Plusieurs chiffres tombés en ce début d’année n’augurent rien de bon pour l’économie suisse.
Du jamais vu depuis dix ans. La bourse du pays a terminé l’année 2018 10 % plus bas qu’elle ne l’avait commencé. De plus, le baromètre du centre d’études conjoncturelles (KOF) de l’EPFZ, publié la semaine dernière, a perdu 2,6 points en décembre par rapport à novembre pour s’établir à 96,3 points largement en deçà de sa moyenne de long terme. Selon le KOF, cette baisse est due au manque d’activité dans l’industrie manufacturière et la construction.
Les signaux en provenance du secteur financier et de la consommation privée sont également négatifs. Autre indicateur inquiétant, selon le baromètre de la banque Raiffeisen, la dynamique de croissance des PME du secteur manufacturier s’est ralentie, et des entreprises suisses seraient moins optimistes. Sentant le vent tourner, les économistes de la Confédération viennent de réviser leurs prévisions de croissance pour l’année 2019 à 1,5 %, alors qu’ils tablaient encore sur 2 % en octobre dernier.
Le pays a en effet souffert du contexte international marqué par la guerre commerciale que livre le président américain Donald Trump au monde entier et en particulier à la Chine. La mise en place de nouveaux tarifs non seulement augmente le prix des produits à l’export, mais augmente aussi le coût des matières premières. Par conséquent, les produits suisses s’exportent moins. En outre, le Brexit ajoute à l’incertitude générale sur l’économie européenne.
Pas d’embellie à l’horizon
Cédric Tille, professeur d’économie à l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève, n’est pas plus optimiste. Il a déclaré au journal Le Temps qu’il existe des outils pour faire face à la crise économique qui se profile, « mais [qu’] ils ont déjà largement été mis à contribution ».
Les banques centrales « n’ont pas encore digéré la précédente crise et ne sont donc pas dans leur meilleure disposition pour affronter une nouvelle crise », ajoute l’expert. Il estime de plus que ces difficultés sont susceptibles de faire monter le franc suisse, qui est une valeur refuge pour les investisseurs lors des périodes difficiles, ce qui, en augmentant encore la valeur des marchandises helvétiques, ne devrait pas arranger les exportations du pays…
Par Romain Fournier
0 commentaires