Selon une nouvelle étude, la Suisse possède une des politiques agricoles les plus coûteuses au monde.
Les 3,8 milliards de francs (3,4 milliards d’euros) de dépenses officielles de la Confédération pour le groupe de tâches “Agriculture et alimentation” ne sont « que la pointe de l’iceberg » du coût du modèle agricole suisse, estime Avenir Suisse, un groupe de réflexion libéral, dans une étude publiée le 7 septembre.
En prenant en compte l’ensemble des coûts économiques directs et indirects, comme les coûts dévolus à la protection de la frontière et les désavantages à l’exportation dus à l’absence d’accords de libre-échange, mais aussi les « privilèges » et subventions accordés au secteur, le groupe estime que la politique agricole s’élève à environ 20 milliards de francs.
Une « provocation »
L’une des conséquences de cette politique, selon Suisse Avenir, est que le niveau des prix des denrées alimentaires en Suisse est en moyenne 78 % plus élevé que celui de la moyenne des pays de l’Union européenne. Pour réduire le coût de la politique agricole helvétique, le think tank recommande plusieurs mesures visant à déréguler, ouvrir les marchés, et abolir les subventions. Il propose notamment de réduire la protection douanière sur les biens agricoles, qui permettrait selon lui d’économiser 7,1 milliards de francs.
L’étude a suscité de nombreuses réactions parmi les acteurs du monde agricole. « C’est de la pure provocation, un véritable pamphlet », dénonce Jacques Bourgeois, directeur de l’Union suisse des paysans (USP), cité par la RTS. Il ajoute : « Il faut regarder la qualité des produits offerts sur les marchés par les paysans suisses. Et ne pas oublier que les structures de l’agriculture sont liées à la topographie et aux coûts du travail en Suisse. Je ne pense pas que les collaborateurs d’Avenir Suisse travaillent au Smic français. C’est vraiment du n’importe quoi ! » La chambre jurassienne d’agriculture AgriJura a également vivement critiqué l’étude dans un communiqué. Elle estime qu’il s’agit « d’une vulgaire approche d’économistes à l’esprit étriqué ».
Ce débat intervient alors que les Suisses sont appelés à voter le 23 septembre prochain pour deux initiatives sur l’agriculture. La première, pour la souveraineté alimentaire revendique une agriculture locale et durable, vise à augmenter le nombre de personnes travaillant dans ce secteur et à inscrire l’interdiction des OGM dans la Constitution. La seconde, pour des aliments équitables, souhaite quant à elle renforcer l’offre en denrées produites de manière écologique et équitable et à garantir que les produits provenant de l’étranger respectent ces standards.
Par Romain Fournier
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