Le bilan 2023 publié par Atmo Auvergne-Rhône-Alpes montre une amélioration de la qualité de l’air. Mais, d’ici 2030, une nouvelle directive européenne renforcera les exigences.
L’année 2023 confirme l’amélioration de la qualité de l’air observée sur l’ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Par rapport à 2007, les principaux polluants réglementés sont en baisse : -50 % pour le dioxyde d’azote (NO2), un traceur du trafic routier ; -49 % pour les particules PM 10 (de diamètre inférieur à 10 micromètres), -64 % pour les particules fines PM 2,5.
« La tendance régionale est plutôt positive, et même davantage marquée en Savoie et Haute-Savoie que sur le reste du territoire », analyse Guillaume Brulfert, correspondant territorial d’Atmo Aura, l’observatoire régional de la qualité de l’air.
Des marges de progrès
Cette tendance générale est à nuancer car l’amélioration ralentit pour les particules (PM 10 et PM 2,5) depuis cinq ans. L’évolution des niveaux moyens d’ozone reste par ailleurs en augmentation. Ce composé, qui apparaît quand il fait beau et chaud, a des effets négatifs sur la santé, la végétation et les cultures. Des études approfondies sont en cours pour comprendre les liens de cause à effet avec le réchauffement climatique.
La fermeture du tunnel du Mont-Blanc – et donc la réduction du trafic poids lourds – ont-elles eu un impact sur la qualité de l’air ? Une étude financée par la communauté de communes de la Vallée de Chamonix et par la Région italienne du Val d’Aoste devrait rendre ses conclusions prochainement. « Sur les particules, l’écart n’était pas aussi important qu’attendu. Pour le dioxyde d’azote, il est de l’ordre de 20 % », précise le correspondant d’Atmo.
Concernant les récentes poussières du Sahara et les déclenchements tardifs d’alerte, l’observatoire régional reconnaît que ses outils ne sont guère adaptés à la mesure de tels phénomènes, nettement plus rares il y a vingt ans : « Cela fait partie des évolutions que nous demandons au niveau national. »
Quoique positif, le bilan 2023 d’Atmo est à relativiser car les taux relevés dépassent encore les seuils préconisés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). D’autre part, la future directive européenne sur la qualité de l’air apportera, entre autres, un nouvel abaissement des seuils réglementaires afin de réduire les effets de la pollution sur la santé.
Pas encore aux normes OMS
« Sans atteindre encore les recommandations de l’OMS, l’Europe va voter des normes plus sévères au regard desquelles les pics de pollution risquent d’être beaucoup plus nombreux demain », prévient Guillaume Brulfert.
Applicable en 2030, la directive devrait également étendre le nombre des polluants mesurés Et elle renforcera la législation contre le benzopyren. Ce composé cancérigène – présent dans les secteurs accueillant un fort trafic routier, des industries et du chauffage au bois – est déjà mesuré ; mais il pourra faire l’objet d’un contentieux en cas de dépassement de la valeur limite.
Il n’y a plus de dépassement dans la vallée de l’Arve
La vallée de l’Arve figurait auparavant parmi les territoires régulièrement cités parmi les zones touchées par les pics de pollution. Le plan de protection de l’atmosphère mis en œuvre en 2012 (PPA 1) et le PPA 2 qui couvrait la période 2019-2023 ont visiblement porté leurs fruits.
Le territoire est revenu à des niveaux conformes aux seuils depuis cinq ans, ce qui suspend la nécessité réglementaire d’un PPA, mais sa topographie et ses activités demeurent des facteurs de risque. Il n’est pas exclu que les acteurs du PPA (État, collectivités, associations…) décident de reconduire les actions en place.
Sophie Boutrelle
Crédit photo : Atmo
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