L’édito de Myriam Denis : « Une économie à abattre ? »

par | 04 octobre 2018

J’adore le poulet (de Bresse), rôti ou à la crème, je ne rechigne pas non plus sur un beau steak saignant à souhait.

Je choisis de consommer des produits que j’espère de bonne qualité (mon boucher est top). Cela ne m’empêche pas d’avoir un feeling particulier avec la gent animale, que je respecte infiniment. Lorsque j’ai la chance de caresser un cheval, je ne l’imagine pas en tranches. Et je crois profondément que l’animal mérite respect et considération. Pour moi, l’un n’empêche pas l’autre. Naturellement, celles et ceux qui choisissent de ne pas consommer de viande, d’œufs ou de laitages sont dans leur bon droit. Et si chacun se voue un respect mutuel, selon l’expression populaire, les vaches seront bien gardées. Sauf que vraisemblablement, certains ne l’entendent pas de cette oreille.

En marge du congrès national des sapeurs-pompiers et de la visite de notre futur-ex ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, entre le 27 et le 28 septembre, une ou plusieurs personnes ont décidé d’incendier l’abattoir Gesler, au cœur du village d’Hotonnes, dans le Valromey. Une entreprise familiale en grande partie réduite en cendres, 80 personnes au chômage technique, pour une durée encore indéterminée. Sans compter l’impact sur toute une filière, des partenaires et un village : on comprend bien que cette entreprise, comme n’importe quelle autre, dépend et se trouve être partie prenante d’un écosystème économique. Évidemment, il serait prématuré de tirer des plans sur la comète et pour l’heure, l’affaire demeure dans le flou. Qui aurait pu vouloir à ce point saccager un outil de travail ? Une querelle interne ? Un groupe d’antispécistes ?

« IMAGINONS QUE DEMAIN, CERTAINS DE VOS CLIENTS NE SOIENT PAS SATISFAITS D’UN SERVICE OU D’UNE PRESTATION, POURRAIENT-ILS ALLER CRAMER VOTRE ENTREPRISE ? »

Grillage découpé et départs de feu en nombre témoignent de la violence et probablement de la préméditation de cet acte. Dans ce contexte de tensions, les professionnels de la filière viande ont évidemment interpellé Emmanuel Macron, lui réclamant notamment d’agir pour « enrayer immédiatement » les violences dont ils se sentent victimes.

Ce qui est terrible, c’est l’impact et les retentissements de ce geste sur tout un territoire. Si la direction de Gesler relève le soutien et la solidarité dont elle bénéficie, je trouve cela dramatique de s’en prendre à un outil de travail, une œuvre collective qui permet tout simplement à des dizaines de familles de vivre. Car, il faut bien le reconnaître, si certains lundis il peut nous arriver à tous et toutes de regretter le temps libre du week-end (tout dépend du WE passé), je suppose que personne parmi mes lecteurs ne souhaiterait voir ses efforts partir en fumée.

Et puis, qu’est-ce que cela signifie ? Imaginons que demain, certains de vos clients ne soient pas satisfaits d’un service ou d’une prestation, pourraient-ils aller cramer votre entreprise ? Des lecteurs mécontents de notre prose pourraient s’en prendre à notre média ? On peut aller loin, avec ce genre de raisonnement. Certes, un tel événement soulève bien des questions et met en exergue bien des problématiques, qui méritent sans aucun doute que l’on s’y intéresse. Néanmoins, détruire volontairement une entreprise qui participe à nourrir un territoire, ne suscitera probablement pas l’adhésion des foules à telle ou telle revendication, quelle qu’elle soit.

Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr

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