétaire d’État à la biodiversité, Bérangère Abba, a visité les Dombes. « Cette visite met l’accent sur les menaces qui pèsent sur ces zones humides : pollution, réchauffement climatique et épisodes de sécheresse qui mettent à mal la filière piscicole », s’est réjoui le maire de Marlieux, Jean-Paul Grandjean, lui-même propriétaire d’étangs.
Isabelle Dubois, présidente de la Communauté de communes de la Dombes, a rappelé pour sa part que ce territoire d’une richesse faunistique et floristique exceptionnelle, l’un des plus grands sites Natura 2000 de la région avec 26 000 ha, avait été forgé par la main de l’homme, dès le Moyen-Âge. Puis, elle a passé la parole aux différents partenaires de l’intercommunalité, qui travaille sur différentes thématiques (eau, agronomie, travail des sols…), tant avec la Chambre d’agriculture, qu’avec les propriétaires d’étangs, les fédérations de chasse et de pêche, les associations naturalistes ou encore, les syndicats mixtes, en vue d’enrayer l’érosion de la biodiversité observée depuis 30 ans. Témoin, la guifette moustac dont les nichées sont passées au fil des comptages, d’une trentaine à trois.
Une zone humide majeure
« Les Dombes restent une zone humide majeure en France, avec de nombreuses espèces animales et végétales rares. Les actions Natura 2000 doivent s’articuler avec d’autres programmes, schéma de cohérence territoriale (Scot), gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi) ou encore, projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE), en gestation, dans la perspective de solutions concrètes : meilleure gestion de la ressource en eau, création de bassins tampons pour l’alimentation des étangs, plantation de haies, restauration de roselières, piégeage des ragondins… » énumère l’élue dont le territoire est entré dans une démarche de labellisation Ramsar, soit une reconnaissance comme zone humide d’intérêt international.
Entre autres exemples, la Chambre d’agriculture et la Communauté de communes agissent depuis six ans, pour favoriser la reproduction des canards, dont la nidification s’érode. « Avec le réchauffement climatique, les coupes d’herbe interviennent plus tôt, en plein dans la période où les canes nidifient. Nous conduisons donc des essais prairiaux, avec des herbes dans lesquelles elles pourraient nicher, a expliqué Jean-François Thomasson pour la Chambre d’agriculture. Les solutions expérimentées ont été validées avec différents acteurs : la Ligue pour la protection des oiseaux, les chasseurs, les agriculteurs et l’intercommunalité. »
Des actions concertées
« Les prairies ensemencées concurrencent les prairies en ensilage où les hauteurs d’herbe sont très attractives pour les canards, a complété Pierre Brusty, président des chasseurs de gibier d’eau. Nous avons donc recherché des espèces qui poussent vite, mais peuvent rester hautes jusqu’au 20 juin, quand les herbes d’ensilage sont fauchées autour du 20 juin. » Et celui-ci de montrer à la secrétaire d’État, la solution utilisée pour compter les canes, sur les 83 ha répartis en 30 parcelles, où se déroule l’expérimentation.
« La biodiversité ne se reconstitue pas si l’on ne réconcilie pas et si l’on ne maintient pas les activités humaines. Vous représentez parfaitement les actions à mener, a félicité Bérangère Abba. Ce qui interpelle, ici, c’est la cohérence des différentes interventions. Vous avez su développer tout un écosystème. »
Le plan de relance et la biodiversité
Dans le cadre du plan France Relance, 250 M€ sont fléchés sur deux ans, pour accompagner des projets locaux en faveur de la biodiversité, dont 135 M€ pour la restauration écologique, 60 M€ pour les aires protégées, 40 M€ pour la protection du littoral et 15 M€ pour le renforcement des barrages. En Auvergne Rhône-Alpes, 19 M€ ont déjà été attribués, dont 1,727 pour le Parc national de la Vanoise, 1,6 pour neuf dossiers de restauration écologique, 3,6 pour 40 projets dans les aires protégées et 12 M€ distribués par les Agences de l’eau.
Par Sébastien Jacquart
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