L’édito de Myriam Denis : « 99 francs »

par | 11 juillet 2019

L’édito de Myriam Denis joue de littérature pour dénoncer la froideur du mannequinat et de certains commerces.

Myriam DenisImaginez qu’en cette période estivale, vous preniez le temps de vous (re)poser quelque part, à l’ombre d’un arbuste en fleur, à la recherche du temps perdu à courir tout le reste de l’année. Vous ouvrez vos journaux et magazines favoris, avide de vous plonger dans de saines lectures. Vous avez choisi un mix entre presse dite sérieuse et mag plus légers, les liaisons dangereuses qui vous promettent un voyage au bout de la journée somme toute assez divertissant. D’abord candide, au fil des pages – et peu importe le support – un trait commun pourtant vous interpelle : sur papier glacé vous toise, de haut, toute une flopée de mannequins au visage sombre. Avec l’air clairement affiché d’avoir vécu Germinal, on aurait envie de leur préconiser un petit tour du côté de chez Swan, pour leur éviter d’avoir l’air de vivre le dernier jour d’un condamné. Que leur arrive-t-il, à tous ces gens –  hommes, femmes et même enfants – pour avoir l’air aussi dépressifs ? Ces gens interpellent. Loin du bonheur des dames, même les Dom Juan ont l’air d’avoir vécu vingt mille lieues sous les mers tellement ils affichent un visage juste inexpressif. Ce phénomène est-il le reflet de notre société ? Est-ce avec ces visages hautains que l’on espère vendre ? C’est assommant. On a l‘impression qu’ils et elles affichent leurs illusions perdues, et qu’une vie ne suffirait pas à leur donner un air plus gai. Je m’interroge sur ce spleen caractéristique de ces bêtes humaines, réduisant la joie de vivre à peau de chagrin. Pourquoi apparaître si misérable, lorsque l’on se fait l’égérie des plus grandes marques ? Peut-être que depuis la nuit des temps, les mannequins se cachent pour sourire… La cité de la joie appartient certainement au meilleur des mondes. La peste que ces affligeantes images ! Lorsque vous réussissez à mettre la main sur une pub où la personne assume sa condition humaine, vous soufflez… Ah ! L’insoutenable légèreté de l’être !

« LOIN DU BONHEUR DES DAMES, MÊME LES DOM JUAN ONT L’AIR D’AVOIR VÉCU VINGT MILLE LIEUES SOUS LES MERS, TELLEMENT ILS AFFICHENT UN VISAGE JUSTE INEXPRESSIF. CE PHÉNOMÈNE EST-IL LE REFLET DE NOTRE SOCIÉTÉ ? »

Dans l’air estival flotte pourtant un parfum de soldes d’été, période où justement le consumérisme reprend le dessus. En premier de cordée, vous souhaitez vous livrer vous aussi aux plaisirs du shopping, et pourquoi pas dégotter un chaperon rouge à votre petit dernier, moitié prix, ou une breloque à votre petite fille modèle. Et ce n’est pas à huit clos que ces choses-là se font. Après une demi-journée passée à courir les magasins, vous aspirez à cent ans de solitude. Vous souhaitez privilégier les commerces locaux ? Vous faites le tour du centre en 80 minutes le temps de débusquer une place. Bonjour tristesse ! Dans les boutiques, vous rêvez d’être le deuxième sexe, celui qui ne se donne pas si souvent la peine de se transformer en sardine dans les boutiques pour un sac de billes. Dans les cabines, c’est le remake d’orgueil et préjugés, parfois en version croc-blanc. L’étranger se livre à vos côtés à cette divine comédie, tandis que vous nourrissez les plus grandes espérances sur ce que vous allez pouvoir trouver – et (vous) offrir. L’odyssée du centre-ville se termine pourtant, les commerces ne proposant pas en période estivale ni de soldes une quelconque prolongation en mode mille et une nuits. Alors, vous vous dirigez vers votre carrosse, vos achats non terminés. Il vous reste la solution idoine, celle des commerces du pourtour de ville, eux évidemment ouverts jusqu’à une heure plus tardive. (À 18h45 au centre, vous êtes pourchassés par des aspirateurs et des commerçants fixés impunément sur leur montre). La métamorphose de ce type de commerce, ce n’est pas pour tout de suite…

Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr

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