Bâtiment : Impliquer l’usager dans la construction

par | 12 octobre 2017

L’Ainterpros du bâtiment durable a profité du salon de l’habitat de Bourg pour organiser un séminaire sur l’assistance à maîtrise d’usage.

« Le premier écueil de la performance énergétique n’est pas lié à la technologie, mais aux usages », estime Mathilde Duzias, assistante à maîtrise d’ouvrage, coach et formatrice en accompagnement au changement. Celle-ci fait partie de Vie to B, un groupement de professionnels qui, comme elle, se chargent de faire de « l’assistance à maîtrise d’usage », de jouer un rôle de médiation entre les donneurs d’ordre de la construction, les différents corps de métiers et les futurs utilisateurs d’un bâtiment. Aussi témoignait-elle de son expérience lors d’un séminaire sur la place de l’usager face aux innovations dans la construction, organisé sur le salon de l’habitat de Bourg-en-Bresse, lundi 9 octobre, par l’Ainterpros du bâtiment durable.

Équilibres sensibles

Avant elle, Sylvain Mangili, délégué régional de l’Agence Qualité Construction, a pu citer de nombreux mésusages ou malfaçons nés, à l’évidence, d’une mauvaise consultation. Association loi 1901, l’agence est en effet une sorte d’observatoire qui analyse le fonctionnement de bâtiments sélectionnés pour leurs particularités, leur caractère innovant. « Les bâtiments sont de plus en plus techniques avec des équilibres sensibles où le plus petit grain de sable dans l’engrenage peut poser problème, constate-t-il. Nous travaillons ainsi de plus en plus l’étanchéité du bâtiment pour éviter les ponts thermiques ou les fuites d’énergie. Et à la première occasion, l’usager bricoleur — mal informé — va percer l’enveloppe pour faire passer un câble d’antenne ou un tuyau de poêle. On tient compte de la lumière naturelle et des apports en énergie solaire dans le chauffage d’une habitation, mais le locataire place des matériaux occultant pour préserver son intimité. L’ajout d’équipements non prévus vient également impacter la performance énergétique du bâtiment, typiquement : le chauffage d’appoint que le salarié frileux ramène au bureau. » Et le délégué régional de faire défiler de nombreuses photos de capteurs de température mal placés (à côté d’une porte), de commandes de chauffage trop compliquées, de thermostats d’accès mal aisé, d’aérations mal placées que les usagers ont fini par boucher, de pare-soleil manquants qui conduisent à occulter les fenêtres, provoquant cumuls de chaleur et recours à la lumière artificielle en pleine journée. Il aura toutefois également mis en exergue de bonnes pratiques comme ce système qui maintient une ventilation naturelle, maîtrisée par l’usager, mais lui associe des capteurs et des témoins lumineux pour signaler quand il serait pertinent d’ouvrir.

Dialogue « double flux »

Si tous ces exemples témoignent de l’intérêt d’impliquer l’usager dans la conception des bâtiments, reste à savoir comment. Mathilde Duzias a décrit une démarche en quatre étapes (cadrage, diagnostic, actions et pérennisation) où Vie to B a provoqué un « double flux de dialogue » entre un bailleur social isérois, Pluralis, les acteurs de la rénovation et les locataires. L’étape du diagnostic a permis d’établir une cartographie des différents acteurs et de repérer les principaux pour créer un comité d’usage. Les actions, elles, ont visé à favoriser les échanges de manière participative et équitable. Des réunions ont permis d’aborder différents points pratiques, mais aussi de rêver à différents usages. Quant à la pérennisation, elle vise à faire perdurer l’état d’esprit de la conception, tout au long de la vie du bâtiment. L’expérience a eu un tel succès avec Pluralis que le bailleur a embauché une chargée de mission pour poursuivre la démarche dans le temps. Ailleurs, c’est une association qui remplit ce rôle. Il faut dans tous les cas apporter un soin particulier à l’accueil des nouveaux usagers. « L’impact est difficilement mesurable, a conclu Mathilde Duzias, mais il est réel. En termes d’économie d’énergie, on l’évalue entre 10 et 20 %. »


L’Ainterpros

L’Ainterpros du bâtiment durable est née en 2015 à l’initiative de la Direction départementale des territoires (DDT). Elle rassemble le conseil d’architecture d’urbanisme et d’environnement (CAUE), l’Agence locale pour l’énergie et le climat (Alec 01), BTP Ain, la Capeb, l’Association des architectes, la Fédération interprofessionnelle du bois, les Constructeurs aménageurs, la CCI, la chambre de métiers, le Département et l’association des maires ruraux de l’Ain. L’essentiel de ses actions consiste à organiser des visites de bâtiments performants mettant en œuvre différents matériaux, techniques et approches.


Du bon usage du bois bûche pour la qualité de l’air

Dans le cadre du livre blanc de la filière bois, une action de sensibilisation est mise en place.

chauffage boisSe chauffer au bois, c’est bon pour l’environnement, à condition de le faire correctement. Le Département a profité du salon de l’habitat pour lancer, vendredi 6 octobre, l’opération « Bois bûche, pour un air de qualité, tous acteurs dans l’Ain ». Cette opération — portée par l’Agence locale de l’énergie et du climat (Alec 01), en partenariat avec les différents acteurs de la filière — intervient dans le cadre du livre blanc de la filière bois. Elle vise à sensibiliser les particuliers et les professionnels à la nécessité d’accélérer le remplacement des anciens systèmes de chauffage au bois et d’utiliser des bûches de qualité. En effet, parmi les différents polluants atmosphériques, si les oxydes d’azote proviennent essentiellement du trafic routier, les particules fines (PM10 et PM2,5) émanent majoritairement d’une mauvaise combustion du bois (37 % des PM10), selon Didier Chapuis, directeur territorial d’Atmo Auvergne Rhône-Alpes.

Pour remédier à cela, il faut déjà renoncer aux foyers ouverts qui émettent jusqu’à 100 fois plus de particules PM10 que les appareils de chauffage au bois les plus récents et les plus performants. Mais, il faut en plus remplacer tous les appareils antérieurs à 1996, date avant laquelle on se souciait davantage de design que d’optimisation de la combustion. Les vendeurs et installateurs veilleront à orienter les particuliers vers des systèmes correctement dimensionnés par rapport aux locaux à chauffer et au positionnement du chauffage dans l’habitat, avec le label Flamme Verte comme gage d’une meilleure performance.

L’entretien joue également son rôle, sachant que 1 mm de suie engendre une baisse de performance de l’ordre de 6 %. Enfin, il faut un combustible de qualité, « du hêtre, du chêne, de l’érable… Bref, des feuillus durs, en bûches fendues, sans branches et sèches, c’est-à-dire avec un taux d’humidité inférieur à 23 % », décrit Katia Beaud, productrice de bois à Thoiry, présidente de Rhône-Alpes Bois Bûche et vice-présidente de France Bois Bûche. Mieux vaut donc bien choisir son fournisseur.


Par Sébastien Jacquart

 

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