Le 8 mars, la journée internationale des droits des femmes. Une journée pour faire un bilan sur la situation et les droits des femmes, et non les célébrer contrairement à ce que certains se plaisent à répéter.
Car malheureusement, en 2024, nous en sommes encore là, dans un monde conçu par et pour les hommes. J’exagère ? Pas tout à fait. Sans faire un point de situation dans le monde, de nombreux exemples ponctuent la vie quotidienne en France. La température des locaux, notamment professionnels, en est un.
Selon de nombreuses études, du fait de différences hormonales, les besoins des hommes seraient d’une température ambiante située entre 22 et 24°, quand ceux des femmes se situeraient entre 24,5 et 26°. Avec les 19° préconisés, ces messieurs doivent alors faire un effort de trois à cinq degrés, les dames de cinq à sept degrés. De manière évidente, ces recommandations ont été choisies à partir de la température ambiante agréable aux hommes.
Ces questions d’inconfort au quotidien peuvent sembler triviales, mais cette non prise en compte des spécificités féminines peut représenter des enjeux bien plus vitaux. Dernièrement, nos équipes ont pu bénéficier d’une formation de secouriste au travail, au cours de laquelle a été abordé le malaise cardiaque avec pour seule notion à retenir afin de le reconnaître : la douleur à la poitrine.
« Le bilan est là : en France, en 2024, nous vivons dans un monde construit par et pour les hommes, y compris pour des enjeux vitaux. »
Seulement, si l’on prend le temps de se renseigner sur les symptômes sur le site de la Fédération française de cardiologie (a priori des connaisseurs), « près de la moitié des femmes de moins de 60 ans victimes d’un infarctus du myocarde n’ont pas ressenti les symptômes classiques chez les hommes, douleur dans la poitrine irradiant le bras gauche et la mâchoire ».
Pour information, « Les femmes doivent s’alerter face à trois signes atypiques : la sensation d’épuisement, l’essoufflement à l’effort et les nausées ». Mais les consignes de la sécurité civile ne vont pas dans ce sens et occultent une bonne partie de la population.
De même du côté des médicaments, de nombreux articles de presse alertent sur la sous-représentation des femmes dans les essais cliniques, alors qu’elles seraient bien plus sensibles aux effets secondaires, avec tout ce que cela implique. Sans parler du Spasfon, prescrit massivement aux femmes, alors même que plusieurs recherches estiment qu’il est à peine plus efficace qu’un placebo.
Saviez-vous également qu’aucune loi n’oblige les entreprises à effectuer les crash-tests automobiles avec des mannequins femme ? Jusqu’en 2022, un tel modèle de mannequin était inexistant. Depuis, la suédoise Astrid Linder en a développé un et Volvo a commencé à l’utiliser. Mais ce n’est pas généralisé…
Pourtant, selon l’université de Virginie aux États-Unis, les femmes ont (entre autres) trois fois plus de risques que les hommes de subir un coup du lapin et 73 % plus de risques d’être blessées gravement lors d’une collision frontale. Nous pourrions trouver pléthores d’exemples, mais le bilan est là : en France, en 2024, nous vivons dans un monde construit par et pour les hommes, y compris pour des enjeux vitaux.
Joséphine Jossermoz, journaliste
j.jossermoz@groupe-ecomedia.com
Photo à la une : Anastasia Nelen sur Unsplash
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