Une croissance exponentielle, un business model cousu main, un leadership et une gestion au féminin pluriel depuis trente ans… C’est le pedigree d’Eurométa, installée à Challes-les-Eaux (73), leader français du marché de la briquette de silicium destinée aux fonderies.
Eurométa, identifiée comme « la société des filles » dans le milieu de l’électrométallurgie, réussit une spectaculaire envolée de son chiffre d’affaires, passant de 12,60 M€ en 2021 à 21 M€ en 2022 (résultat net : 2 M€), avec neuf salariées.
Marie-Hélène Reverdy, la dirigeante fondatrice, a pris sa retraite en 2021, cédant progressivement le flambeau opérationnel à Véronique Faquin Castel, sa directrice adjointe. « Nous travaillons ensemble sur les prix du marché et la stratégie globale : cela fonctionne bien parce que je n’ai plus la tête dans le guidon », explique la patronne aux 30 000 tonnes de briquettes annuelles.
« Non, la voiture électrique ne tuera pas notre activité »
Pour créer Eurométa en 1991, la dirigeante savoyarde s’est associée avec une société italienne, Metalleghe SA, leader dans le domaine des additifs pour les aciers. L’objectif était de diversifier l’activité de l’entreprise familiale Reverdy Agglo, à Cognin (73).
Le silicium, élément indispensable aux fonderies et aciéries, voici la force motrice d’Eurométa. Plus précisément, l’entreprise exploite les résidus issus du concassage du silicium, les « fines », une poudre granuleuse grise.
Cette poudre est agglomérée à d’autres matériaux qui vont composer les briquettes nécessaires à la production de fonte. Ces lingots d’or gris sont en majeure partie destinés à l’industrie automobile. Véronique Faquin Castel anticipe notre question : « Non, la voiture électrique ne tuera pas notre activité. Il restera toujours de nombreuses pièces en fonte à fabriquer en dehors du bloc-moteur. »
« Notre travail, c’est beaucoup de négociation et de savoir-faire »
L’intelligence économique d’Eurométa est double : d’abord, l’entreprise récupère les « by-products » du marché du silicium. « Tous ces sous-produits étaient disséminés dans la nature, voire enfouis dans le sol, il y a trente ans. Notre métier, c’est cela : nous valorisons ces matières fatales. » D’autre part, Eurométa s’appuie sur un vivier de sous-traitants, en amont et en aval du process de fabrication.
L’entreprise savoyarde occupe le leadership français dans sa catégorie. « Nous sommes le seul fabricant français sur cette activité », explique Marie-Hélène Reverdy. « Notre travail, c’est avant tout beaucoup de négociation et de savoir-faire ». Et Véronique Faquin Castel d’enchérir : « Il faut acheter la bonne matière technique, au bon prix, au bon moment. »
Mais pourquoi une entreprise sans homme ? Marie-Hélène Reverdy répond avec humour : « Nous essayons de rétablir une forme de parité. Mais la balance est loin d’être équilibrée, surtout dans notre secteur ! »
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