Ira, n’ira pas ? Des semaines de suspens, pour un épilogue qui tarde à venir. C’est à se demander si l’exécutif catalan de Carles Puigdemont n’a pas juste voulu donner un grand coup d’épée… dans l’eau.
Ira, n’ira pas ? Des semaines de suspens, pour un épilogue qui tarde à venir. C’est à se demander si l’exécutif catalan de Carles Puigdemont n’a pas juste voulu donner un grand coup d’épée… dans l’eau. Franchement : il conduit un référendum (illégal) en affichant haut et forts ses velléités d’indépendance, acclamé par une foule qui aujourd’hui, semble se demander si le bouchon n’a pas été poussé un tantinet trop loin. Il donne l’impression de patauger face à Madrid et son chef de gouvernement, Mariano Rajoy, qui non seulement ne l’entendent pas de cette oreille, mais en plus, plaident pour « rétablir la légalité » dans cette affaire. Et depuis le référendum, presque 700 entreprises ont transféré leur siège social en dehors de la région. Les méthodes des deux bords sont discutables, certes. Mais la volonté affichée de cette région de l’Espagne de se détacher de l’État est symptomatique d’un rêve plus large : celui de pouvoir déterminer soi-même de son sort. Un rêve partagé par d’autres contrées : L’Écosse en est un exemple, tout comme la Lombardie, récemment, en Italie. Même si les raisons qui poussent ces populations à vouloir être autonomes diffèrent sur le fond, il n’en demeure pas moins que la question de la confiance vis-à-vis de l’État en place peut se poser.
« Malgré la coutume du millefeuille administratif à la française, de très nombreux citoyens sont attachés à leurs collectivités de proximité : mairie, communauté de communes et Département. »
N’est-ce pas, finalement, un point commun avec la défiance française eu égard à nos politiques en place ? Certes, dans une moindre mesure. On n’imagine pas – pour l’heure – notre région Auvergne Rhône-Alpes réclamer une indépendance certaine. Pour autant, force est de constater que de (très) nombreuses prérogatives sont confiées à cet échelon. Et Auvergne Rhône-Alpes peut se targuer de compter parmi les plus conséquentes puissances économiques du pays. Néanmoins, et malgré la coutume du millefeuille administratif à la française, je pense que de très nombreux citoyens sont attachés à leurs collectivités de proximité : mairie, communauté de communes et Département. Et finalement, le gouvernement aussi, en témoigne la récente tentative d’opération séduction du Premier ministre Édouard Philippe, face aux présidents de Départements, réunis en congrès. Alors, après être allé au charbon, heu, pardon, à la rencontre des intercos début octobre, et avant la rencontre prévue avec les maires en novembre, le chef du gouvernement s’est voulu rassurant. Pas si simple. Efforts d’économies supplémentaires, réforme de la taxe d’habitation ou encore, diminution des emplois aidés… Les élus locaux ont tout de même de quoi considérer que la coupe est pleine (voire, déborde). Des mots rassurants ont été prononcés, assortis de quelques (belles ?) promesses, comme la mise en place d’un groupe d’experts, dédiés à la remise à plat de l’ensemble de la fiscalité locale. Et puis, pour montrer patte blanche, quelques subsides ont d’ores et déjà été inscrits dans le projet de loi de finances pour 2018. Ce qu’il y a de bien, avec la politique française, c’est sa continuité : on vous donne (un peu) d’une main et l’on vous reprend de l’autre, c’est une constante. Tous ces mécanismes mériteraient bien un peu de lisibilité et de transparence, exactement ce que Bercy demande aux collectivités.
Myriam Denis
Rédactrice en chef adjointe
m.denis@eco-ain.fr
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