L’édito de Myriam Denis : « Sous les ors de 2019 »

par | 10 janvier 2019

Cette année 2019 augurera-t-elle des changements profonds ? En tout cas, ses prémisses démontrent une priorité commune à nombre de nos concitoyens : la question pécuniaire.

Myriam DenisCeux qui ne l’auraient pas compris font montre d’une incommensurable étroitesse d’esprit. Ou d’un particulier mauvais goût. Je n’ai pas pour habitude de m’intéresser à la vie des people, encore moins à celle des stars du foot. Néanmoins, un fait aussi insignifiant que le désormais « fameux » steak recouvert de feuilles d’or de Franck Ribery est presque parvenu à se hisser en affaire d’État. Le champion du ballon rond s’est en effet exposé sur les réseaux sociaux en train de déguster ce plat, fruit d’un restaurant spécialisé dans ce genre de démesure, à Dubaï. Il s’est aussitôt vu fustigé par moult mécontents, écœurés par son attitude désinvolte. Défenseurs de la cause animale, bien-pensants, gens de gauche, de droite, du centre et de je ne sais où, ont fait front pour dénoncer ce mauvais goût à l’heure où, en France, des gens manifestent chaque samedi pour défendre leur pouvoir d’achat. D’autres, ont pris la défense de l’attaquant du Bayern de Munich, rappelant tous les dons que la star du ballon rond avait eu la mansuétude d’offrir. D’autres enfin, virent dans les réponses très imagées du joueur une repartie au mépris de classe dont il a longtemps souffert. Car l’homme – ou son community manager, allez savoir – a copieusement insulté toutes celles et ceux qui auraient eu l’audace de s’en prendre à sa personne. Une attitude qui scandalisa son patron, le club allemand décidant de lui infliger « une forte amende », pour lui apprendre à s’exprimer convenablement.

Quand on parle d’argent, cela échauffe les esprits. Et l’on pourrait presque énoncer « même cause, mêmes effets », tant l’appétit vorace de Chantal Jouanno déchaîne également les passions. La karatéka, également femme politique, préside la Commission nationale du débat public, autorité administrative chargée de faire entendre la voix des citoyens dans le débat public. Chantal Jouanno devrait gagner de l’ordre de 14 666 euros bruts mensuels en 2019 (un salaire en hausse) ce qui, selon nos confrères de L’express, se rapproche de ce que perçoit… le Premier ministre (15 410 euros). Une mission importante, certes. Avec une équipe de dix personnes. Cette commission, initialement créée en 1995 (ce n’est donc pas tout à fait nouveau), est notamment chargée d’organiser le “grand débat”, à la suite du mouvement des gilets jaunes, et, ironie du sort, devrait notamment se pencher sur les questions des inégalités sociales et du fonctionnement des services publics. Chantal Jouanno devait piloter ce débat. Face à la polémique, elle a décidé de s’en retirer… Ce qui ne remet en question ni ses fonctions, ni sa rémunération. Parfois, il faut savoir balayer devant sa porte… Et les pouvoirs publics ne font pas exception.

« LA PERPÉTUELLE QUÊTE D’ESPÈCES SONNANTES ET TRÉBUCHANTES, COMME LA CONSOMMATION OSTENTATOIRE FONT GRAND BRUIT, À L’HEURE OÙ NOMBREUX SONT CEUX QUI CHERCHENT À THÉSAURISER. »

La perpétuelle quête d’espèces sonnantes et trébuchantes, comme la consommation ostentatoire font grand bruit, à l’heure où nombreux sont ceux qui cherchent à thésauriser au quotidien. Sans nul doute, cela ajoutera de l’huile sur le feu des revendications qui, depuis huit semaines déjà, ne semblent pas faiblir. Au grand dam de celles et ceux déplorant des dégradations que l’on pourrait croire quasi inhérentes aux manifestations.

Corneille dans Le Cid évoquait « cette obscure clarté qui tombe des étoiles », un oxymore que l’on pourrait bien appliquer aujourd’hui au maquis politique dans lequel nous nous trouvons, face à des demandes pourtant claires des Français. À voir si en 2019, une meilleure connexion entre ces deux mondes interdépendants sera possible.

Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr

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