La sécurisation de l’apport en eau devient un enjeu dans les alpages. La Société d’économie alpestre de Haute-Savoie en a fait le thème de son congrès.
L’été 2022 a engendré une averse de questionnements dans les alpages. Ultra-sèche, cette période a en effet vu les ruisseaux et les sources se tarir, l’herbe jaunir et ne plus pousser et les bêtes souffrir de la chaleur, y compris en altitude. Certains éleveurs en ont été quittes pour monter des tonnes d’eau ou redescendre leurs troupeaux dans les vallées plus tôt que prévu. « Cet été a illustré ce qu’on nous annonce depuis des années », résume Anne-Lise Bard-Houdant, directrice de la Société d’économie alpestre de Haute-Savoie (SEA 74), qui tenait dernièrement son congrès autour de ce thème.
« Parmi les nombreux travaux pastoraux accompagnés par la SEA, les travaux liés à l’eau et à l’assainissement prennent une part importante », précise Fabienne Duliège, la présidente. « En 2022, sur 2,7 millions d’euros d’aides sollicités auprès du Département ou de la Région, 1,5 million, réparti sur vingt projets, concernait des travaux d’eau. » Sécurisation ou recherche d’une source, mise en place d’un stockage, d’un système d’adduction… : les besoins varient et les solutions sont souvent sur mesure.
À l’alpage des Foges par exemple (commune de Samoëns), un névé suffisait jusqu’à présent pour alimenter le secteur. Mais depuis quelque temps, les étés chauds ont accéléré la fonte et l’évaporation, au détriment des troupeaux. « Du coup, l’alpage a été équipé d’un système de récupération et de stockage de l’eau de fonte », détaille la directrice de la SEA 74. Autre exemple mis en valeur : l’alpage-école de Sulens, où un système complet d’adduction d’eau, avec une très bonne desserte de toute la zone, a été mis en place.
« Les besoins en eau de tous les troupeaux de Haute-Savoie pour une saison d’estive sont compris entre 200 000 et 350 000 m3. Soit l’équivalent des besoins de 11 000 habitants », indique Anne-Lise Bard-Houdant. Une goutte d’eau si on compare aux seules retenues collinaires des stations, dont certaines font 350 000 m3… L’idée est donc désormais de récupérer l’eau au bon moment, de la stocker et de la restituer si nécessaire.
« Cela sera toujours moins coûteux en eau de bien abreuver les bêtes en alpage, où elles broutent une végétation “spontanée”, plutôt que de produire du fourrage avec de l’irrigation en plaine », conclut la directrice.
Sylvie Bollard
0 commentaires