L’édito de Myriam Denis : « L’effet papillon »

par | 21 février 2019

Dans son édito, Myriam Denis s’inquiète de la biodiversité et des menaces sérieuses qui pèsent sur… les insectes et, plus loin, sur notre alimentation.

Myriam DenisNous serions probablement assez nombreux (nombreuses…) à ne pas pleurer la disparition pure et simple des abominables arachnides combattues avec effroi et horreur, lorsque nous voudrions faire preuve de force et d’honneur. Non, nous ne geindrons peut-être pas sur l’anéantissement des bestioles dont le vrombissement agressif fend l’air comme une menace en approche, ou d’autres saloperies qui affectionnent particulièrement transformer nos enfants, à l’approche des beaux jours, en petites choses rougies et boursoufflées.

Mais quand même. La Terre ne peut pas abriter que des gentilles fourmis et des jolies coccinelles. Comme pour l’humain, la diversité est gage d’équilibre. Sauf que bientôt, nous admirerons les libellules et autres papillons empaillés ou au détour d’un livre. J’exagère ? Selon le premier rapport mondial sur l’évolution des populations d’insectes, 40 % des espèces sont en déclin (dont nos chères abeilles !). Il apparaît que leur taux d’extinction est huit fois plus rapide que celui des mammifères. L’auteur principal de l’étude prévient : d’ici un siècle, à ce rythme, il ne restera, sur la planète, que des insectes nuisibles.

« TOUTE LA BIODIVERSITÉ QUE NOUS CONNAISSONS – ET QUI EST DÉJÀ LARGEMENT MISE À MAL – POURRAIT ÊTRE IMPACTÉE. ET NOTRE ALIMENTATION, AUSSI : C’EST ÇA, L’EFFET PAPILLON. »

Toute la biodiversité que nous connaissons – et qui est déjà largement mise à mal – pourrait être impactée par ce phénomène. Et notre alimentation, aussi : c’est ça, l’effet papillon. Qui dit disparition des insectes pollinisateurs, dit impact sur la production de fruits et légumes (cinq par jour, souvenez-vous). À l’aube du salon de l’agriculture qui ouvrira très prochainement ses portes, ce phénomène sera-t-il abordé ? Pas sûr. Et oui, la disparition des insectes fait moins de bruit que celle d’autres (grandes) espèces. Pourtant, l’urbanisation, la déforestation et la pollution, notamment agricole via les pesticides, comptent dans ce triptyque tragiquement gagnant. Comment nourrir une humanité sans cesse croissante, sans détruire notre écosystème ?

Cela me rappelle la lecture d’un merveilleux ouvrage, La Métamorphose, de Franz Kafka. Cette célèbre nouvelle de 1915, peut être considérée comme une métaphore de certains aspects de notre vie actuelle. Car finalement, ce n’est pas tant sa propre transformation en insecte qui ébahi le protagoniste, que celle (imagée) de ses proches, sa mise à l’écart, son aliénation. De moins en moins bien traité, il perd peu à peu conscience de son humanité. Mais l’insecte métaphorique ne serait-il pas… un être humain dans une société de cloportes ? Des monstres d’égoïsme et de vacuité, nourris d’hypocrisie, soumis à leurs appétits voraces. Et tandis que l’humain prolifère sur la planète, les insectes, les vrais, disparaissent peu à peu de la surface du globe.

Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr

 

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