Savoie et Haute-Savoie étoffent leurs réseaux cyclables en passant la vitesse supérieure au niveau de leurs investissements. Pour répondre aux attentes de leurs populations. Mais pas que !

Les collectivités territoriales des deux départements savoyards donnent un sérieux coup de pédale à l’aménagement des pistes cyclables. En Savoie, le Conseil départemental a voté en juin dernier un plan vélo pour les 10 ans à venir de 60 millions d’euros. De quoi étoffer un réseau composé d’environ 130 kilomètres de véloroutes aménagées et 200 km de bandes cyclables sur routes départementales.

« La Savoie va investir 5 fois plus par habitant que la moyenne des autres départements », se réjouissait alors Florian Maitre, conseiller départemental d’Aix-les- Bains, délégué aux mobilités du quotidien.

Des atouts de plus pour une Savoie qui aime les podiums cyclistes et pas seulement lors du Tour de France. Sa capitale Chambéry s’est ainsi distinguée en se classant à la troisième place du baromètre 2021 des villes cyclables de 15 000 à 100 000 habitants de la Fédération des usagers de la bicyclette.

Preuve supplémentaire de cet engouement, l’association Roue libre signalait le 2 octobre 2023 que le seuil des 600 000 passages cyclistes avait été enregistré au compteur du parc du Verney avec un mois d’avance par rapport à 2022 ! Le voisin haut-savoyard, qui accueillera les championnats du monde de cyclisme en 2027, accélère lui aussi. Il va investir 56 M€ pour un renforcement du Plan vélo départemental pour la période 2023-2027.

372 km de véloroutes en Haute-Savoie

En 2020, la Haute-Savoie comptait en 2020 près de 372 km de véloroutes d’intérêt départemental, dont près de 168 km aménagés ou balisés, parmi lesquelles 100 km en voies vertes. Avec cette nouvelle enveloppe, environ 400 kilomètres de voies cyclables devraient compléter l’offre.

L’année 2023 aura également vu la concrétisation d’un projet d’envergure : les aménagements cyclables de la rive est du lac d’Annecy ont été achevés. Le tour du lac à vélo peut être entrepris en toute sécurité. Cette dernière véloroute compte au total 15,5 km. Son coût de 31,7 M€ a été financé à 50 % par le Département et à 50 % par le Syndicat mixte du lac d’Annecy (Sila).

En dépit de ces investissements, des voix s’élèvent contre le projet de la Haute-Savoie Arena à La Roche-sur-Foron, salle modulable de concerts et d’activités sportives qui abritera un vélodrome pendant la compétition de 2027. Sa construction, disent les opposants, de l’ordre de 93 millions d’euros, se fera au détriment des déplacements à vélo. « Des aménagements cyclables réalisés à la vitesse d’escargot », selon France Nature Environnement 74.

Il n’empêche que les millions avalés dans les pistes cyclables peuvent rapporter gros. Outre une réponse aux attentes de la population en matière de mobilité douce, il s’agit aussi d’un atout touristique incontestable. « Nous travaillons sur la valorisation de ces véloroutes en renforçant nos actions de promotion », relève Véronique Ballanfat.

La responsable du marketing de l’offre et des marchés internationaux au sein de Savoie Mont Blanc Tourisme cible le grand public avec un potentiel de développement important. Ne serait-ce qu’en France avec 30 millions de pratiquants.

Ceci étant, il existe déjà sur le territoire des deux départements 300 structures bénéficiant du label « Accueil vélo » (des hébergeurs disposant d’un local vélo abrité ou encore des musées, des restaurants, etc.) et 863 moniteurs de cyclisme. Un secteur économique qui ne devrait pas avoir de coup de pompe dans les années à venir…

Viarhôna : objectif 2027

La ViaRhôna relie les rives du lac Léman au départ de Saint-Gingolph aux plages de la Méditerranée à vélo, en suivant le Rhône. Porté dans notre secteur par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, cet itinéraire de 815 kilomètres est un atout touristique mais il reste encore des pointillés sur le parcours. Le linéaire sur la Savoie s’étire sur 30 km environ. Le segment Motz -Serrières-en-Chautagne de 5 km reste à terminer.

Côté Haute-Savoie, le parcours est plus important. D’environ 100 km, la majeure partie de l’infrastructure est encore à réaliser sur le sud Léman, entre Annemasse-Machilly et entre Vulbens-Seyssel. Des études ou travaux sont en cours sur ces secteurs, dont la topographie est une contrainte majeure, explique-t-on du côté d’Auvergne Rhône-Alpes Tourisme.

Pour expliquer ce retard par rapport aux autres départements, cet organisme rappelle que le sud Léman n’a été intégré au projet ViaRhôna qu’en 2017. L’objectif affiché est une réalisation avant fin 2027. Selon une enquête diffusée par la Région Auvergne- Rhône-Alpes datant de 2022, un km aménagé génère 53 000 euros de dépenses sur le territoire par an.

Marie-Christine Fert

Cet article est issu de notre Panorama économique du BTP 2024, disponible au format liseuse en ligne ou au format papier.