Distribution, environnement, responsabilité sociétale et santé humaine… Les enjeux de l’emballage alimentaire évoluent et orientent la recherche.
Outre la présentation de projets de recherche conduits avec sa plateforme technique (lire notre édition du 26 novembre), la journée d’innovation consacrée à l’emballage en agroalimentaire, organisée le 17 novembre par le technopôle Alimentec, a permis d’imaginer la demande sociétale à 5, 10 ou 15 ans. Michel Fontaine, président du Conseil national de l’emballage a détaillé les tendances d’évolutions sur quatre thématiques majeures : la distribution, l’environnement, la responsabilité sociétale et la santé humaine, « une exigence forte depuis très longtemps, pas seulement depuis la covid », a-t-il relevé.
Vers moins d’emballages, vraiment ?
Côté distribution, après des années et des années d’élargissement, la tendance est désormais à une réduction des kilomètres parcourus par les produits. Les circuits courts se développent au détriment de la grande distribution. Mais, il faut compter également avec le développement du e-commerce. « Ce dernier ne fera pas disparaître l’emballage, au contraire. Mais, il va falloir l’adapter, observe Michel Fontaine. Aujourd’hui, on emballe des produits déjà emballés pour les expédier au consommateur. Il y a sans doute là, des pistes d’innovation. On peut se demander aussi s’il est bien nécessaire de reproduire sur les étiquettes, toutes les informations sur les ingrédients et les allergènes qui auront été communiquées au client, à la commande, sur le site internet. »
Sur les aspects environnementaux, le président du CNE remarque que le plastique est un matériau nouveau, « très récent par rapport au verre, au métal ou au carton ». Celui-ci n’est en effet utilisé dans l’emballage que depuis les années 1970. « Le “plastic bashing” est une espèce d’alibi », considère-t-il. Mais au moins, il conduira le secteur à agir. « Partout dans le monde, désormais, on exige des fabricants qu’ils emploient des plastiques recyclés. C’est très bien, mais il ne faut oublier de faire entrer cette exigence dans une équation économique logique et intéressante, et ne pas prendre de risque pour la santé. »
Et Michel Fontaine de dénoncer le « fantasme » du vrac. « On oublie un peu vite que les produits n’arrivent pas par miracle dans les boutiques. Ils sont livrés emballés, puis déballés pour être mis en rayon. Peut-être que la filière vrac sera mieux organisée demain, mais aujourd’hui, elle revient à cacher l’emballage sous la table. C’est sans doute une solution d’avenir. Ce n’est pas la seule. »
La balance bénéfice-risque toujours à l’étude ?
Concernant la RSE et la notion de responsabilité en général, le président du CNE s’inquiète de la voir mise un peu à toutes les sauces. « On voit disparaître le principe de bénéfice-risque. Notre vie moderne exige des bénéfices mais zéro risque. Et c’est une tendance que les secteurs de l’emballage et de l’agroalimentaire doivent garder en tête pour les emballages. Elle engage de manière importante la réputation des entreprises. On met 10 ans, 15 ans, 20 ans à bâtir une marque. Et il suffit d’un petit grain de sable pour tout faire capoter. »
Même chose pour la santé humaine. « Comme la notion de responsabilité, le principe de précaution a été étendu à tout. Nos sociétés sont à présent complètement gouvernées par l’émotion, qui prend le pas sur la réalité. L’emballage doit être notre pour toute la durée de conservation “légale” du produit, c’est une notion fondamentale. Mais, s’il pouvait exister une certaine tolérance, il y a quelques années, plus aucune imperfection ne sera tolérée. » De quoi compliquer grandement, le travail des concepteurs.
Environnement : augmenter l’impact pour mieux le réduire ?
Si la réduction des impacts environnementaux intrinsèques aux emballages est évidemment un vrai sujet, il peut parfois être intéressant de les augmenter au contraire. En effet, dans le couple produit-emballage, l’impact écologique du premier est souvent supérieur à celui du second. Du coup, si elle permet de réduire les gaspillages alimentaires en garantissant une meilleure conservation, une technologie d’emballage plus impactante en elle-même peut représenter, au final, un avantage environnemental certain.
Par Sébastien Jacquart
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