Les chiffres publiés pour le deuxième trimestre font état d’une progression du nombre des demandeurs d’emploi. Elle est principalement due à l’augmentation du nombre de travailleurs en situation précaire.
Plus de chômeurs en France métropolitaine, en Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), en Savoie et en Haute-Savoie. C’est ce qui ressort des chiffres publiés par la Direction régionale du travail (Direccte) et Pôle Emploi pour le deuxième trimestre 2018.
Rappelons que depuis le début de l’année, le gouvernement a préféré commenter les chiffres du chômage de manière trimestrielle. Toutefois, les chiffres par mois reste disponibles ICI.
Diminution en « catégorie A »…
En se focalisant sur la catégorie A, celle qui regroupe les demandeurs qui n’ont aucune activité, on pourrait croire que la situation s’améliore globalement, même si le dernier trimestre n’a pas été bon. En effet, sur un an, le nombre de chômeurs de catégorie A diminue de 1,3% au niveau national, de 1,7% au niveau régional, de 2% en Haute-Savoie et même de 2,7% en Savoie.
Mais c’est un trompe l’œil dû à l’amélioration sur la fin 2017 et sur le début 2018. Car au deuxième trimestre, ce chiffre est en hausse : +0,1% au niveau national, +0,5% en Auvergne-Rhône-Alpes, +0,4% en Haute-Savoie et +2,2% en Savoie.
Pour les deux départements cela signifie 570 chômeurs de catégorie A supplémentaires. Soit 160 en Haute-Savoie (36 500) et 410 en Savoie (19 290).
… mais augmentation globale (catégories A, B et C cumulées)
Le tableau s’assombrit un peu plus lorsque l’on comptabilise aussi les demandeurs d’emploi qui ont une activité plus ou moins réduite (interim, CDD…) mais qui sont tout de même tenus de rechercher du travail (catégories B et C).
Au deuxième trimestre (T2), le nombre de ces travailleurs précaires cumulé avec celui des demandeurs de catégorie A est en augmentation de 0,1% en France métropolitaine (+1,4% sur un an). Idem en région Aura, avec +0,4% sur un trimestre et +1,6% sur un an. Et ce n’est pas mieux en Pays de Savoie, avec +1,7% en Savoie au deuxième trimestre (+0,1% sur un an) et +0,4% en Haute-Savoie au T2 (+2,4% sur un an).
Il y avait ainsi, au deuxième trimestre 32 590 demandeurs d’emploi en catégories A, B et C en Savoie et 59 170 en Haute-Savoie.
Ils étaient 382 220 en Auvergne-Rhône-Alpes et près de 5,628 millions en France métropolitaine.
Évolutions contrastées selon le sexe et l’âge
Si l’on regarde plus dans le détail, les chiffres révèlent que les femmes sont toujours les plus touchées : elles sont à la fois plus nombreuses à rechercher un emploi et la progression des demandeuses est plus rapide que celles des demandeurs (catégories A,B et C cumulées), comme l’illustrent les deux tableaux ci-dessous, extraits des communiqués Direccte-Pôle emploi.
En Savoie :
En Haute-Savoie :
Différences marquées aussi selon les bassins d’emploi
Les évolutions du chômage par bassin d’emploi montrent aussi d’importantes différences. Ainsi la vallée de l’Arve, très industrielle, voit son chômage (catégories A, B et C) reculer sur un an : -0,6%. Alors qu’il augmente dans tous les autres bassins d’emploi de Haute-Savoie : +2,6% sur Annecy, +3,3% dans le Chablais et +4,3% dans le Genevois.
En Savoie, la tendance est inverse. Deux bassins sur trois sont en baisse : -0,4% en Maurienne, -2,9% en Tarentaise. Et seul le bassin de Chambéry (mais qui est de loin le plus peuplé) est en hausse, à + 1,3%.
Les chômeurs de longue durée sont les plus touchés
Là encore les chiffres sont explicites : il est de plus en plus difficile de sortir du chômage pour celles et ceux qui y sont depuis longtemps.
Si le nombre de chômeurs inscrits depuis moins d’un an (catégories A,B et C) est en recul tendanciel en Savoie (+1,6% au deuxième trimestre 2018 mais -3% sur un an) et en Haute-Savoie (-0,2% au T2 et -2,2% sur un an) il en va tout autrement pour le nombre de demandeurs d’emplois inscrits depuis plus d’un an. En Savoie, ce nombre affiche une hausse de 1,8% au deuxième trimestre et de +6,2% sur un an. Et en Haute-Savoie c’est respectivement +1,3% (T2 2018) et +10,9% (un an).
Pourquoi y a t-il plus ou moins de chômeurs en Auvergne-Rhône-Alpes ?
Pourquoi 64 110 personnes sont-elles venues s’inscrire à Pôle Emploi en Auvergne-Rhône-Alpes au deuxième trimestre ?
Pour près de 30% c’est parce que leur contrat (15 540 personnes ; +1,4% sur un trimestre) ou leur mission d’intérim (4 780 ; +13,5%) a pris fin.
Pour 6% seulement il s’agit d’une première entrée sur le marché du travail (3 840 personnes ; +11,6%).
Les licenciements pèsent près de 9% des motifs d’inscription et augmentent d’environ 3% sur le trimestre. Et les ruptures conventionnelles, qui représentent 6,6% des inscriptions, diminuent de -0,7% sur le trimestre.
Il y a eu au deuxième trimestre 2018 en Auvergne-Rhône-Alpes deux fois plus de sorties de fichiers de Pôle Emploi
pour cause de radiation administrative (5 360) ou de défaut d’actualisation du dossier (27 110) que pour reprise d’emploi (15 440).
Il faut noter que les entrées dans les fichiers de Pôle Emploie consécutives à une démission affichent la plus forte hausse sur un trimestre : +13,5%. Certes c’est sur un nombre de cas relativement faible (2 400 personnes en moyenne au deuxième trimestre) mais cela laisse tout de même penser que les salariés ont une vision plutôt optimiste du marché du travail, car on démissionne rarement sans espoir de retrouver rapidement un emploi.
Enfin, pour près de 30% des inscriptions enregistrées à Pôle Emploi Auvergne-Rhône-Alpes au deuxième trimestre il est plus juste de parler de réinscription. Soit suite à une période d’inactivité type maladie, maternité, formation… (8 880 personnes ; +2,4% au T2 2018). Soit, plus souvent encore, suite à une sortie préalable des fichiers pour défaut d’actualisation du dossier ou radiation administrative notamment.
Il y a en effet eu au deuxième trimestre 2018 en Auvergne-Rhône-Alpes deux fois plus de sorties de fichiers de Pôle Emploi pour cause de radiation administrative (5 360) ou de défaut d’actualisation du dossier (27 110) que pour reprise d’emploi (15 440). Preuve que le chômage n’est pas près de disparaître rapidement, ces reprises d’emploi représentent moins d’un quart des sortie des fichiers de Pôle Emploi dans la région.
Note : mis à part les évolutions par bassins d’emploi (données brutes), tous les chiffres sont des données corrigées des variations saisonnières et des effets liés aux jours ouvrables (CVS-CJO).
Crédit photos : DR – Pôle Emploi
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