Gilets jaunes, acte IX. Cela pourrait ressembler à une pièce de théâtre. Cette tragicomédie va-t-elle perdurer encore longtemps ? Parce que bon, gilets jaunes, acte XXXVIII, cela risque de poser des difficultés, notamment de lisibilité.
Pas de problème ! Le sieur Emmanuel Macron pense avoir trouvé une solution pour sortir le pays de l’ornière, sous forme de 35 questions posées aux Français. Ainsi, le grand débat national est lancé. Jusqu’au 15 mars, tout un chacun peut donner son avis sur des thématiques aussi vastes et choisies que la fiscalité, l’organisation de l’État, l’écologie et la démocratie. Bien évidemment, la lettre fleuve du président de la République et ce débat sont accueillis de manière très diverse selon les attentes des uns et des autres, de leurs espoirs, de leur confiance envers le gouvernement et naturellement, de leur bord politique.
« L’ÉTINCELLE QUI A FAIT NAÎTRE CE MOUVEMENT DE PROTESTATION NE S’EST PAS ÉTEINTE, ET A DONNÉ LE JOUR À UN INCENDIE QUI BRÛLE DE SES FLAMMES REVENDICATIVES DANS NOMBRE DE COMMUNES. »
Néanmoins, dans ce carrousel de réactions, dans ce tourbillon d’avis tous plus argumentés les uns que les autres, perdure le sentiment que rien ne sera plus jamais comme avant. L’étincelle qui a fait naître ce mouvement de protestation ne s’est pas éteinte. Bien au contraire, elle a donné le jour à un incendie qui brûle de ses flammes revendicatives, chaque samedi depuis deux mois, dans nombre de communes de France. Et le mouvement s’est propagé, des grandes villes aux localités plus rurales. À Bourg, samedi dernier, un hélicoptère de la gendarmerie a même sillonné le ciel, notre chef-lieu ayant été identifié comme l’un des “points chauds” de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Je me suis vaguement demandé combien ce dispositif exceptionnel allait coûter, et à qui… Tout en levant le nez devant pareil spectacle : nous ne sommes pas coutumiers du fait dans notre bourgade.
Mon fils de quatre ans était ravi : il pouvait voir un « zélicoptère » en vrai. Et ma fille de lui répondre : « Il vient pour les “jaunes”, tu sais, les gens qui ne sont pas contents ».
Si elle a pu intégrer ce fait, du haut de ses six ans, pourquoi le gouvernement ne le pourrait-il pas ? Monsieur Macron, “les gens ne sont pas contents”. Les cahiers de doléances dans les mairies, les réunions pour s’exprimer, le grand débat peuvent être autant de bonnes initiatives. Mais seront-elles suivies d’effet ? S’agit-il de gagner un peu de temps, échéance électorale européenne oblige ? Nul ne peut prédire l’avenir, et nul ne sait aujourd’hui, ni quand, ni comment, sortir de cette ornière. Le fossé entre les plus hauts sommets de l’État et le peuple est devenu un abysse.
Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr

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