Opportunité, développement, meilleure visibilité, être tendance… les raisons sont multiples pour se lancer dans le e-commerce. Les profils des commerçants sont aussi différents que leurs produits.
Les Français ont dépensé 65 milliards d’euros via le e-commerce en 2015 ! Une hausse de 14,3% en un an et des transactions passées de 700 millions à 835 millions. L’e-commerçant est à 28 % un commerçant de proximité (*). Selon Romain Landry, dirigeant de 8Pics (Thyez), agence de communication spécialisée en création de site web, le site internet est devenu incontournable, «une vitrine pour de la communication locale et être présent sur le web».
67% : c’est la part de marché des grandes et moyennes surfaces de Savoie en 2014, soit une diminution de 6 points depuis 2010. Un recul à mettre en lien avec la montée du e-commerce et des nouvelles formes de vente (drive, panier maraîcher…). Source : CCI 73
L’e-commerce permet aux TPE/ PME de se développer, de sortir de leur zone de chalandise et de toucher un internaute national. «Parfois, le commerçant est en perte de vitesse dans la vente classique, il veut retrouver du chiffre d’affaires et faire comme ses concurrents. Pour les jeunes entrepreneurs, c’est naturel d’être présents sur la toile. On peut commencer par vendre sur une place de marché, une plateforme regroupant plusieurs produits» note Romain Lebreton, conseiller numérique à la Chambre de métiers et de l’artisanat de la Savoie. Mais ce commerce en ligne est une deuxième boutique à gérer. «C’est contraignant ! Il faut être prêt et motivé ! Ce n’est pas magique. Facile ? C’est du flan ! C’est un vrai magasin» avance Romain Landry. Les coûts bancaires peuvent être élevés avec le terminal de paiement électronique virtuel à créer. Vendre en ligne est aussi chronophage et demande à ne pas être rebuté par l’informatique, il est nécessaire de travailler son référencement. «L’internaute ne viendra jamais tout seul» appuie Romain Landry. De même, les stocks du magasin et du site doivent être synchronisés.
Atout Numérique, fondé par l’association ENE, Espace numérique entreprise ( financée par la région et l’Europe) permet aux ressortissants des chambres consulaires de se lancer ou de rattraper les erreurs quand cela ne va pas. «C’est un ensemble de petites choses qui fait que cela va réussir, souligne Romain Lebreton qui poursuit, un site de e-commerce peut être un frein, s’ilest mal fait, et qu’on ne le trouve pas. Cela prend du temps pour être visible, il faut jouer entre publicité classique et réseaux sociaux.» Romain Landry appuie : «Attention aux sites non mis à jour, aux réponses tardives. Ce n’est pas le site qui donne une mauvaise image, c’est le commerçant qui montre son manque de sérieux».
Un site vitrine
L’acte de vente est totalement révolutionné. «L’achat sur internet est devenu banal et pratique avec une livraison n’importe où. Les moyens de paiement sont de plus en plus sécurisés. Pour les produits connus, comme le renouvellement de son téléphone, c’est très confortable. Plus compliqué avec des tailles, pour les chaussures et les vêtements.» L’expérience de Romain Landry démontre qu’un acheteur peut visionner une paire de chaussures sur un site d’un commerçant local et se rendre à sa boutique pour l’essayer et l’acheter. «75 % de la vente est alors faite. Le client est déjà dans l’esprit d’achat» confie-t-il.
À l’inverse, des acheteurs potentiels essaient des baskets en boutique et parachèvent l’achat sur internet, «quitte à avoir une paire sortie l’an passé, mais payée moins cher» s’exaspère Jacques Vuillermet, président du groupe Vuillermet. Avec 32 magasins sur la Savoie, la Haute-Savoie, l’Isère et le Rhône, Jacques Vuillermet met en place son site e-commerce pour la rentrée 2016, qui sera testé sur neuf de ses boutiques. «30 % du prêt-à-porter sont vendus par le e-commerce. Il faut y être. Nous devons aujourd’hui aller chercher le client. J’ai toujours pris de l’avance par rapport à mes concurrents, pour être remarqué. Nos clients sont connectés, ils se déplacent moins. Avec le site, ils pourront choisir le vêtement, le réserver, le retirer sur place ou le recevoir chez eux» commente l’un des plus importants commerçants indépendants de France.
20,7 % C’est la part du commerce dans les créations d’entreprises haut- savoyardes en 2014 contre 21,4 % en 2013. 19 % ont une activité de santé-beauté et 16 % sont des intermédiaires du commerce ou travaillent dans le commerce de gros. Source : CCI 74
Du web à la boutique
Antonin Lefebvre, cofondateur d’Headict a choisi une autre voie. En 2009, il crée Headict, un e-commerce de vente de casquettes et chapeaux et ouvre en 2015, une boutique pilote à Annecy. «Il faut multiplier les canaux de vente. Le web fonctionne bien, mais il nous manquait le contact avec le consommateur. À la boutique, nous avons immédiatement le retour du client» justifie cet entrepreneur qui annonce une «gestion simplifiée sur 75 m2 où nous avons peu d’exemplaires, mais avec un réassort en permanence». Si le client ne trouve pas casquette à sa tête, il peut revenir le lendemain ou se la faire livrer à son domicile. «Des e-acheteurs peuvent aussi venir chercher leur commande au magasin.» Il conclut, «c’est plus facile de progresser dans ce sens, les compétences web sont plus compliquées à acquérir».
De bonnes raisons d’aller sur le web
Évolution des surfaces commerciales, des emplois salariés du commerce, répartition par secteurs d’activité, voici nos chiffres présentant un état des lieux du commerce en Haute-Savoie et en Savoie :
(*) Chiffres Fevad, Fédération e-commerce et de vente à distance.
Par Muguette Berment
Comment créer sa boutique e-commerce ?
De nombreuses solutions technologiques existent aujourd’hui : WordPress, Joomla, WooCommerce, Prestashop, etc. Oui, mais à condition de savoir faire… Car créer un site internet est une chose, créer une boutique en ligne en est une autre. À moins que vous ne disposiez de beaucoup de temps pour apprendre, le plus simple et le plus rapide est probablement de faire appel à un prestataire externe : une agence web spécialisée en e-commerce, par exemple.
Tout dépendra de vos objectifs, du nombre de références en stock, des régions ou pays que vous souhaitez toucher, chaque commerçant, chaque entreprise a ses propres besoins en matière de vente en ligne. Pure player ou site marchand complémentaire à une boutique pignon sur rue ? Objectif de vendre en ligne à 100% et d’avoir un showroom réel où les « vrais » gens peuvent essayer ? Visée nationale ou internationale ? Référencement naturel ou payant avec Google AdWords ou Facebook Business ?
Avant d’étudier les solutions techniques, nombreuses, il faudra d’abord définir des objectifs clairs et une stratégie globale permettant d’atteindre ces objectifs. Car vendre en ligne n’est qu’une finalité : le chemin à parcourir est jalonné de repères appelés « étude de marché », « conception produit », « étapes de fabrication », « gestion des stocks », « gestion de la relation client », « rapprochement bancaire », « satisfaction client », etc. Mais ça, vous le saviez déjà ! 😉
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