Notre cerveau face aux hypersollicitations

par | 21 décembre 2017

À l’ère du numérique, difficile de se concentrer deux minutes sans être dérangé par une notification. Voici pourquoi il est essentiel de se recentrer.

« Il est impossible pour notre cerveau de dépasser ses ressources, de traiter plus d’un certain nombre d’informations. On essaye pourtant tout le temps de le faire. Le problème, quand la capacité de traitement du cerveau est dépassée, c’est qu’une partie de l’information n’est plus traitée. Quand vos activités concernent la sécurité, vous vous mettez en danger. Quand elles concernent la qualité, vous commettez des erreurs », explique Gaël Allain, docteur en psychologie cognitive, auteur de plusieurs ouvrages sur la performance au travail et fondateur de la start-up My Mental Energy Pro. Invité à donner une conférence sur les moyens de faire face aux sursollicitations numériques, mardi 12 décembre dans le cadre du réseau BB+, l’homme fait lever l’auditoire et lui propose un petit tour de magie. Une vidéo viendra quelques minutes plus tard achever la démonstration de la facilité avec laquelle on peut surcharger le cerveau. « C’est une machine vieille de 200 000 ans. Et non seulement, à l’époque, les informations à traiter étaient d’une nature complètement différente, mais en plus, aujourd’hui, certaines de nos activités ne semblent pas avoir de fin, poursuit le spécialiste. Heureusement, il est facile de leurrer le cerveau. Je suis personnellement adepte des to do lists. C’est un moyen de matérialiser une progression et de lui faire plaisir. »

Se concentrer

La sursollicitation de nos capacités cognitives ne pose pas seulement un problème de sécurité ou de qualité, mais également de bien-être. « La gestion des émotions et les relations avec nos pairs mobilisent aussi des ressources. Résultat, à cause des sursollicitations, des gens deviennent agressifs. » Faire des choix, c’est la base de la concentration. « Des études ont démontré que, interrompus dans une activité principale par une activité secondaire, nous allions mettre 30 % de temps en plus, en moyenne, pour terminer la première, temps de réalisation de la seconde déduit », révèle Gaël Allain. Et celui-ci, provocateur, d’interroger son auditoire : « De combien de temps sans interruption disposez-vous, dans votre journée ? Demain, trouver le temps de se concentrer vaudra de l’or, d’autant que la mécanique de l’attention est fragile. »

Le docteur en psychologie cognitive propose alors un exercice, 10 secondes sur une jambe, dix secondes sur l’autre, les yeux fermés, qui permet de solliciter la proprioception et de conditionner le cerveau à traiter 15 % d’information en plus. Un moyen comme un autre de remobiliser de la ressource. « On est trop statique au bureau. Quand on est debout, on a l’esprit plus vif et on ne prend pas les mêmes décisions. Les réunions debout sont aussi plus productives. »

Lâcher prise

Le problème des sollicitations permanentes est surtout qu’elles ne permettent pas au cerveau de se régénérer. « Les sciences cognitives ont établi de manière assez récente, dans les années 1990, que le cerveau consomme environ 80 % de son énergie… quand il est au repos. Les moments proscrits au travail, ceux où l’on rêvasse, ceux où l’on se détend, sont ceux où un maximum d’information est traité, notamment l’organisation de nos connaissances et notre mémoire », révèle Gaël Allain. Il invite donc chacun à s’aménager des moments pour soi, hors sollicitations, dans des espaces appropriés, des lieux de détente, idéalement des grands espaces.


Une appli contre l’infobésité

Assumant la contradiction dans les termes, Gaël Allain a développé une application mobile d’écologie mentale, My Mental Energy Pro, pour permettre à ses utilisateurs de concilier bien-être et performance au travail, par un ensemble de micro-exercices audios.


Par Sébastien Jacquart

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