Après avoir reçu en 2016 les visites du chef d’État, François Hollande, à l’occasion de l’inauguration du nouveau palais de justice de Bourg, puis du premier ministre Manuel Valls accompagné de Najat Vallaud Belkacem, c’était au tour de François Fillon, potentiel futur président de la République, de nous faire les honneurs de sa présence dans l’Ain, le jeudi 19 janvier dernier, entre visites d’entreprises, de centre de formation et cérémonie de voeux.
En pleine campagne présidentielle, le concurrent de la droite faisait ainsi étape dans notre département, profitant du dynamisme économique, de la vitalité de l’emploi et de la croissance démographique de notre territoire pour asseoir sa position de candidat des entrepreneurs, en recevant les doléances de ces derniers, et en apportant quelques promesses en retour. François Fillon surfait aussi sur les bons scores obtenus dans l’Ain lors de la primaire de la droite, puisqu’il peut s’y enorgueillir de plus de 47 % de réussite au premier tour et plus de 76 % au second tour, soit un résultat supérieur à la moyenne nationale.
Rappelons en effet que l’ancien Premier ministre de Sarkozy avait représenté la première surprise de ces primaires, en prenant le pas sur les deux favoris, grâce à un positionnement de renouveau, une attitude jugée rassurante et un programme libéral-conservateur ambitieux. Mais les primaires ne font pas le Président et l’homme devra désormais se montrer suffisamment fédérateur pour éviter les effritements vers l’extrême droite en direction de Marine le Pen et vers le centre en direction d’Emmanuel Macron.
« C’EST, UNE FOIS ENCORE, L’ENVIE DE RENOUVELLEMENT QU’ONT EXPRIMÉ LES ÉLECTEURS EN PRIVILÉGIANT UN CANDIDAT MOINS MARQUÉ PAR LE SYSTÈME. »
Les idéologies changent mais le schéma reste identique du côté du PS où les élections de ce week-end ont révélé le leadership de Benoit Hamon, qui vole ainsi la vedette aux deux favoris attendus, Manuel Valls (2e) et Arnaud Montebourg (3e). Un choix qui marque évidemment le rejet de la politique gouvernementale actuelle représentée par l’ex Premier ministre, mais aussi la réaffirmation des valeurs historiques de la gauche, plus sociales et plus humanistes (mais aussi plus utopiques dans le monde actuel), instaurant une fracture qui pourrait tourner à la gangrène au sein du parti. Au-delà des convictions, c’est également, une fois encore, l’envie de renouvellement qu’ont exprimé les électeurs en privilégiant un candidat moins marqué par le système.
Malgré une mobilisation satisfaisante des électeurs, on ne peut cependant s’empêcher de penser que la conviction de voter pour notre futur Président est demeuré au second plan, tant le positionnement du PS semble actuellement écrasé entre l’ouverture libérale proposée par Emmanuel Macron et la ligne dure représentée par Jean-Luc Mélenchon, tous deux «en marche» pour un «avenir en commun» grâce à des intentions de vote qui les positionnent en tête de la gauche.
Après la sortie des représentants attendus des grands partis, le rejet quasi planétaire de toutes les figures institutionnelles de la politique, l’arrivée fracassante d’une nouvelle position centriste et un Front National toujours au mieux de sa forme, la prochaine élection présidentielle s’annonce plus ouverte et plus lourde de conséquences que jamais.
Stéphane Coltice
Directeur délégué de la publication
s.coltice@eco-ain.fr
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