Deux établissements locaux pourraient être repris par d’autres enseignes, mais pas leurs salariés.
Neuf magasins Carrefour Contact ou Contact Marché vont fermer leurs portes en Pays de Savoie. Six en Haute-Savoie : Annemasse (rue Barbusse), Anthy-sur-Léman, Bonneville, Scionzier, Seynod (avenue d’Aix-les-Bains) et Thonon. Et trois en Savoie : Aix-les-Bains (boulevard de Lattre de Tassigny), Bourg-Saint-Maurice et Saint-Jean-de-Maurienne (avenue du 8 mai). En moyenne, chaque magasin compte 6 à 7 salariés en équivalent temps plein. C’est donc une soixantaine d’emplois qui est concernée localement.
Carrefour France se montre peu disert sur cette restructuration qui touche 273 magasins ex-Dia au niveau national (2 100 salariés). Le groupe a même diffusé des consignes de silence. Pas franchement utile, vu le peu d’informations distillées en interne : les salariés concernés avec lesquels nous avons pu nous entretenir indiquaient avoir découvert cette restructuration… dans les médias, sans aucune information préalable de la direction ou des partenaires sociaux. Et qu’ils ne disposaient toujours pas à l’instant “t” d’éléments officiels quant à la date de fermeture ou aux possibles offres de reprise ou de reclassement.
Quels reclassement ?
Le magasin d’Aix-les-Bains fait partie des 23 pour lesquels Carrefour a enregistré une offre de reprise. Celui de Saint-Jean-de-Maurienne est dans la liste des 22 autres magasins pour lesquels une offre formelle de reprise « est attendue d’ici début juin», nous a tout de même indiqué le service presse de Carrefour France. L’offre de reprise pour Aix-les-Bains émanerait, selon d’autres sources, du groupe Action, distributeur néerlandais non alimentaire, focalisé sur les bas prix et déjà présent à Bassens, Pont-de-Beauvoisin et Scionzier. Mais elle n’inclurait pas de reprise globale des salariés.
Sept magasins sur neuf n’ont donc à ce jour fait l’objet d’aucune offre de reprise et devraient fermer leurs portes entre le 30 juin et le 21 juillet. Si dans le cadre d’un accord national qui «a pour objectif de reclasser l’ensemble des salariés qui ne seraient pas repris» Carrefour s’est engagé à proposer à chaque salarié concerné « 3 offres d’emploi localisées et personnalisées, 2 en interne et 1 en externe», localement, aucun n’a, pour l’instant et selon nos informations, reçu de proposition. Mais ils ont déjà accès à un site Internet où sont répertoriées des offres d’emploi au sein du groupe. En outre, la société Provencia, qui gère en franchise des magasins sous enseigne Carrefour en Rhône-Alpes, aurait de sa propre initiative proposé des emplois dans ses magasins situés à proximité de certains de ceux voués à fermeture.
Pas sûr que les salariés concernés se précipitent. «Ceux qui sont un peu âgés s’inquiètent davantage pour leur reclassement, mais pas les jeunes, nous confie un salarié haut-savoyard concerné. Il y a du travail dans le département, voire en Suisse. » Et puis, pronostique un autre, « beaucoup vont préférer toucher les primes de licenciement avant de penser à leur futur emploi».
À bientôt 60 ans, le groupe est à un nouveau croisement
Le nom de Carrefour vient de l’emplacement du premier magasin, situé à l’important carrefour du Parmelan à Annecy, où est né le groupe en 1959. Les familles fondatrices (les Fournier de Haute-Savoie et les Badin et Defforey de l’Ain) ont conservé les rennes du groupe jusqu’au tournant des années 2000, faisant naître et grandir un géant du commerce moderne.
Sauf que la modernité passe vite et que le groupe est maintenant à un nouveau croisement, confronté qu’il est aux évolutions de la distribution : Internet, drive, diminution de l’attrait du modèle de l’hypermarché… L’an dernier, il a perdu 531 millions d’euros, pour 88 milliards d’euros de chiffre d’affaires avec près de 115 000 salariés dans le monde. D’où la vaste restructuration engagée. Avec la réduction du parc de magasins de proximité en France : 273 cessions/fermetures, mais aussi 79 passages en location-gérance (dont Ferney-Voltaire et Saint-Genis-Pouilly localement). Avec également la suppression de 2 400 postes dans les sièges sociaux (région parisienne), la signature d’alliances en Chine, la poursuite du développement en Amérique latine et la programmation d’investissements massifs dans le numérique.
Par Éric Renevier
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