L’être humain serait-il profondément inégalitaire ? Pourquoi ne parvient-on pas à un équilibre qui respecterait intrinsèquement les hommes et les femmes dans leurs spécificités et leurs distinctions, tout en les hissant sur un pied d’égalité ?
Les uns ne passeraient pas pour des machos consumés dès qu’ils feraient preuve d’un tant soit peu de virilité, les autres ne souffriraient pas de l’image de midinettes, sorte de poupées écervelées traquées dans leur féminité et au mieux, censées apporter de la « fraîcheur » dans les entreprises.
Vous l’avez compris, cette semaine, le choix de l’édito était tout sauf cornélien… La fameuse journée internationale des droits des femmes. Décriée par certains qui voient dans cette manifestation mondiale l’expression d’un féminisme vieillot, prétexte pour d’autres à réaffirmer les droits fondamentaux de la moitié de l’humanité, elle est même parfois dévoyée par certaines grandes marques qui trouvent ainsi une occasion de nourrir leur commerce à coups de promos réservées au beau sexe. Mais cette journée, en 2018, revêt-elle toujours une utilité ?
En France, si l’on exclut ce qui ne relève pas de la pure sphère économique, les inégalités salariales demeurent le delta le plus visible de la différence de traitement entre hommes et femmes. Aujourd’hui, en moyenne et selon France Info, l’écart salarial global entre hommes et femmes dans notre pays se situe autour de 24 %. Ce différentiel atteint 25 % en faveur des hommes cadres, 17 % pour les professions intermédiaires, 10 % pour les employés et grimpe jusqu’à 31 % pour les ouvriers. Comment expliquer ce phénomène ? Est-il, comme certain(e)s se plaisent peut-être un peu rapidement à le croire, totalement dépendant de la bonne (ou mauvaise) volonté de l’employeur ? Pas uniquement. Même si ce n’est évidemment pas totalement à exclure.
« Pourquoi ne parvient-on pas à un équilibre qui respecterait intrinsèquement les hommes et les femmes dans leurs spécificités et leurs distinctions, tout en les hissant sur un pied d’égalité ? »
Ainsi, les femmes occupent plus souvent des postes à temps partiel pour prendre en charge leur vie de famille (un temps non rémunéré où la femme devient tour à tour aide ménagère, nourrice, infirmière, taxi, etc.). Autre élément d’explication, les femmes occupent encore globalement des postes moins bien rémunérés (caissières, assistantes maternelles ou vendeuses par exemple). Pourtant, la tendance pourrait aisément s’inverser, puisqu’en France, 28,6 % des femmes sont diplômées du supérieur, contre 26,9 % des hommes. Hélas, cela corrige encore peu les écarts de salaires. C’est là, précisément, qu’intervient un autre élément à prendre en compte : certains économistes estiment que la discrimination pure existe bel et bien. À mêmes postes et compétences, il subsiste encore environ 10 à 12 % d’écart salarial. Sans oublier que 90 % des dirigeants du CAC 40 sont des hommes. Le plafond de verre n’est pas un mythe. Sans aller jusqu’aux boîtes cotées…
Le principe « À travail égal, salaire égal » date d’une loi de 1972. Il s’agit bien d’un principe encore appliqué avec parcimonie. Certains employeurs sont en cause. Les femmes également, qui n’osent peut-être pas toujours s’affranchir des codes dans lesquels elles ont grandi pour prendre leur pleine mesure en entreprise. Face à ces phénomènes sociétaux, des réponses font leur apparition : certaines Françaises reportent ad vitam aeternam une maternité qui bouleverserait leur carrière. Or, pragmatiquement, cela présente le risque d’une société où le seuil d’enfant par femme serait trop bas pour permettre un renouvellement efficace des générations (un peu comme en Allemagne). À l’inverse, des pays comme la Norvège sont obligés d’instaurer des quotas, car certains secteurs d’activité manquent d’hommes. Tandis qu’aux États-Unis, les entrepreneurs masculins sont conseillés sur l’étiquette, vivant dans la hantise de commettre un impair avec la gent féminine.
Loin des combats des suffragettes et des ouvrières au début du XXe pour leurs droits, la femme d’aujourd’hui mérite pourtant d’être davantage considérée qu’une belle plante pour arranger le décor de l’entreprise.
Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr
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