« Johnny est mort, Johnny reste mort ! Et c’est nous qui l’avons tué. » J’aime beaucoup Friedrich Nietszche, philosophe allemand dont l’œuvre majeure est considérée comme une critique fondamentale de la culture occidentale et l’analyse de la perte des repères.
Visionnaire, ce Friedrich Nietszche. Sous cette paraphrase, la citation exacte tirée du Gai Savoir : « Dieu est mort, Dieu reste mort ! Et c’est nous qui l’avons tué ». Pourquoi cette comparaison avec le chanteur populaire décédé dans la nuit du 5 au 6 décembre et dont la mémoire a été (largement) saluée par un hommage national ? Parce que je ne peux m’empêcher de penser que pendant que le peuple de la Cité pense à ça, il ne s’occupe pas du reste. Pendant des jours et des jours, rien d’autre que ce tragique événement n’a semblé revêtir la moindre importance aux yeux de nos concitoyens. Le héros Johnny Hallyday s’est invité sur les plateaux télé, les ondes radios, dans les journaux, jusque dans les conversations de famille. Balayant (presque) jusqu’à la disparition de l’incommensurable auteur et académicien Jean d’Ormersson. Moins populaire, sans doute. Comment expliquer une telle mobilisation ? (Attention, je ne remets pas en cause pour le moins du monde le talent de l’artiste.) Il y a les fans « de la première heure », comme on a pu lire un peu partout, « perdus », sans « leur » star. Et puis, il y a celles et ceux qui adulent « l’idole-copain » dont ils ont besoin dans leur quête de repères et de sens. Et dans une période de division de la Nation, finalement, la communion musicale qui devient communion nationale apporte, peut-être, un peu de réassurance. Phénomène qui peut également être considéré sous un prisme plus médiatique : l’hommage national n’est plus uniquement dédié à ceux qui ont combattu pour notre liberté, mais à des professionnels du show-biz. Et puis, il ne faudrait malgré tout peut-être pas oublier le rôle de premier plan, joué par notre Président Emmanuel Macron. Avec l’hommage populaire rendu à cet artiste qui fait swinguer dans les chaumières, Emmanuel Macron sait parfaitement qu’il renforce son capital symbolique et apparaît comme plus empathique que jamais, montrant « qu’il a compris » le peuple Français.
« Avec cet hommage, Emmanuel Macron sait qu’il renforce son capital symbolique et apparaît comme plus empathique que jamais, montrant « qu’il a compris » le peuple Français. »
Et comme le décrit brillamment et non sans humour Régis Debray, écrivain et philosophe : « Nos deux anciens présidents ont déjà une vedette pour compagne. Un bon début. Et si on hâtait le pas ? » Un clin d’œil au règne du m’as-tu-vu qui devient décidément la norme.
Et pourtant, pendant ce temps, il s’en est passé des choses. Sans même évoquer le contexte international où l’actualité apparaît comme particulièrement chargée (merci, Donald Trump… encore), on peut noter quelques faits plus ou moins anecdotiques, comme l’élection à la tête des Républicains de Laurent Wauquiez, par exemple. Pas une surprise, certes. Une autre actu à m’avoir fait sourire : le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Banquer, a décidé qu’à la rentrée 2018, les élèves des écoles primaires et de collèges se verraient (enfin ?) privés de l’usage du téléphone portable dans l’enceinte des établissements scolaires. Certaines études démontrent que les enfants en sont – pour partie, rassurez-vous, ou pas – équipés dès la classe de CM1. Un fléau responsable de troubles de l’attention, pour certains profs, tandis que d’autres mettent en avant les vertus de ces bijoux de technologies, qui permettent aux enfants de prendre en photo les tableaux, ou de se servir de boussole en physique. Avant même de maîtriser leurs fondamentaux… Mais que voulez-vous, n’est pas in qui veut. Comme le dirait avec élégance une starlette de téléréalité : « non mais allô quoi… »
Myriam Denis
Rédactrice en chef adjointe
m.denis@eco-ain.fr
Enfin!!
les agnostiques du Rock français sortent du bois.
Enfin quelques doutes sur la nature de la divinité des chanteurs de variété.
Laissons Johnny Halliday rejoindre les autres Chanteurs/dieux comme Tino Rossi ou Maurice Chevallier.
Du paradis fiscal au paradis des vedettes.