Soyons francs : lorsque vous dégustez un merveilleux gâteau au chocolat, juste le gâteau parfait, vous n’avez pas fondamentalement envie de le partager. C’est peut-être cet état d’esprit qui préside aux décisions de Michel-Edouard Leclerc.
Gourmand, l’homme d’affaires semble en vouloir toujours plus. Sauf que l’État, assoiffé de recettes, entend bien modérer les ardeurs de l’industriel. Ainsi, la secrétaire d’État à l’Économie, Agnès Pannier-Runacher a annoncé, le 25 mars, réclamer une sanction exemplaire de 108 millions d’euros à l’enseigne E.Leclerc, laquelle est accusée d’avoir imposé à certains fournisseurs des remises de l’ordre de 10 % sur des produits de marques nationales et ce, sans aucune contrepartie commerciale, ce qui est proscrit par la loi. Une annonce qui intervient concomitamment à la publication du bilan 2018 de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Une somme historiquement élevée, inédite de par son montant, mais, selon le ministère de l’Économie, à hauteur du préjudice.
Évidemment, le patron débonnaire de l’enseigne s’agace et se défend, en quelques lignes sur son blog : « Leclerc est légaliste et s’il y a contestation sur la qualité des contrats commerciaux signés par une entité du mouvement coopératif, la justice tranchera, comme elle l’a fait pour les autres enseignes ! Point barre. » Il devrait être prochainement entendu par une commission d’enquête parlementaire. La gourmandise est un vilain défaut !
« GOURMAND, MICHEL-EDOUARD LECLERC SEMBLE EN VOULOIR TOUJOURS PLUS. SAUF QUE L’ÉTAT, ASSOIFFÉ DE RECETTES, ENTEND BIEN MODÉRER LES ARDEURS DE L’INDUSTRIEL. »
Une affaire de plus en tout cas, qui sème le doute sur un secteur économique qui devient quelque peu impopulaire. Récemment, une grande surface des Landes (toujours la même enseigne, malheureux concours de circonstances) a jeté le discrédit sur ses pratiques en même temps que du détergent sur ses produits alimentaires invendus, alors que la loi prévoit de les adresser à des associations caritatives. Et mi-mars, le PDG de Casino annonçait haut et fort vouloir réaliser un tiers de son CA sur internet en 2021. Il table également, pour maintenir sa compétitivité, sur l’extension du paiement via le téléphone portable, « sans impact sur l’emploi ». Là, on frise l’indigestion devant pareille hypocrisie, mais enfin…
D’autres, pointent du doigt les limites de ces enseignes qui semblent cannibaliser les clients, et restreindre toujours plus la zone de chalandise des commerces des centres-villes, lesquels ne sont pas au mieux de leur forme, notamment dans les communes moyennes.
Le Gouvernement, quant à lui, exulte : des communiqués émanant de Bercy font état de « toute la fermeté du Gouvernement contre les pratiques déloyales ». Tout en ayant attendu jusqu’alors pour oser s’attaquer aux géants du web et décider d’instaurer la taxe Gafa qui ne devrait pas faire boiter Google, Amazon, Facebook et Apple.
Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr

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