L'édito de Myriam Denis : "Top model ?"

par | 21 septembre 2017

Quand on pense à l’Allemagne, on visualise ce géant économique, à la puissance conquérante et fière.

Myriam Denis

Moteur européen, le business model teuton est cité en exemple d’une façon plus que récurrente en France. Fort d’un taux de chômage historiquement au plus bas depuis les années 1990 (5,7 % de sa population active), le pays compte également de nombreux atouts indéniables : développement sans précédent de l’apprentissage, exportations dynamiques, compétitivité, tissu particulièrement dense de PME et… relations régulières entre syndicats et chefs d’entreprise, favorisant un dialogue social pérenne, apaisé et consensuel. Je comprends qu’effectivement, on puisse en prendre de la graine. Dans ce contexte, « Mutti » – Angela Merkel – brigue tranquillement un confortable quatrième mandat à la chancellerie. Les élections du 24 septembre sont loin de provoquer les remous – voire, les tsunamis politico-médiatiques – que l’on retrouve en France. Un gage de stabilité ?

Pourtant, le pays est aussi en proie à des difficultés qui peuvent être autant de grains de sable grippant des rouages bien huilés. Je pense notamment à la pyramide des âges allemande, qui pousse le pays toujours un peu plus loin sur le chemin d’une croissance, oui… mais de sa moyenne d’âge. Conséquence : Angela Merkel fait le choix de l’immigration, non pas (uniquement) pour des raisons éthiques ou idéologiques, mais, il faut bien le dire, pour apporter au pays un souffle nouveau. Le million de réfugiés arrivés en Allemagne a en moyenne 26 ans. Ça aide. Cette pyramide des âges induit une inquiétude – légitime – pour le pays : d’ici à 2025, on estime à 2,5 millions la baisse du nombre d’actifs en Allemagne, selon différents économistes. Dans le même temps, la population âgée de 55 à 74 ans passera de 30 à 40 %. Pas besoin d’être un génie en maths pour comprendre les difficultés qui vont prochainement poindre leur nez dans cette mécanique bien rodée. Pour autant, pas de réel sursaut ne se fait ressentir.

« On s’aperçoit que l’Allemagne de Merkel, c’est aussi ça : un pays confortablement installé dans ses prérogatives, un peuple contenté et finalement, presque engourdi… »

En fait, on s’aperçoit que l’Allemagne de Merkel, c’est aussi ça : un pays confortablement installé dans ses prérogatives, un peuple contenté et finalement, presque engourdi… Oui, il subsiste des inégalités et de la pauvreté. Oui, le business model du plus gros secteur économique – l’automobile – est en train de fantasmer sur de nouveaux relais de croissance, peut-être plus performants et moins polluants. Pour autant, le débat politique reste quasi inexistant, anesthésié par un contexte culturel et/ou géopolitique particulier. Alors, certains Allemands rêvent d’un Macron… L’herbe paraît toujours plus verte dans le jardin du voisin. Sans tomber dans les travers d’une tragicomédie politique comme celle à laquelle nous avons eu droit lors de la dernière élection présidentielle, certains rêvent de renouveau. Et de se rapprocher de la France. Car, ne l’oublions pas, avec le Brexit qui change la donne en matière européenne et internationale, nous (re)devenons des partenaires incontournables pour les Allemands.

Myriam Denis

Rédactrice en chef adjointe
m.denis@eco-ain.fr

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