Cette fois, c’est sûr: la France peut réellement se targuer d’être un pays qui aime complexifier les choses avec des lois, des textes, des amendements, des rapports, des dérogations… Un empilement, un mille-feuille législatif et réglementaire pas toujours facile à digérer. Comprenez-moi bien: je ne dis pas qu’il ne faut plus de lois du tout. Simplement, cet amoncellement, souvent obscur de surcroît, me pèse. D’autant plus que parfois, cela s’apparente un peu à du bricolage.
Ainsi en est-il du travail le dimanche. Le principe du repos dominical est posé depuis une loi de 1906, agrémentée d’exceptions pour certains commerces. Depuis, elle a été enrichie d’ingrédients divers et variés, comme des dérogations pour les grandes zones touristiques ou commerciales, des secteurs comme les jardineries ou l’ameublement. Dernier secteur dont Jean-Paul Bailly (l’ancien Pdg de la Poste), chargé par le Premier ministre d’un rapport complet sur le travail dominical, doute de la pertinence. Mais de dérogations en dérogations, où en est-on exactement ? Et, finalement, quelle est la bonne recette ?
Je m’interroge. Il est avancé des hausses de chiffres d’affaires consistantes pour les enseignes ouvertes le dimanche, mais cela suffira-t-il à faire face aux charges ? Parce qu’un salarié qui travaille le dimanche, il faut bien le payer davantage que les autres jours ! Le consommateur, dans tout ça, achètera-t-il vraiment plus ? Parce que si son salaire à lui n’augmente pas, il aura toujours le même budget, finalement.
Et puis, dans ma vision idyllique d’une société basée sur un juste partage des richesses, j’imagine que les salariés concernés devraient avoir leur mot à dire. C’est déjà le cas, me direz-vous ? Pas sûr. Pour me faire une idée sur ce point, je me suis rendue dans une grande enseigne samedi après-midi (l’horreur totale, un monde fou, je déconseille en passant). Elle ouvrira ses portes les dimanches d’avant-fêtes (et admettons-le, sur ce cas précis, c’est bien pratique pour les têtes en l’air). Je questionne, l’air de rien, les « petites mains » : certain(e)s ont eu le choix, d’autres pas. Ceux (celles) qui acceptent volontiers le font uniquement pour gagner un peu plus. Les autres font grises mines, au son de « Et les enfants, si mon conjoint travaille aussi, qu’est-ce que j’en fais ? »
A moins que… Le Gouvernement prévoit-il une nouvelle série de dérogations pour les crèches et les centres de loisirs ?
0 commentaires