L’Ain dans le peloton de tête de la croissance démographique

par | 09 février 2018

Avec 6 907 habitants de plus chaque année, l’Ain est parmi les départements les plus dynamiques démographiquement. Tout comme ses voisins:  le Rhône est au même niveau (les deux sont au 7e rang français) et la Haute-Savoie affiche carrément, en pourcentages, la plus forte progression en France métropolitaine.

L’Ain et le Rhône ex-aequo

Les départements de l’Ain (01) et du Rhône (69) affichent tous les deux une progression moyenne de +1,1% par an entre 2010 et 2015 nous apprend l’Insee dans une récente analyse. Ce qui les classent ex-aequo au septième rang de la France métropolitaine.

L’Ain a gagné 6 907 habitants par an en moyenne sur la période. Et le Rhône, mastodonte régional, 19 364 hab./an : davantage que Haute-Savoie (pourtant plus forte progression nationale, lire ci-dessous) et Ain réunis… En nombre d’habitants, la croissance du Rhône (96 818 en cinq ans) représente le tiers de la croissance de la région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), alors que sa population pèse moins d’un quart (23 %) de celle d’Aura.

Mais si, en cumul, le taux de variation dans l’Ain et dans le Rhône est identique, c’est en fait pour des raisons inverses. Certes dans les deux cas il y a à la fois une hausse du solde migratoire (plus d’arrivées que de départs) et du solde naturel (plus de naissances que décès). Mais dans l’Ain le solde naturel (0,5 %) a progressé moins vite que le solde migratoire (0,7 %)*. Tandis que dans le Rhône, c’est le contraire : 0,8 % pour le solde naturel, 0,3 % pour le solde migratoire.

* Ces taux sont arrondis ce qui explique la différence de 0,1% (entre 1,1% et 1,2%) quand on les additionne.

 

La Haute-Savoie championne de France

Le département de Haute-Savoie a grossi, en moyenne, de 11 170 habitants par an entre 2010 et 2015, nous apprend l’Insee dans la même étude.

Soit une progression de 1,5 % par an, qui résulte là aussi d’un fort solde naturel, à +0,6%/an et d’un solde migratoire encore plus positif, à +0,8 %.

Ce n’est pas totalement une surprise puisque la forte hausse démographique du ʺ74ʺ se poursuit depuis plus d’un quart de siècle. « Depuis 1990, la croissance annuelle de ce département attractif est très soutenue (+ 1,3 %) grâce à un solde migratoire deux fois plus important que celui de la région (NDLR : et 8 fois supérieur à la moyenne nationale) », relève l’Insee.

 

Tableau 1 : Evolution globale annuelle des populations d’Auvergne Rhône-Alpes, par département, entre 2010 et 2015 (cliquez pour accéder au format pdf) :

La Savoie 25e

Autre département frontalier de l’Ain, la Savoie affiche elle aussi une forte progression de sa population : + 2 649 habitants par an en moyenne sur 2010-2015. Avec un taux global de +0,6 %/an, avec +0,3 % pour le solde migratoire et +0,4 % pour le solde naturel (là aussi les arrondis expliquent la différence de 0,1% dans la somme). Cette progression est inférieure à la moyenne régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes (+0,8 % en global), mais reste supérieure à la moyenne nationale (+0,5 %).

 

L’Isère tirée par son solde naturel

Quant au quatrième département frontalier de l’Ain appartenant à la région Aura, il affiche +0,7%/an en moyenne annuelle globale, avec + 8937 habitants/an. Et c’est quasi uniquement dû à son solde naturel (+0,6%/an) quand son solde migratoire est à peine positif (+0,1%).

 

Le Genevois, champion des champions

Au sein de territoires départementaux et régional dynamiques, le Genevois français fait figure de champion des champions de la croissance démographique. La communauté de communes du Genevois (Haute-Savoie) connaît la plus forte hausse entre 2010 et 2015 avec +4,0 %/an. Suivie de celle du Pays de Gex (Ain), à +3,2%.

Évidemment, c’est grâce à l’attractivité de la grande voisine, Genève. Car dans les deux cas, l’augmentation est essentiellement due à l’excédent migratoire (+ 3,2 % et + 2,6 %/an). Les deux principales villes de ces intercommunalités, Saint-Julien-en-Genevois (+3,5 %/an) et Gex (+2,4 %), comptent alors parmi les cinq plus fortes progressions de la région pour les villes de plus de 10 000 habitants.

Tableau 2 – Les intercommunalités de l’Ain, classées par taux annuel moyen de variation de la population entre 2010 et 2015 (cliquez pour accéder au format pdf) :

Les (ex-)bastions industriels mis à mal

La région Auvergne-Rhône-Alpes et même l’Ain ou les Pays de Savoie ne comptent pas pour autant que des territoires en croissance démographique. La ruralité éloignée des grands centres urbains mais aussi les bassins (ou ex-bassins) industriels souffrent.

