Après que les intervenants de la soirée prestige du CJD de l’Ain aient exposé leurs vues sur le devenir de l’être humain, le public a pu les interroger sur les enjeux du digital et de l’environnement.
Au terme de la soirée prestige organisée par le CJD de l’Ain (Centre des jeunes dirigeants), le 11 avril, sur le thème “Demain sera-t-il humain ?” (lire notre édition du 25 avril), le public a pu poser ses questions aux deux intervenants : Stéphane Mallard, entrepreneur spécialiste de l’intelligence artificielle et des disruptions, et Dominique Bourg, philosophe enseignant à l’université de Lausanne, faculté des géosciences et de l’environnement.
Comment utiliser l’intelligence artificielle pour améliorer l’environnement ?
« Travailler des algorithmes pour réduire l’énergie employée est une piste intéressante, mais c’est une goutte d’eau dans l’évolution globale des consommations, a répondu Dominique Bourg. Un bureau d’études a travaillé sur les moyens de réduire notre consommation de 50 % à l’échelle planétaire. La seule solution réside dans un changement de nos comportements de consommation, vers une cure d’amaigrissement drastique. Pour sauver la planète, il faut consommer moins. Nous allons devoir renoncer à certaines choses, comme à l’agriculture conventionnelle qui consomme 10 calories d’énergie fossile pour produire une calorie alimentaire. Il va falloir s’orienter vers d’autres formes d’agricultures qui existent d’ailleurs déjà. »
Que devient l’humain si la machine le remplace ?
« C’est l’objectif de la machine que de permettre à l’humain de ne pas travailler, estime Stéphane Mallard. Il suffit d’observer ceux qui n’ont pas besoin de travailler, les enfants, les personnes âgées, les gagnants du loto… »
« Des sociétés oisives, on en a connu, prévient Dominique Bourg. On allait au cirque pour voir les chrétiens se faire dévorer par les lions… On n’avait pas des activités très glorieuses. Pour nous autres humains, c’est un défi gigantesque. »
Comment faire évoluer l’éducation ?
« Sur la question du climat, on assiste à une levée de boucliers de la société civile », note Dominique Bourg sur sa partie.
« Dans les sociétés occidentales, on n’éduque plus, on sélectionne, relève de son côté Stéphane Mallard. On fait émerger une élite qui sait gérer, mais pas prendre des risques. En France, on forme de brillants trouillards. »
Comment préparer ses collaborateurs ?
« Non, mais le salariat est mort, lance Stéphane Mallard. Il est né avec l’entreprise, pour réduire les coûts de coordination. Or, ces coûts se sont considérablement réduits, aujourd’hui. Il serait surtout bon que les collaborateurs se responsabilisent et se forment eux-mêmes. »
Selon vous, on se dirige plutôt vers “Mad-Max”, “1984” ou “Idiocracy” ?
« Difficile à dire. De toute façon, dans quelques décennies, la terre sera plus difficilement habitable », prophétise Dominique Bourg.
« Plutôt que “1984”, je dirais “Le Meilleur des Mondes”, une sorte de dictature bienveillante », considère Stéphane Mallard.
Par Sébastien Jacquart
Cet article vient en complèment du papier paru dans le magazine ECO de l’Ain du 25 avril 2019 sur la soirée prestige du CJD de l’Ain “Demain sera-t-il humain ?”. Pour retrouver l’intégralité des articles de notre hebdomadaire, mais aussi de nos suppléments et hors-séries, c’est ICI.
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