YpHen dépollue les sols grâce à ses champignons

par | 10 septembre 2021

La start-up thononaise qui cultive des champignons mangeurs de polluants lance une nouvelle levée de fonds de 1,5 M€ pour financer sa pré-industrialisation.


Par Matthieu Challier

« Les champignons sont les meilleurs recycleurs de la nature et, étonnamment, ils ne sont pas utilisés dans l’industrie humaine du recyclage. » C’est pour combler cette carence qu’YpHen a vu le jour en janvier 2018. Créée par Gil Burban et Mathieu Pillet, la start-up thononaise ambitionne de dépolluer les sols en utilisant une batterie de champignons spécialement entraînés. Aujourd’hui, elle dispose d’une « mycothèque » de 25 souches en production régulière, habituées à pousser sur des polluants génériques, comme des hydrocarbures. «  Les champignons sont ainsi capables de biodégrader les produits pétroliers. Le polluant est littéralement mangé par le champignon et disparaît.  »

De la dépollution à l’agrotechnologie

Afin d’améliorer l’efficacité du procédé, YpHen a développé une approche de fermentation des champignons en phase liquide qui permet d’injecter les champignons dans les sols à dépolluer et de traiter beaucoup plus facilement de gros volumes.Elle a ensuite mis au point un procédé d’encapsulation de sa solution dans des sortes de billes gélifiées, réalisées à partir d’algues biosourcées et d’une autre famille de produits qui permet d’augmenter leur résistance mécanique avec des fibres. Un procédé innovant qui est protégé par deux brevets.

Cerise sur le champignon, cet inoculum en bille présente des caractéristiques physiques (résistance aux stress chimique et thermique notamment) qui lui ouvrent des débouchés dans d’autres domaines. «  Notre inoculum permet d’envisager d’encapsuler d’autres produits complexes, avec notamment des débouchés possibles dans le champ de l’agriculture.  » Plusieurs acteurs importants de « l’agro » auraient déjà manifesté des signes d’intérêt.Afin de démontrer l’efficacité de sa solution technologique, YpHen multiplie les chantiers pilotes, principalement en Suisse où le marché de la dépollution est à la fois plus dynamique et plus rémunérateur.

Fin 2020, la jeune pousse a ainsi réussi à dépolluer une parcelle de 500 tonnes de terre très chargée en hydrocarbures, pour le compte de Piasio, filiale suisse du groupe Colas. Il s’agit du plus gros chantier de dépollution de cette nature réalisé en Europe. «  Ce succès démontre que nous sommes parvenus à une maturité technique qui nous permet de nous lancer dans la pré-industrialisation  », souligne Gil Burban.Pour soutenir son développement, la start-up lance donc une troisième levée de fonds d’1,5 M€.

Des investisseurs historiques suisses ont déjà pris un ticket à 200 000 euros, de même que l’incubateur genevois Fongit qui a misé 100 000 euros. YpHen espère finaliser le tour de table d’ici le début de l’année prochaine. Confiante, elle prospecte déjà pour un terrain qui pourrait accueillir sa future usine. «  Le but, c’est de définir notre cahier des charges, puis de tester le design industriel et les options techniques qui feraient la part belle à l’automation et au 4.0. Et c’est aussi, bien sûr, de démontrer la validité commerciale de notre technologie.  »


Double nationalité

Si Yphen est implantée dans la zone industrielle de Vongy, en périphérie de Thonon, elle est la filiale française d’une société genevoise, Edaphos. Majoritairement détenue par ses deux fondateurs, Gil Burban et Mathieu Pillet, elle possède également un bureau d’études à Genève, Adaphos engineering. Si le chiffre d’affaires d’YpHen reste marginal, Adaphos doit réaliser 200 000 euros de chiffre d’affaires en 2021 et table sur 350 000 euros en 2022.


1 Commentaire

  1. Jean-Marc BORNAREL

    Projet à suivre

    Réponse

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