Ainsi, les départements de l’Allier (-01 %/an) et du Cantal (-0,3 %) sont globalement en replis. Tout comme les villes de Roanne (-1,1 %) ou Montluçon (-0,8 %). Dans l’Ain, la CC Haut-Bugey (aujourd’hui Haut-Bugey agglomération), autour d’Oyonnax et Nantua (-0,2 %) et surtout la CC du plateau d’Hauteville (-1,2 %) sont les deux intercommunalités (sur 17 au total) qui perdent des habitants. Pour le Haut-Bugey, il faut sans doute y voir, en partie, un effet conjoncturel : l’étude porte sur 2010-2015 or ce sont les années où le bassin de la plasturgie a le plus souffert des effets de la crise mondiale démarrée en 2008. La plasturgie ayant, depuis, repris des couleurs, il n’est pas impossible que les tendances post 2015 soient plus positives. En ce qui concerne le plateau d’Hauteville, l’effet éloignement des grands centres urbains est probablement l’explication principale de ce ralentissement démographique.

 

En Pays de Savoie,  la commune de Passy en Haute-Savoie, ancien bastion industriel, affiche (-0,9 %). Tandis que la communauté de communes (CC) Maurienne Galibier (Savoie) souffre également de la désindustrialiation avec peut-être, en plus, l’effet ʺstationsʺ (lire ci-dessus) pour les villages des hauteurs. Autour de Saint-Michel-de-Maurienne (Savoie), Maurienne-Galibier est l’intercommunalité qui souffre du plus fort taux de recul en Pays de Savoie (-1,4%).

Tableau 3 – Les intercommunalités de la Haute-Savoie, classées par taux annuel moyen de variation de la population entre 2010 et 2015 (cliquez pour accéder au format pdf) :

 

Les zones touristiques de montagne sur la mauvaise pente

Plusieurs zones touristiques de montagne sont elles aussi en repli. Parfois, quand le territoire des intercommunalités va du fond de vallée aux sommets enneigés, cela peut rejoindre des problématiques de désindustrialisation : Maurienne Galibier (Saint-Michel), Coeur de Maurienne (Saint-Jean-de-Maurienne), Pays du Mont-Blanc (Passy voire Sallanches).

Mais dans ces zones de montagne il y a également l’effet « prix de l’immobilier » qui touche les stations (en premier lieu) mais aussi les communes voisines. La flambée des prix, due à l’attrait touristique et à la multiplication des résidences secondaires, empêche les populations locales de se loger voire de travailler ʺau paysʺ.

De nombreux secteurs touristiques de montagne perdent des habitants : les CC de la Vallée de Chamonix et du Pays du Mont-Blanc (-0,3 %), les CC Val Vanoise Tarentaise et Coeur de Tarentaise (-0,5 % chacune), Haute-Maurienne Vanoise (-0,8 %), Coeur de Maurienne Arvan (-1 %) et Maurienne Galibier (-1,4 %).

 

Tableau 4 – Les intercommunalités de la Savoie, classées par taux annuel moyen de variation de la population entre 2010 et 2015 (cliquez pour accéder au format pdf) :

 

Auvergne-Rhône-Alpes : + 300 000 habitants

Au final, avec un taux global de +0,8%/an, Auvergne-Rhône-Alpes (AURA), deuxième région la plus peuplée derrière l’Ile-de-France, est la quatrième région la plus dynamique en termes de croissance démographique, sur 2010-2015. Derrière la Corse, l’Occitanie et les Pays de la Loire. Là encore, c’est le résultat du cumul « solde migratoire (+0,3 %) + solde naturel (+0,4 % ; les arrondis expliquent toujours la différence de 0,1% dans l’addition des deux taux)« .

En cinq ans, AURA a gagné près de 300 000 habitants (299 620 pour être précis) et atteint ainsi, en 2015, 7 877 698 habitants.

Si, comme déjà évoqué, le Cantal et l’Allier reculent, les 10 autres départements de la région sont en hausse.

 

En France, 27 départements stagnent ou reculent

La moyenne nationale sur 2010-2015 est à +0,5% par an, avec +0,4% pour le solde naturel et +0,1% pour le solde migratoire. Ce qui est assez proche des moyennes enregistré sur 1990-2010.

Derrière la Haute-Savoie, championne de France métropolitaine (+1,5 %/an en global), la Haute-Garonne et l’Hérault font quasiment aussi bien (+1,4%). Outre-mer, la Guyane fait même mieux (+2,6%/an), grâce à un solde naturel exceptionnel +2,3%/an. C’est bien plus que n’importe quel autre département. Car mis à part la Seine-Saint-Denis (1,3%/an), la Réunion (1,2%), le Val-d’Oise (1,1%), les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne (1%), tous les autres départements ont un solde naturel sous la barre de 1%/an.

Mais tous les territoires de France ne progressent pas. « Le nombre de départements où la population est stable ou en baisse augmente (27, soit 13 de plus qu’entre 1990 et 2010), conclut l’Insee. Pour l’essentiel, ils sont localisés sur une diagonale allant des Ardennes au Massif central. »

 

Sources :

Analyse nationale – Du nord au sud, les mouvements naturels et migratoires opposent les départements, par Vincent Vallès, direction régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes, Insee. A lire sur : https://www.insee.fr/fr/statistiques/3288449

Analyse régionale et locale – Une croissance démographique soutenue mais des disparités départementales, par Christelle Thouilleux, Insee. A lire sur : https://www.insee.fr/fr/statistiques/3292061

A lire aussi :

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