C’est vrai : entre la Coupe du monde de football et moi, ça n’a pas matché. Ni avant, ni pendant, ni après.
Je dois être insensibilisée à l’univers footballistique, les neurones hermétiquement fermés, voire rétifs, face à l’engouement distillé tout autour de moi par ce microcosme tapageur. Forcément, cela suscitait les rires de la rédaction, en mode « si la France gagne, tu vas être obligée de consacrer ton édito à la Coupe ! ». Je me demandais, vaguement anxieuse, si je n’aurais pas dû, purement et simplement, stopper les éditos une semaine avant la date fatidique du dimanche 15 juillet 2018. Mais le professionnalisme se joue des calendriers. Une jolie photo de plage pour faire rêver tout le monde, moi y compris, aurait pourtant pu être une riche idée, aussi.
Mais allez ! Je joue sous la bannière Eco de l’Ain, j’ai donc cherché dans cette actualité ô combien importante pour mériter de faire la une de tous les médias, une résonance, un écho en éco. Comme on essaie tant bien que mal de raccrocher entre eux les wagons d’un train en bois – la métaphore fonctionne aussi avec l’image du chat sur l’arbre – je me suis demandé si l’événement de l’année aurait un impact sur l’économie française. Oui, si l’on en croit une vision partagée par de nombreux économistes. Hélas pourtant, relativement court-termiste. Ainsi, la Coupe du monde de football a revêtu un impact positif pour les ventes de téléviseurs, ainsi que pour certains mets raffinés de type bières, pizzas et chips (sans oublier les petits drapeaux et autres fanions). La fréquentation dans les commerces de proximité qui ont eu la joyeuse idée de retransmettre les matchs a également été en nette augmentation. Et certains tablent même sur un petit baby-boom, consécutif à un moral des ménages français en hausse. Plus globalement, l’économie profitera peut-être d’un léger coup de fouet, réceptive à un sentiment d’euphorie partagée.
Pour tout vous dire, je me suis plongée dans la lecture roborative de trois pages particulièrement denses du Monde, élégamment intitulées « Le foot, plus qu’un art, une science ». Au programme : éloge des multiples bienfaits de ce sport et mise en exergue des disciplines scientifiques et techniques mises en œuvre dans son application. Si si.
Pas de quoi justifier pour autant – à mes yeux – les salaires stratosphériques des joueurs, même si l’on peut admirer les prouesses réalisées sur le terrain de jeu par ces athlètes de haut niveau. Ni d’ériger au rang d’homme de la Nation l’entraîneur Didier Deschamps. Quant à la Légion d’honneur pour “service rendu à la Nation”…
« GLOBALEMENT, L’ÉCONOMIE PROFITERA PEUT-ÊTRE D’UN LÉGER COUP DE FOUET, RÉCEPTIVE À UN SENTIMENT D’EUPHORIE PARTAGÉE. »
Pour autant, je comprends la ferveur populaire qui entoure l’événement : les Français ont alors de quoi être fiers, le match – et sa concrétisation, la victoire – renvoie une image positive à la Nation tout entière, rassemblée dans cette aventure. Dans les rues, l’occasion est offerte de festoyer avec tout un chacun dans un esprit bon enfant, dépassant tous les clivages. Cela reste, à mon avis, l’un des points les plus positifs. Pour autant, cet engouement, cette vague « black-blanc-beur » que l’on a déjà connu en 1998, sera, je le crains, éphémère et ne résistera pas à l’épreuve des faits. Certains auteurs un peu marrants (humour en lettres de feu en arrière-plan), considèrent d’ores et déjà le football comme une pause métaphysique. Pourquoi pas. Surtout en ce moment, avec Donald Trump qui insiste pour un Brexit fort, les augmentations du prix de l’électricité et du gaz (notamment de leurs taxes pesant lourdement sur les ménages). Sans oublier la rentrée sociale, qui promet d’être extatique en termes de débats politiques, les cheminots qui poursuivent un bout de leur grève en ordre dispersé, etc., etc., etc. Certainement, une parenthèse festive et sportive ne nuit pas. Seulement, un peu de hauteur ne nuit pas non plus. Car pendant que l’on regarde ailleurs, il s’en passe, des choses !
Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr
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